Dream

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Je regarde fixement Nabil. Bien évidemment je ne peux pas découcher. Mes parents me tueraient mais avant ça, ils s'inquiéteraient. « C'est pas l'envie qui manque tu sais » dis-je doucement.

- Mais tu peux pas, rétorque Nabil en soupirant.

Un simple sourire pour réponse, je ne sais pas quoi dire. La lune éclaire le visage de Nabil. J'aime cette lumière. Elle est apaisante, enveloppante. J'ai l'impression que le temps s'arrête, que je ne crains pas de rentrer tard chez moi, que la soirée sera sans fin, qu'on peut se regarder sans s'arrêter comme s'il n'y avait pas de demain. Je le vois déçu et lui lance: «T'es déçu...On passera plusieurs nuits ensemble à Londres...». Mon ton est gêné et ne semble pas convaincu. Nabil se redresse et s'adosse sur la tête de lit. Il me tient contre lui. Il caresse mes cheveux tout en les regardant. Je sens qu'il a quelque chose à me dire et je ne me trompe pas puisqu'il me dit: « Écoute Ness je sais pas comment, enfin comment c'était pour toi avec les mecs que t'as fréquenté. Tu vois ce que j'veux dire quoi ». Voyant sans doute aux expressions de mon visage qui se décompose, il enchaîne aussitôt :« Nan, nan, oublie ce que j'viens de dire Ness. Ce que j'veux dire c'est que t'inquiète pas. On prendra le temps, on prendra le temps pour nous deux. J'suis pas un sauvage».
La seule chose que j'arrive à marmonner est un «oui » à peine audible. Je ne sais pas si je dois lui dire qu'avec l'autre il ne s'est rien passé et avant lui encore moins. C'est surtout que j'ai honte. C'est la première fois qu'on aborde ce sujet. Et comme si je ne voulais pas me couvrir de ridicule le jour où Nabil se transformerait en loup, dans un mélange de fausse assurance et d'embarras je balance d'un ton franc: « Y avait rien ». Je ne dis rien de plus, pour moi c'est déjà assez explicite. Il devra se contenter de ça. Cette conversation me dérange et m'agace à la fois car cela me fait automatiquement repenser à ces fois où sous la colère l'autre m'insultait de fille de joie derrière mes principes de « sainte nitouche » je cite. Je sens mes traits se durcir. Nabil lui, laisse un sourire se dessiner sur son visage, me tire vers lui et me regarde sans cligner d'un œil. J'ai chaud comme quand on a honte. Il presse ses mains contre ma taille comme pour me sortir de mes pensées et me dit: « Tu boudes? ».

- Non pourquoi...répondis-je en m'asseyant à côté de lui.

- J'sais pas, ça a l'air de te soûler ce que j'te dis...et je pue? dit-il en écartant les bras pour montrer que je n'y suis plus.

- Mais nan pas du tout. Tu me soûles pas et c'est juste que...

- Que quoi? demande-t-il en fronçant légèrement les sourcils.

- Que tu risques d'être déçu sur ce sujet, c'est tout, dis-je en regardant mes mains.

- Ah...Ah ben là...lance Nabil en soupirant.

- Ben là quoi?

- Ben là j'vais devoir t'épouser. Pas le choix hein! ironise Nabil.

- Ah! Ah! Ah! Tu te moques hein! dis-je en le poussant.

Nabil rit. Il est beau comme un premier jour d'été quand il rit. Quand il rit, ses yeux rient aussi. Ses rides d'expression autour de ses yeux forment des petits rayons de soleil et mon cœur s'attendrit devant ces petites merveilles. Je souris. Il me chatouille, je ris à mon tour. Nabil me dit que je ris comme une souris, ce qui a le mérite de faire encore plus rire. Toutes les galères avec l'hystérique, tous les doutes, j'oublie tout. Je colle mon visage contre celui de Nabil. Je regarde la lune qui nous observe par la fenêtre. La teinte froide qu'elle donne au visage de Nabil me réchauffe pourtant le cœur. Ça me rappelle quand j'étais petite et que j'avais peur. Je regardais la lune tout en me blottissant dans les bras de ma mère et tout allait mieux. Ni moi ni Nabil me parlons, tous deux les yeux rivés sur la planète des amoureux. J'aimerais savoir à quoi il pense. Je  caresse ses cheveux et au bout de quelques minutes, il s'endort. Pour une fois que ce n'est pas moi. J'observe les détails de son visage. Je me sens bien, je n'ai aucune envie de rentrer chez moi. Et pourtant l'heure qui s'affiche sur mon portable me ramène à l'ordre. Il est l'heure de contacter Samia pour savoir où elle et les filles en sont. Elle ne tarde pas à me répondre pour me dire qu'elles vont prendre la route dans dix minutes et qu'elle me préviendra un peu avant d'arriver.

Je n'ai pas envie de réveiller Nabil, il a l'air si bien, si paisible. Le voir comme ça me donne envie de dormir aussi mais j'ai trop peur de ne pas sentir mon téléphone vibrer quand Samia me fera signe. Je détends mes jambes, je suis exténuée. Mes pieds me font payer les chaussures que je leur ai imposé lors du mariage. Je pense alors à Noria et son mari qui se sont envolés pour les Maldives direct après le mariage. La plage, le soleil. Tongs, robes et cocktails...J'en rêve. L'odeur du monoï , les joues rougies par le soleil, le bruit des vagues et les coquillages par centaines. Je fais ce que nous les filles faisons toutes, je me monte des films! Je nous imagine Nabil et moi nous baladant au soleil couchant. Certains diront ringard, moi je dis c'est mon scenar'! Loin de tout, du temps juste pour nous. J'imagine mes cheveux au vent, un parfum aux notes de fleur d'oranger et une robe dont le tissu est si léger qu'il n'abîme pas mes coups de soleil (car oui j'ai pris des coups de soleil). Nabil porte un polo blanc qui fait ressortir son bronzage que je lui jalouse. Il tient ma main dans la sienne comme si peut importait la pudeur, je suis sienne. Une légère brise caresse nos visages. Elle ne doit pas plaisir à la personne qui n'arrête pas d'appeler Nabil. C'est le troisième appel qui vient parasiter mes rêveries. Cela ne dérange pas Nabil qui dort à poings fermés. La personne insiste. Si c'était important? Si c'était son frère? Je ne vois pas le nom s'afficher sur l'écran, le portable est à l'envers. Je troque mon petit bout de plage pour la réalité. Le portable de Nabil ne cessant de sonner, je me résigne à le réveiller. Il s'étire comme un chat puis me dit: « Il est quelle heure? J'dors depuis longtemps? ».

- 23h10. Non à peine vingt minutes. Ton portable arrête pas de sonner, c'est pour ça que je t'ai réveillé, dis-je en lui montrant son téléphone du doigt.

Il décroche. C'est bien son frère. Je comprends aux réponses de Nabil qu'il doit partir à Londres demain matin. Et moi Samia m'indique par message qu'elle arrive dans dix minutes. Dix petites minutes pour se dire good bye my love.

PNL: Je n'attendais rien sauf le destinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant