Faim

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Mon ventre gargouille et c'est un Nabil qui avait faim d'autre chose qui, alors que je cherche à sortir du lit, ne cesse de me retenir en venant m'embrasser ici dans le cou, ici sur l'épaule. C'est lui qui avait proposé d'aller manger mais le grand loup qu'il est a finalement bien du mal à se détacher de sa proie. Pour éteindre ses ardeurs et comme je vois ses yeux figés sur mon soutif, je m'empresse de remettre mon haut. Il fronce des sourcils et balance d'un air blasé :"T'es mieux sans".
- Même pour sortir? dis-je en riant légèrement.
- Nan, ça c'est chasse gardée, c'est qu'à moi.
Il saute du lit et tel le lion qui bondit dans l'arène, il vient me serrer contre lui. Un bout de tissu pour recouvrir mon gosier ne suffit pas à l'homme affamé. Je remonte mes mains sur son visage et l'embrasse tendrement sur la bouche, puis sur les joues, délicatement. Nabil me fait reculer jusqu'au bureau sur lequel il me fait m'asseoir. Il me sourit et lâche: "C'est dur de redescendre, tu réalises pas l'effet que tu me fais". Je ne sais pas si je dois répondre merci donc la meilleure des réponses est de le serrer dans mes bras. " On va manger, j'ai hyper faim" dis-je.
- J'ai HYYYYPER faim aussi, rétorque Nabil en riant.
On rit tous les deux, l'air un peu ebêté. Je descends du bureau non sans voir la frustration se dessiner sur son visage et je sens son regard sur mon corps alors que je vais vers la salle de bain. Une fois dedans, je l'entends me dire qu'il a réservé dans un restaurant ce soir à 21h30 et qu'on peut aller manger sur Oxford Street puis revenir se changer avant d'y aller. "Tu trouveras sûrement le produit pour les cheveux que tu voulais là, y a pleins de boutiques, des trucs de beauté" lance-t-il. Je trouve ça tellement mignon qu'il se soit souvenu d'un truc pareil car en général c'est le genre de choses qui passent à la trappe quand on en parle à un homme. "Ah cool! Ah oui oui! Il me le faut absolument ce produit!" répondis-je enjouée au possible.
- J'sais pas c'est quoi mais t'en as pas besoin, me complimente-t-il.
- T'es mignon, merci c'est gentil mais bientôt tu vas voir la grande arnaque que suis, dis-je tout en me remaquillant. D'ailleurs si tu veux voir une partie de l'arnaque, ça se passe ici, riai-je.
Il ne lui en fallait pas plus pour arriver dans la salle de bain, entourer ses bras autour de mon ventre et me dire:"Je t'ai déjà vu dans tous les états possibles: malade, pas maquillée, maquillée à fond, le maquillage qui a coulé, le maquillage normal, donc franchement il...".
- Maquillée à fond? Donc tu vois, c'est ça l'arnaque, dis-je un peu vexée au fond de moi.
- Non mais j'veux dire maquillage spéciale genre comme pour le mariage de Noria.
- Ah ok, répondis-je en lui souriant à travers le miroir.
- Et j'ai qu'une hâte, dit-il en m'entourant les épaules, c'est de te voir au réveil après une nuit dans mes bras, lâche-t-il avec un clin d'oeil et un baiser sur ma joue.
Sur ce, il quitte la salle de bain, me laissant seule avec un compliment et une panique que j'avais scotché au plafond quelques minutes auparavant, la laissant pour plus tard quand on regagnerait ce fichu super lit tard ce soir en rentrant.
Avec ce qu'il m'a dit, je comprends qu'il prévois qu'on passe à l'acte. Mais il ne m'a rien demandé à moi? Pourquoi il parle comme si c'était évident?

Je n'ai pas envie de lui en parler maintenant car je ne sais pas comment aborder le sujet et j'aurais peur d'être maladroite voire vexante. Il est préférable que je ne me remaquille pas parce que de toute façon, on reviendra se changer avant le resto tout à l'heure. J'enfile mes chaussures tout en disant à Nabil que je lui prépare l'arnaque du siècle pour ce soir. "Je demande qu'à voir" affirme-t-il en souriant. Nous sortons enfin de la chambre et je me sens à la fois lourde et légère à la fois. Légère car il n'y a pas de "risque" dehors, et lourde car nous allons bien rentrer à l'hôtel à un moment donné. Un geste de Nabil me sort de mes pensées. Il enroule son écharpe autour de mon cou tout en veillant bien à ce qu'on ne voit rien de ma poitrine. "Il a plu, tu vas attraper froid" dégaine-t-il d'un air sérieux. Je lui réponds par un sourire en coin. "Ben quoi? Ah tu crois que j'allais partager avec tout le monde?" dit-il en m'attirant vers lui par la taille. En voyant un couple marchant dans notre direction et sûrement vers l'ascenseur, il me repousse en murmurant :"Arrête de me coller". J'éclate de rire et lui rappelle:"Oui Mr qui a HYYYYPER faim".

Dans l'ascenseur nous croisons ENCORE Miss Univers. Décidément elle n'a pas autre chose à faire, comme faire rêver tous les hommes de la terre à part mon mec. Nabil ne lui jette pas un regard, mais deux. Des regards brefs comme ceux qu'on échange automatiquement avec des gens dans un ascenseur mais je suis contrariée. Une fois sortie de l'ascenseur je lui fais remarquer:"Jamais deux sans trois hein, vas-y regarde elle est devant nous tu peux en profiter" dis-je en riant pour masquer ma jalousie.
- T'es grave. Tu sais à quoi j'pensais? Ouais c'est une belle femme, oui c'est vrai mais elle a pas de seins, ça lui irait vraiment bien"
- Eh ça va, te gêne pas surtout lançais-je les sourcils froncés.
- Mais j'rigole, ah ma ptite Ness est jalouse?
- Jalouse de qui? De ça? dis-je en la pointant discrètement du doigt. Oui...oui totalement, lançai-je en éclatant de rire.
Nabil me dit que je suis dingue et une fois après avoir récupéré sa voiture, nous nous lançons dans le trafic londonien.

C'est bouché partout où Nabil s'engage et une grosse averse commence à arroser la City. Nabil me propose donc d'aller dans un petit resto pas loin de l'hôtel. Il regrette que je ne puisse aller sur Oxford Street pour mes achats mais me promets qu'on ira. Il se gare devant un restaurant japonais, je lui avais dit que j'avais faim de sushis. Le peu de mètres que nous faisons entre la voiture et la porte du restaurant n'empêche pas qu'une fois à l'intérieur nous soyons complètement trempés. La serveuse nous accueillant propose de prendre nos vestes et lorsque je retire l'écharpe de Nabil, à peine a-t-elle le dos tourné qu'il remonte mon haut discrètement. Je lui tape sur la main, il chuchote quelque chose d'inaudible. "Je t'entends pas, t'as dit quoi?" le provoquai-je en riant.
- Range tes bzez, largue-t-il assez fort pour que tout le restaurant entende.
Je me retourne vers lui choquée, honteuse. Je réprime un rire pour lui dire les dents serrés :"J'vais tellement te tuer!".
- Personne n'a rien compris chérie, oublie pas qu'on est en Angleterre, dit-il tout en s'installant à table.
J'éclate de rire. Ce mec est dingue. Et je crois bien que je suis dingue de lui. Plus le temps passe et plus j'ai envie d'en passer avec lui. Là tout de suite, rien ne compte si ce n'est mon plateau de sushis et les caresses de Nabil sur ma main sous la table, comme des collégiens en cachette, c'est tellement plus mimi.

Nos plats arrivent assez vite. "J'avais tellement faim!" dis-je.
- Moi aussi, lâche-t-il avec un clin d'œil. Tu m'as laissé sur ma faim.
- Arrête... dis-je doucement craignant que nos voisins de table nous entendent et en les lui montrant du regard.
- T'es tellement sexy quand t'es gênée, ça me donne encore plus faim
- Doucement... arrête! dis-je en fixant mes sushis
- T'inquiète, je garde ça pour après, fit-il d'un air taquin.

Voyant ma gêne s'amplifier, il arrête et me parle du restaurant où il a réservé me disant qu'il faudrait peut-être mieux reporter vu la pluie. Il m'explique que c'est un bel endroit avec une superbe terrasse et que du coup on ne pourrait pas en profiter. Il me laisse le choix, à moi de décider.

J'ai très envie d'y aller mais après avoir tous les deux vérifié la météo, on se dit qu'il est plus sage de reporter à demain soir, des jours ensoleillés devant arriver.

Après avoir mangé, ce n'est plus une averse mais un déluge. Les londoniens courent de part et d'autre pour rejoindre, voiture, taxi ou métro. Une fois dans la voiture de Nabil, nous sommes dégoulinant. Il met le chauffage et nous retirons nos vestes qui ne sont plus que des poids mouillés sur nos épaules. Je grelotte, Nabil me propose une veste restée à l'arrière de sa voiture. Il est beau dans la façon dont il me l'a pose sur mes épaules. À cet instant, je ressens un sentiment intense et l'envie d'être avec lui plus que tout. J'ai une nécessité pressante d'être dans ses bras. Je le regarde attentivement ce qui le fait marquer un temps d'arrêt." Ça va? On rentre à l'hôtel?" me demande-t-il en frottant ses mains pour les réchauffer.
- Oui, on va se réchauffer, dis-je en souriant d'un air rassurant.

PNL: Je n'attendais rien sauf le destinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant