Il est 23h. J'ai envie de rentrer chez moi et je m'en veux de ressentir ça. Je ne cherche pas à esquiver Nabil. Je suis simplement gênée et je ne veux pas qu'il s'en rende compte sinon quoi il va croire que je le rejette. C'est juste que là, je me sens dépassée par les événements. Tout se passait bien et puis l'hystérique est revenue créer des problèmes. Imaginer que Nabil puisse être lié à vie à cette fille si jamais elle attend vraiment un enfant de lui m'est insupportable. Cette idée m'effraie à tel point que pour éviter que mon visage ne me trahisse, je ne cesse de faire du rangement de manière frénétique dans la cuisine. Histoire de faire la fille occupée quand Nabil me rejoindra. J'aimerais être dans mon lit, seule et là je dois affronter le regard de Nabil dont j'entends les pas se rapprocher de la cuisine. Il arrive et me lance:« Ness c'est à quelle heure le mariage civil samedi ? ». Je ravale ce mélange de gêne, de peur et de colère et réponds en souriant: « C'est à 14h ».
- Ok merci. Mon frère voulait savoir. Mais tu fais quoi? Arrête de ranger, viens, dit Nabil en me retirant l'éponge que je maltraite depuis tout à l'heure.
- C'est rien, ça me dérange pas! J't'assure! répondis-je en me souvenant bien de ne pas craquer.
- Mais non, laisse ça. Viens on va se poser dans le salon, réplique-t-il en m'entraînant hors de la cuisine.
Je me laisse emporter comme on trimballerait une poupée de chiffon. Nabil ne semble pas remarquer le moins du monde que je suis lasse, comme un clown triste. Il faut dire que je prends sur moi. Je souris. Je force le trait. Je détesterai voir mon reflet dans un miroir tant je me sens hypocrite. Nous nous asseyons sur le canapé. Nabil relance le DVD que nous regardions en mangeant avant l'appel de Samia. Je n'ai plus faim. Lui oui et entre deux bouchées, il me fait tantôt un clin d'œil tantôt il me met un petit coup d'épaule en m'invitant à manger.
Je mange mon sushi comme je tente d'avaler la bombe de la soirée (la supposée grossesse de l'hystérique): avec difficulté et amertume. Nabil lui est beaucoup plus détendu que tout à l'heure. Je pense qu'il était plus mal quand au fait de me parler de cette histoire que de l'histoire en elle-même. Il ne croit pas en cette hypothétique grossesse mais moi oui. Et pourtant je n'étais pas là pendant leurs ébats dont la simple pensée m'écœure, mais j'y crois. Tout en faisant semblant de regarder la tv, je réfléchis à comment savoir si l'hystérique dit vrai. Car même si j'ai des doutes, je n'oublie pas le personnage. Je m'explique: cette fille est folle, elle serait capable d'être enceinte d'un autre homme et de mettre la paternité sur le dos de Nabil juste pour l'accrocher.
Je suis fatiguée et ce coup moral me fait me sentir lourde. Entre deux sourires je me lance à dire à Nabil: « Je vais devoir y aller. Ma petite sœur m'a dit que mon père cherchait après moi ». J'ai menti. Oui. Et je ne regrette pas car je préfère qu'on se quitte ce soir sur une bonne note plutôt que j'explose de colère ou en larmes. Je ne veux pas donner à l'hystérique l'occasion de nous faire nous disputer. N'oublions pas que cette grossesse n'est peut-être qu'un tissu de mensonges pour venir foutre la merde entre nous. Hystérique n'a pas de limites.
Nabil se redresse et me dit: « Déjà? Dommage mais j'comprends ». Il s'approche de moi et m'embrasse délicatement. Puis il enfouit sa tête dans mon cou tout en me serrant contre lui. Je pose mes mains sur sa tête. Mes doigts se baladent entre ses cheveux. Pendant quelques secondes j'oublie ce qui m'empêche d'être sereine mais ai du mal à masquer ma peine. Nabil relève sa tête. Il me dévisage comme s'il cherchait à résoudre une énigme. Il devine mes inquiétudes et d'un ton calme, il me dit: « Exploratrice...T'en fais pas. Tu verras, y aura rien. Cette meuf est déglinguée. Fais moi confiance j'ai pas merdé ». Mon cœur bat de plus en plus vite. Son assurance me réconforte et si je retiens mes larmes c'est que je n'oublie pas que tout à l'heure c'est lui qui était mal et que là il prend sur lui pour faire comme si tout était normal.
La seule chose que je trouve à rétorquer est: « Oui bien sûr je sais t'inquiète». Je sais quoi? Je sais rien du tout mais cette réponse semble suffire à Nabil qui me lance un grand sourire. Au fond de lui, il est tourmenté. Je le vois et ça, oui ça je le sais. Je me redresse, Nabil en fait tout autant. Je mets ma veste. Nabil me tend un pull car il pleut des cordes et là je pense au mariage de Noria samedi... « Tu me dis quand t'es chez toi, fais attention sur la route ». Nabil me sort de mes pensées. Un hochement de la tête accompagné d'un sourire pour réponse suffiront à m'empêcher d'exploser. Perturbée par toute cette histoire, j'en ai oublié de demander à Saliha si Fahim était parti ou pas. Je lui envoie un message auquel elle répond aussitôt : « Il va pas tarder là ». Je lui demande de me prévenir quand il sera parti, je ne veux pas le croiser. Je crois que je pourrais l'insulter. Je ferai un tour en attendant le message de Saliha.
Nabil m'agrippe par la taille. Il m'embrasse délicatement. Je suis crispée. Je sais qu'il le perçoit mais j'apprécie la délicatesse qu'il a de ne pas me le dire, se disant peut-être qu'il y a de quoi être tendue.
Il détache ses lèvres des miennes et là il se met à me chatouiller, ce qui me fait exploser de rire. Enfin, enfin la pression retombe un peu. On se perd tous les deux dans nos rires qui viennent tout adoucir. On se chatouille mutuellement et en voulant m'esquiver Nabil se cogne. Nous explosons de rire. C'est nul mais ça nous fait du bien. Nous en avons besoin. Nabil se rapproche de moi et me dit combien je suis belle quand je ris. Je souris et pose mes mains sur ses joues. Nous restons à nous fixer pendant de longues secondes. Ses mains montent et descendent dans mon dos comme pour me réchauffer. Je me sens protégée et prête à affronter la déferlante hystérique car mon petit doigt me dit qu'elle ne va pas tarder à réapparaître dans nos vies.
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PNL: Je n'attendais rien sauf le destin
FanficMoi, Nessma, 27 ans et une envie grandissante de dévorer le monde. "Le monde ou rien"... Je n'attendais rien de lui mais le destin en a décidé autrement. Une rencontre inattendue un dimanche matin et mon cœur se balade d'imprévus en imprévus...avec...