Qui a dit qu'il n'y avait rien à faire le dimanche?

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Dimanche matin: mon cocard est de plus en plus foncé. Je suis dégoutée. Je me lève et entend Saliha qui semble chercher quelque chose. Elle arrive dans ma chambre. Elle a perdu le ticket de caisse de la robe qu'elle a acheté pour le mariage et veut absolument la changer car une des cousines de nos cousines présente hier soir a pris la même et Saliha, bah ça ne lui plaît pas. Ma mère l'aide à chercher et le retrouve au grand soulagement de Saliha.

On ne chôme pas aujourd'hui non plus. On va chez ma tante. On prend les mêmes et on recommence. Certaines sont restées dormir ici. Les gâteaux fait la veille doivent être mis dans des petites caissettes, puis dans les boîtes pour chaque invité. Je passe mon temps à rire avec Fatiha, une voisine de ma cousine. Elle est drôle et met l'ambiance partout où elle passe. Samia me demande discrètement si je sors toujours ce soir avec Nabil. Je le lui confirme.

Après m'être désintoxiqué du sucre juste en manipulant tous ces gâteaux, je prétexte un truc bidon pour rentrer me changer. Mon père n'est pas là. Il est sorti avec le père de Samia. De toute façon, je ne comptais pas m'apprêter plus que ça. Je me douche, sèche mes cheveux, et n'écoute pas le médecin puisque je mets un peu d'anticernes. Le mascara que j'ajoute est un mascara spécifique bio pour les yeux sensibles que Fati m'avait donné à la pharmacie. J'ai été bien contente de le retrouver. Moi qui le boudait, on va voir s'il est efficace. Je sauve les meubles comme je peux avec un peu de Terracota et de blush. Ça me donne moins l'aspect flippant que j'ai avec le cocard. Je mets une robe couleur kaki, simple mais jolie, des sandales en cuir marron et des créoles dorées très fines.

Une fois dans ma voiture, je mise tout sur mon rouge à lèvres pour détourner l'attention de mon oeil. Je préviens Samia que je pars et elle me dit que presque tout le monde est parti. Problème si mon père monte chez elle et ne me voit pas...Samia me dit qu'elle dira que je suis allée nous chercher à manger. Scénariste cette fille.

Nabil m'a donné rdv au studio pour que je laisse ma voiture là-bas. Avec toute la famille présente partout pour les préparatifs je ne voulais pas qu'il passe me chercher. Je me gare. Il n'est pas encore là ce qui m'étonne car il est toujours à l'heure. Je l'appelle, il me dit arriver.

Quelques minutes après Nabil est là. Je monte dans sa voiture. Il s'excuse de son retard, me dit que c'est parce qu'il a vu Mouss et m'explique:"La ouf, c'est la petite soeur d'un collègue de Mouss, c'est pour ça qu'elle l'écoute. Il l'a menacé de la balancer à son frère. Bref elle a chialé, supplié Mouss de rien dire. Elle sait comment c'est chez moi parce qu'elle est venue sonner un jour où j'étais pas là. Mon frangin lui avait ouvert. Voilà tu sais tout"

- Et ben. On est débarrassé de cette conne alors? dis-je avec étonnement.

- Ça c'est clair. Écoute si c'était un mec je lui aurais balancé mon poing dans la gueule mais c'est une meuf. Elle est perdue. Mouss lui a fait regretter ce qu'elle t'a fait.

- Tu la défendrais presque...dis-je doucement.

- Pas du tout. Au contraire. J'ai la rage de pouvoir rien faire donc j't'explique Ness, dit-il en prenant ma main.

- Faut pas que je la recroise, regarde ma tête et le mariage de Noria samedi prochain pfff...

- T'es belle, même avec un cocard t'es belle. Si c'est pas du compliment ça, dit-il en riant.

Je ris avec lui et nous voilà partis. Même si je n'ai jamais eu peur de l'hystérique, je suis soulagée que tout soit réglé. Je suis frustrée de m'être faite frapper gratuitement mais bon ça passera. Elle, elle est coincée avec cette épée de Damoclès au dessus de la tête. Mouss qui sait tout, peut la balancer si elle dérape encore.

Nabil est très beau. Il porte un pull léger gris. Ses cheveux sont tirés en arrière et attachés en un chignon dont aucune mèche ne dépasse. Il sent bon. Son parfum me rassure. Il passe sa main sur mon genou sans rien dire. Je pose la mienne par dessus. Je ne sais pas où l'on va et Nabil me dit:"Tu verras attends".

Nous arrivons sur Paris. Nabil se gare dans un parking sous-terrain. J'agrippe son bras et le suis. J'ai hâte de savoir où nous allons. Il est si mystérieux.

J'aurais aimé que cette scène se passe quelques jours auparavant, que je n'ai pas un cocard en guise de maquillage et que je sois plus apprêtée. L'endroit où nous entrons est un magnifique restaurant où j'ai tout de suite l'impression de faire tâche. Je n'aurais sans doute pas eu ce sentiment si j'avais été perchée sur des talons comme ceux de l'hôtesse qui nous accueille et demande à quel nom nous avons réservé. Elle nous installe ensuite à une table offrant une vue splendide sur les toits de Paris. L'atmosphère de cet endroit est magique et c'est dans doute dû à la décoration très raffinée et au groupe de jazz et sa chanteuse qui occupent le centre du restaurant.

Nabil me tire ma chaise tel un gentleman. Je lui souris. Il s'asseoit et me lance:"Ça te plait?"

- Oui bien sûr! C'est superbe! dis-je en lui caressant la main. Dommage que j'ai l'air d'une bagarreuse, dis-je gênée.

- C'est rien ça, t'es magnifique, dit Nabil en me caressant la joue.

Je suis étonnée de le voir aussi tactile en public. Il me dévore du regard et j'en fais tout autant avec qu'on ne vienne prendre notre commande. Il n'y a principalement que des couples et tous ont l'air autant amoureux les uns que les autres. Je n'arrive pas à me défaire de ce qui me trotte dans la tête: tout le monde doit penser que c'est Nabil qui m'a frappé. Forcément, même moi de l'extérieur je me poserais la question.

La nourriture est excellente. Il n'aurait pas pu en être autrement. Nabil et moi discutons de tout et de rien mais surtout il me dit à quel point il me trouve "craquante". La manière dont il se mord la lèvre en me regardant avec insistance me fait fondre comme neige au soleil. La chanteuse reprend une chanson de Withney Houston que j'aime énormément "Saving all my love". Le saxophoniste du groupe le remarque, s'approche de moi et se lance dans solo qui me met des frissons. Nabil me regarde amusé, il sourit. J'ai l'impression d'être dans un film!

PNL: Je n'attendais rien sauf le destinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant