PNL: Je n'attendais rien sauf le destin

Mi casa es tu casa

- Pourquoi 14h précisément? demande Nabil intrigué.

Je ne sais pas comment lui apporter le dossier Fahim. C'est délicat. En même temps je n'y suis pour rien moi...Il est tard, j'ai du mal à rassembler mes pensées. Je lui dis:"Je t'expliquerai demain ok?".

- Pourquoi tu veux pas me dire maintenant?

- En gros je peux pas rester chez moi...C'est un peu long, il est tard et j'dois me lever tôt mais t'inquiètes demain je te dirai, dis-je calmement pour ne pas qu'il s'imagine quelque chose de grave.

- Ok donc en fait tu veux pas me voir, tu veux juste où te planquer? lâche Nabil d'un air sec.

- Mais non pourquoi tu dis ça? Je veux te voir sinon il suffirait que j'sorte faire un tour et c'est réglé, dis-je vexée.

- Je serai là vers 20h demain. Mais j'te passe ma clé avant de bouger.

- Nan c'est bon merci, dis-je d'une manière à la fois gênée et énervée.

- Bah pourquoi? J'vais pas te laisser dehors n'importe quoi. J'passerai te déposer la clé avant midi.

- Non Nabil c'est gentil mais c'est bon. Je serai pas à la rue ça va merci, repondis-je contrariée.

- Ok donc tu fais la gueule là? Tu vas reluquer des mecs à poils toute la soirée et c'est toi qui boude?

Je prends ce qu'il vient de dire comme une gifle en plein visage. Je ne l'avais pas vu venir. Je suis dégoutée. Je me retiens de pleurer ou m'énerver, je n'en ai pas la force et lâche:"Ok Nabil j'vais te laisser je me lève très tôt demain".

- Ok salut, dit-il d'un ton froid.

- Salut, dis-je du bout des lèvres.

Je ne comprends pas ce qu'il vient de se passer. De toute évidence c'est le coup des stripteaseur qui l'a enervé mais lui-même l'a dit, c'était un enterrement de vie de jeune fille...Je suis blessée par le fait qu'il pense que je voulais profiter de lui. Je m'endors le coeur lourd, sans message de Nabil, qui ne semble pas regretter ses mots. C'est la première fois que je vais dormir en étant fâchée avec lui.

Je me réveille à deux reprises dans la nuit. La première fois car la personne "masquée" a décidé de m'emmerder une fois encore. Je mets donc mon téléphone sur silencieux. La seconde fois, c'est un cauchemar qui me sort de mon sommeil. Les deux fois j'ai vérifié si Nabil m'avait envoyé un message...mais rien.

Après cette nuit agitée, je me force à avoir la pêche pour le travail. Yohan a apporté des viennoiseries. Il est toujours d'un naturel joyeux mais aujourd'hui plus que d'habitude. Malgré que son enthousiasme soit contagieux, je n'arrive pas à ne pas être "tristoune" comme il le dit. Je lui dis que c'est juste de la fatigue après la folle soirée de la veille.

Alors que je m'occupe d'un client, je vois Nabil arriver! J'essaye de ne pas me déconcentrer et continue avec le client. Ce dernier part en me souhaitant un bon rétablissement pour mon oeil. Nabil s'approche et me dit d'un ton ennuyé :"Ça va?".

- Oui et toi? dis-je embarrassée.

- Ca va. Tiens.

Il me tend un petit trousseau de trois clés. Les clés de chez lui. Je ne veux pas les accepter et les lui rend en disant doucement:"Nan merci Nabil ça ira".

- Tiens, j'ai que ce trousseau mon frère est pas là, j'serai là à 20h, reponds-t-il en mettant les clés dans la main.

- Mais...

- J'rentre à 20h Ness, à ce soir, fais comme chez toi, dit-il en lâchant un léger sourire.

- À ce soir...

Je suis gênée. Je range les clés dans la poche de ma blouse et il ne faut pas plus de cinq secondes pour que Yohan arrive à la pêche aux infos. Les yeux ecarquillés, la main sur la hanche et l'autre sur la bouche, il commence son interrogatoire:"C'est qui ce beau gosse???".

- Un pote, dis-je en rangeant les documents devant moi.

- Un pote? Ami? Friend? s'exclame Yohan en appuyant sur chaque mot. Tu te fous de moi? J'ai bien vu comme il te regardait dans ta blouse de coquine!

- Hein??? On a tous la même blouse, TU as la meme blouse que moi! repondis-je en tapant Yohan sur le bras.

- Justement! Bref tu l'as trouvé où lui il est canon!

- Arrête! dis-je en le poussant alors qu'il me bloque l'accès à un tiroir en reserve.

Contre toute attente, Fati arrive dans la réserve et lance:"Elle a raison, arrête. On la cuisinera plus tard sur ce bel enfant!". J'explose de rire. Ils sont bien décidés à ne pas me lâcher.

C'est ce qu'ils font lors du déjeuner. Enfin Yohan. De son âge en passant par son travail, où il vit, où je l'ai rencontré, il veut tout savoir. Fati elle veut juste s'assurer que c'est un type bien. Je ne rassasie pas la curiosité de Yohan car je reste evasive, disant juste que c'est l'ami d'un ami, qu'il a cinq ans de plus que moi et qu'il est très gentil. À la fin du repas, alors que Yohan est aux toilettes, elle me dit:"Ma chérie il est gentil avec toi hein?".

- C'est pas lui mon visage t'inquiètes pas, dis-je en lui caressant la main. C'est son ex. Yohan arrive je te raconterai lundi.

De retour au travail, il me reste une heure à tuer. C'est avec grand étonnement que nous voyons que la stagiaire a rangé toutes les  commandes reçues dans la reserve et en rayon et sorti les cartons. Elle a été très efficace depuis hier. Elle l'est toujours plus lorsque Sarah n'est pas là. Je me retrouve donc en reserve avec Fati qui s'occupe de moi. J'adore. Elle me désinfecte ma cicatrice, me met de la pommade, me pose un pansement et me dit de partir. Je l'embrasse et dit aurevoir à Yohan.

J'arrive en bas de chez Nabil. Je regarde partout autour de moi avant de descendre de la voiture. Personne. Je monte et mon coeur bat vite lorsque je passe la clé dans la serrure. Une fois dedans, je souffle de soulagement. Ça me fait bizarre d'être chez lui seule...Autant me rendre utile, je fais le lit dans sa chambre, lave le peu de vaisselle dans l'évier. J'aère le salon car même s'il fume au balcon, je sens une odeur de cigarette.
Je retourne dans sa chambre, une chose me saute aux yeux: le cadre photo n'est plus là. Bizarre. Je m'allonge sur le lit et sans m'en rendre compte, je succombe au sommeil mais je ne tarde pas à être réveillée par un bruit. La porte s'ouvre. Nabil n'a pas les clés. Panique.