Nabil est silencieux durant tout le trajet. Je n'ai jamais vu son visage autant fatigué. Et que dire de sa main et de son oeil droit qui est à moitié fermé. Qu'a-t-il bien pu se passer? Je ne veux pas le contrarier mais la situation m'échappe. Je passe ma main sur la sienne et me lance doucement:"Qu'est-ce qui s'est passé Nabil?"
- C'est rien mais bon je t'ai dit que j'te dirai. C'est juste un mec qui a voulu faire le balaise à un feu rouge. Il a collé ma voiture et voilà. Bref pas grand chose tu vois.
- Vous vous êtes battus pour ça?? dis-je d'un air étonné.
- Ouais. C'est rien. Toi ça va mieux?
- C'est pas rien...Regarde ton oeil...et ta main...
- C'est rien, dit-il en souriant.
Il me regarde et me fait un clin d'oeil tout en caressant ma main. Le trajet est court mais j'ai tout de même le temps de m'inquiéter. Je ne veux surtout pas croiser Saïd...Nabil se gare et je commence à regarder tout autour de moi comme un radar. Il me sent inquiète, il a retiré sa main de la mienne. Je ne vois personne. Il n'y a que quelques mètres entre le parking et l'entrée du bâtiment. Une fois à l'intérieur, nous attendons l'ascenseur et je ne suis pas sereine. J'ai tellement peur de croiser mon cousin ou un ou une amie de ma famille.
Nous arrivons devant la porte de l'appartement. Je me sens gênée. Nous entrons et je reste dans l'entrée. Nabil se retourne alors, souris et me dit:"Tu peux rester gênée mais assise dans le salon ça serait quand même un peu mieux". Je balbutie un "oui" avec un léger rire. Son salon est grand, la lumière tamisée. Nabil retire sa veste. Il se lave les mains dans la cuisine et, me trouvant toujours debout à l'entrée du salon, il me prends par la main et m'entraîne vers le canapé où nous nous asseyons.
"Mets toi à l'aise" me lance Nabil ce qui me bloque encore plus. Voyant ma réaction, il enchaîne directement tout en riant maladroitement :"Enfin je veux dire enlève ta veste, installe toi bien quoi". Je souris et retire ma veste. Il s'affale sur le canapé en laissant sa tête tomber en arrière puis au bout de quelques secondes, il se redresse lorsque je lui dis:"Je vais me laver les mains et te nettoyer tes éraflures". Nabil semble n'avoir pas du tout dormi de la nuit, il baille sans arrêt et s'excuse d'être ko.
"Ça va piquer un peu" dis-je à Nabil qui me fait à nouveau un clin d'oeil. Il ne bouge pas d'un cil. Lorsque je vois sa main abîmée, j'ai mal au coeur, et cela se voit sur mon visage. Lui me sourit mais se rend bien compte que je suis dégoûtée. Il me remercie et me demande si ça ne me dérange pas s'il fume un joint...? Un joint? Hein? Il me balance ça comme ça??? Si ça me dérange et carrément même! Je suis choquée et énervée.
- Je vais te laisser Nabil, c'est mieux, dis-je en me levant.
- Mais nan reste! Eh! Ness! dit-il en me rattrapant par le bras. Désolé j'pensais pas que ça te choquerait.
- Ça me choque pas, c'est pas mon monde c'est tout, dis-je d'un air froid et sec.
- Arrête stp Ness, reste. Je fumerai pas, oh Nessma? dit-il tout en me tirant par le bras pour me faire asseoir. J'suis désolé j'suis tellement ko, j'ai passé une sale journée, j'voulais juste me détendre. Reste.
- Tu me balances ça NORMAL comme si c'était normal pour toi de fumer ta merde devant moi? Tu me fais sortir de chez moi malade pour ça? dis-je énervée tout en retirant sa main de mon bras et en me levant. Lâche moi.
Je suis hors de moi et m'étant levée trop vite, j'ai la tête qui tourne, je titube et manque de tomber. Nabil me rattrape. Je ne voulais pas que cela arrive mais les larmes coulent sans que je ne puisse les contrôler. Je me sens mal. Je suis déçue, fatiguée, j'ai la tête pleine. J'ai envie d'être chez moi. Nabil m'entraîne vers le canapé. Il prend ma tête dans ses mains. "Pourquoi tu pleures? Ness, désolé c'est d'ma faute. Ness parle moi stp. Viens là" dit-il en me prenant contre son torse.
Je pleure sans m'arrêter. Nabil me serre contre lui et me chuchote à l'oreille:"Exploratrice...Désolé...Pleure plus stp. T'es avec moi, y a pas de mal".
Je reste contre lui, je n'ai la force de rien si ce n'est de me laisser faire. Son parfum me rassure et en même temps j'ai comme le sentiment d'avoir été dupée. Je ne suis pas une de ses petites groupies en recherche de sensations fortes. Vouloir fumer un joint devant moi c'était comme mettre une droite à mes valeurs et au respect qu'on se porte mutuellement. Je n'accepte pas. Et tant pis s'il me prend pour une fille rigide. Oui et puis?Je commence à avoir froid. Nabil dépose sur moi une petite couverture qu'il est allé chercher dans sa chambre sûrement car elle sent son odeur. J'ai la tête qui tourne encore. Le fait d'avoir pleuré n'a rien arrangé. Je me sens faible, faible. Nabil redresse mes jambes pour les allonger sur le canapé. Il s'allonge derrière moi et me serre dans ses bras. Je n'ai pas la possibilité d'être gênée, je suis trop éreintée pour ça. Sa main écorchée me caresse le visage. Dans le silence le plus total, Nabil vient me deposer un baiser sur la tempe. Cela me fait du bien mais je ne veux pas qu'il pense que je ne lui en veux plus. Car je lui en veux et pas qu'un peu. Je pensais qu'il était mâture et qu'il avait compris que le shit et tout ce tralala, c'était pas du tout des choses que je tolère.
Bien sûr je sais très bien ce qui se disait sur lui par le passé mais j'ai toujours entendu que c'était quelqu'un de respectueux. Samia était la première à me l'affirmer. C'est ma cousine, elle ne m'aurait jamais jeté dans la gueule du loup.
Nabil me caresse toujours le visage, il essuie mes larmes. Je me sens complètement décalée. On se connaît à peine et cette situation me gêne. Mais tout semble si naturel. Je sens mes paupières de plus en plus lourdes, j'ai peur de m'endormir. Je me redresse, Nabil fait de même. "Tu veux partir...?" me lance-t-il d'un air gêné.
- Oui silteplait, dis-je en détournant le regard.
- Ok. Je te ramène, dit-il calmement.
- Merci...
Une fois dans sa voiture, une question me revient. "Tu voulais me parler de quoi...?" dis-je doucement.
- Dis à ta copine de zapper son mec. C'est une arnaque. Il risque plus de tourner autour d'elle de toute façon, dit-il les sourcils froncés.
- Hein? Comment tu sais?
- Je t'ai déjà vu avec elle et lui je le connais.
D'un coup j'ai un déclic. Je lui lance:"C'est ça ton oeil et ta main???"
- S'il me dit encore ta meuf et sa copine c'est des putes, je l'éclate encore.
- Il t'a dit ça? Pourquoi ??? dis-je choquée.
- Sa femme vit près du resto où on avait pris à emporter. Il a dû nous voir. Bref pas d'inquiétude il ne parlera pas Nessma.
Je n'ai plus de mots! Le monde est trop petit!
VOUS LISEZ
PNL: Je n'attendais rien sauf le destin
Fiksi PenggemarMoi, Nessma, 27 ans et une envie grandissante de dévorer le monde. "Le monde ou rien"... Je n'attendais rien de lui mais le destin en a décidé autrement. Une rencontre inattendue un dimanche matin et mon cœur se balade d'imprévus en imprévus...avec...