Deux salles, deux ambiances

1.9K 114 4
                                    

Je pensais que Saliha avait grillé Nabil. Mais quand je lui demande: « Qui lui? », elle me décrit une toute autre personne: Fahim. Saliha explose de rire : « J'rigole ohhh! ». J'ai tout fait pour les esquiver lui et sa mère. Cette dernière est déjà sur un autre coup pour son fils, elle est en pleine discussion avec la voisine de ma tante qui a quatre filles. Fahim lui roule des mécaniques. Il se prend pour le roi du pétrole avec sa voiture dernier cri et son attitude hautaine. Elle est loin l'époque où c'était un mec simple qui aimait jouer à la Playstation. Je ne le reconnais pas ce soir. Il a toujours été dans la représentation mais c'était pas méchant, c'était même drôle. Mais là ce soir, on dirait qu'il a avalé un millions d'euros et qu'il nous prend de haut.

Pendant le repas, nous nous remémorons des souvenirs d'enfance avec les cousines. Fou rire quand une des cousines du Sud nous raconte une anecdote chez nos grands-parents l'été au pays. J'en pleurerais presque de rire. Sa façon de décrire la scène avec son accent ensoleillé et sa bonne humeur légendaire, nous fait tous rire aux éclats. Si bien que Saïd se retourne et mets son grain de sel: « Nan, nan Naima, t'as pas tout dit! J'étais là! C'est toi qui a planqué les pommes dans la gourde de Saliha! ». On part tous dans un fou rire interminable. Nos parents nous regardent, le sourire au lèvres, ma mère ajoute de la table où elle est assise, juste derrière  : « Nessma c'est elle qui a lavé les pommes! ». Les éclats de rire s'enchaînent. Nabil rit aussi. Le DJ voyant que nous nous amusons bien, s'approche vers nous avec sa derbouka et nous tire un par un vers la piste de danse. Samia, Naima et moi sommes les seules qui osons nous lever. Nous formons une ligne et avançons au rythme de la derbouka. Puis les gens commencent à se lever. Les mariés arrivent. Nous faisons une haie d'honneur. Il y a beaucoup de monde. Je sens une main qui me touche le dos. Je tourne ma tête. Chloé! La copine de Saliha et Farah dont la grande sœur est meilleure amie avec l'hystérique. Je lui fait la bise. Comme j'aimerais pouvoir lui demander si cette folle est enceinte! Mais bien évidemment, jamais je ne le ferai.

La fête est très belle. À l'image de Noria qui enchaîne les changements de robes. Je perds de vue Nabil qui semble être sorti de la salle depuis un moment. Peut-être est-il rentré? Je danse, je danse mais mes pieds me font de plus en plus mal. Je cherche Saliha pour l'envoyer à ma voiture chercher mes sandales mais elle danse avec mes parents. Je prends mon courage à deux mains et je vais à ma voiture, un châle sur les épaules. Je n'ai pas besoin de passer devant tous les hommes posés devant la salle car il n'y en a aucun! Il pleut légèrement donc tout le monde est rentré à l'intérieur. J'arrive à ma voiture en courant comme je peux, le châle sur les cheveux et savoure ce moment de délivrance quand j'enlève mes chaussures. Je m'apprête à mettre mes sandales quand je vois une silhouette marcher vers ma voiture. Je le reconnais directement et lui fais signe de monter, ce qu'il fait. Heureusement que ma voiture est embuée car elle peut cacher le geste spontané de Nabil qui m'attrape par la nuque et m'embrasse fougueusement. Je pose mes mains sur son visage. Nos lèvres se caressent tout comme nos mains dont les doigts s'entrelacent. J'ai très peur qu'on nous voit même si je suis garée à l'écart et qu'il commence à pleuvoir à torrent. J'ai l'impression d'être dans un film. Le baiser langoureux, la pluie, la robe de princesse...Si ce n'était pas aussi spontané je trouverais ça très cliché mais c'est sincère, c'est doux, c'est ce que l'on attendait depuis le début de soirée. Nabil se détache de mes lèvres et sens mon cou. Il reconnaît le parfum qu'il m'a offert et me chuchote:« Douce comme ta peau... ». Il dépose un bisou sur ma mâchoire. « Profond comme ton regard... ». Il me fixe. « Fruité comme tes lèvres... ». Il m'embrasse lentement. « Ensoleillé comme ton sourire... ». Il enveloppe mon visage de ses mains. Je suis sur une autre planète. Je flotte sous ses vers comme une muse avec son poète. Je souris et lui dit: « Merci... ». Je dessine le contour de son visage avec le bout de mes doigts. Il se mord la lèvre et ajoute: « T'es magnifique tu le sais ça? ».

- Merci...Ma robe te plaît...? lui demandais-je le rose aux joues.

- Beaucoup, elle est classe et...(il descends ses yeux sur ma poitrine) ça met très bien en avant tes atouts sans décolleté, lache-t-il en gardant son regard et sa tête baissés.

-Eh là! dis-je tout en remontant sa tête par le menton. Arrête...

- Ben quoi? C'est vrai ça te fait une très belle poitrine, j'peux pas le dire?

- Regarde moi dans les yeux! m'exclamais-je en écarquillant les yeux.

Nabil rit et me serre contre lui. Il remonte doucement sa main gauche sur ma poitrine. Je la lui bloque. Il me dit encore que je suis la police du câlin. Je réplique que c'est la police de la famille qui va nous surprendre si nous restons trop longtemps ici. Comme si les éléments s'étaient mis d'accord avec Nabil, il pleut de plus en plus. Il se régale de la situation: « T'es condamnée à rester ici avec moi. Allez bébé viens par là ». Il mime me toucher la poitrine. J'ai envie de le tuer. Il se paye ma tête en imitant ma réaction. Cela fait dix minutes que nous sommes là. Je mets mes chaussures et pose mon châle sur ma tête. Nous sortons de la voiture. Moi en direction de la salle et Nabil de sa voiture. L'ambiance dans la salle est au maximum. Personne n'a remarqué mon absence. Me sentent beaucoup mieux dans ces chaussures, je danse sans m'arrêter.

La soirée se déroule sans fausses notes. Saïd tire Nabil pour qu'il danse avec son frère. Les deux se lèvent timidement. Une ronde se forme. Nous passons danser chacun notre tour à l'intérieur. J'y danse avec Samia et Noria. Je suis déjà très émue et les larmes de Samia me font verser quelques larmes.

C'est un très beau mariage. Les lumières rosées qui illuminent la salle et les invités donnent une atmosphère douce et élégante. Le photographe nous attire vers un mur de fleurs pour que nous prenions des photos de groupe. Je ne sais comment, mais naturellement Nabil et moi nous retrouvons côte à côte. L'assistant du photographe nous les imprime. J'en prends deux: l'une sur laquelle nous sommes tous collés les uns aux autres. L'autre sur laquelle nous posons tous avec des accessoires. Samia porte un béret, Naima une moustache, Saliha une bouche qui tire la langue...Tout le monde joue le jeu. Je suis avec des lunettes en forme de cœur et Nabil avec un masque de Zorro. Nabil mon amoureux masqué. Quelle ironie du sort!

PNL: Je n'attendais rien sauf le destinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant