Pas de problèmes, que des solutions?

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Je conduis en écoutant de la musique assez fort, comme si cela me permettait d'assourdir toutes ces questions qui résonnent dans ma tête. Saliha me dit par message que Fahim est parti. Super je n'ai qu'une hâte c'est de me laisser m'enfoncer dans mon lit sous ma couette moelleuse. Il pleut à torrent et comme par hasard je ne trouve pas de place près de l'entrée sur mon parking. J'arrive dans mon hall rincée par la pluie. Le pull de Nabil me tient bien chaud et il sent tellement bon. Son odeur me rassure.

Mon père me voyant rentrer trempée jusqu'au os et tremblotante, me dit d'aller vite me sécher, ce que je m'empresse de faire sans même l'interroger quand au dossier Fahim. J'ai trop froid et l'esprit déjà préoccupé par autre chose. J'entre dans la salle de bain. J'envoie un message à Nabil qui comme d'habitude m'a demandé de le prévenir une fois arrivée chez moi. En me démaquillant, j'examine mon coquard. Pfff que dire...? J'irai acheter le correcteur dont on m'a parlé demain et puis...c'est tout...Je m'empresse de prendre une douche chaude et après avoir enfilé mon pyjama, je me glisse sous ma couette et pose le pull de Nabil sous ma joue. Comme une peluche. Comme un doudou. Comme un bout de Nabil qui me suit partout. Je reçois un message: « Désolé exploratrice. On oubliera tout ça. Fais moi confiance. J'passe te prendre pour 10h demain». J'aimerais Nabil, j'aimerais...Je lui réponds : « InchALLAH. Tout ira au mieux. Repose toi explorateur. Je tiens plus je vais dodo. On peut se rejoindre quelque part? En matinée j'ai peur qu'on nous voit... ». Nous nous donnons alors rdv au parking du studio.

Je fixe mon plafond comme s'il allait me donner les réponses à mes questions. L'hystérique est-elle vraiment enceinte? Comment le savoir...? La seule solution serait de passer par Mouss pour qu'il lui mette la pression et qu'elle avoue mais nous en avons parlé avec Nabil, il ne veut pas qu'il soit au courant...On est donc bloqué. Moi qui était si contente et joyeuse quand au mariage de Noria qui approche à grand pas, j'en oublierais presque que c'est après-demain. Samia m'a proposé de me faire coiffer avec ses sœurs mais j'ai déjà pris rdv chez une ancienne voisine qui reçoit chez elle. Je ne me sens pas d'humeur à être dans toute l'euphorie du jour J. Je suis soucieuse et je ne veux pas leur gâcher ces moments. Je me sens comme dans une bulle dans laquelle les doutes sont mon unique compagnie. C'est dans cette ambiance lourde que je finis par me dire que demain est un autre jour et surtout que demain, j'ai beaucoup de choses à faire. Je dois me reposer. Je m'endors, le pull de Nabil sous la joue, la tête contre une montagne de questions. J'essaye tant bien que mal d'y mettre un point mais l'infernal tourbillon de l'insomnie me fait faire une chose a éviter dans ce genre de moment : me noyer dans les meandres des recherches nocturnes sur internet. Tout y passe, tous sujets, toutes interrogations. Je me retrouve à taper « comment savoir si ex de mon copain enceinte ». Tonton Google me déballe une pléthore de forums dans lesquels d'autres personnes autant flippées que moi ont déversé leur flot de témoignages et d'inquiétudes. Entre les conseils aussi farfelus les uns que les autres et l'angoisse qui monte de plus en plus, j'en viens à la conclusion suivante: Mouss est ma seule solution. Nabil n'était pas pour, mais j'en viens à me dire que moi je m'en fiche un peu, que moi je suis complètement pour et qu'au moins on sera fixé. J'essayerai de le convaincre demain matin, ou plutôt je ne lui laisserai pas le choix. Je ne mérite pas ce stress, j'y suis pour rien moi et vu ce que l'hystérique m'a fait, il n'est pas en position de refuser. Et c'est avec cette perspective de dénouement que je m'endors mi-soulagée, mi-saoulée.

Ma nuit est agitée. Je me réveille pas moins de trois fois et à chaque fois, toujours ce même réflexe: je consulte mon portable comme si je l'avais entendu sonner. Je ne saurais même pas dire pourquoi. Je n'attendais pas de messages de Nabil, on s'était dit bonne nuit. Peut-être espérais-je l'arrivée d'un texto qui sonnerait le glas de la délivrance de ce sac de noeud psychologique. À un tel point que j'ai rêvé que Linda m'appelait pour me dire que l'hystérique n'était pas enceinte car en allant récupérer les résultats de sa prise de sang, ces derniers avaient été intervertis avec ceux de la supposée future maman. Ça semblait tellement réel qu'à mon réveil j'ai vérifié si ce texto salvateur existait vraiment. Bien sûr, ce n'était qu'un rêve.

Ma douche me fait du bien et me pousse à positiver. Allez, l'hystérique ment sûrement, prépare toi et profite de ta journée. J'envoie un message à Nabil pour être sûre qu'il s'est bien réveillé. Il ne me répond toujours pas au bout de 20 minutes, 30 minutes...ce qui me fait penser qu'il dort encore. Ça m'agace un peu car c'est lui qui voulait que je l'accompagne. Toujours aucune nouvelle et il est 9h20. En soit, il n'y a rien de grave, on s'est donné rdv au studio directement mais ça ne lui ressemble pas du tout de ne pas me faire signe alors qu'on doit se voir. Donc je sens la galère... Je suis irritée. Avec tout cet enchaînement de problèmes, il pourrait au moins éviter de me mettre un plan. Je n'ai pas envie que ce soit la goutte d'eau qui fasse déborder le vase. Bon, je prends ma veste et sors comme si j'étais certaine de le trouver au point de rdv.

Durant le chemin, j'écoute la fameuse chanson de Jacques Brel et je n'ai qu'une envie: pleurer. C'est un duel de sentiments très lourd ms que je ressens. Je suis très attachée à Nabil, je ne veux pas le perdre. C'est fou, en si peu de temps on s'est tant rapproché. Comme si on se connaissait depuis des années, on est devenu si vite important dans la vie l'un de l'autre. Et à contrario, le doute vient plomber l'aisance qu'il y a entre nous. Comment être sûre de notre relation, comment y croire complètement? En lui, je crois. Mais pas en l'hystérique. Si elle est enceinte de lui, notre couple va subir un véritable tsunami. Comme j'aimerais être une petite souris pour savoir le vrai du faux dans ce que cette fille dit.

J'approche du studio. Je suis tout de suite rassurée: la voiture de Nabil est là. Je me gare à côté de lui. Il me lance un sourire qui, mon Dieu, me donne envie d'exploser en sanglots car pour la première fois il me fait souffrir. C'est très difficile à expliquer. Je devrais être bien et sourire aussi. Mais j'ai peur. Peur de la suite. Entre lui et moi. Et l'hystérique.

PNL: Je n'attendais rien sauf le destinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant