PNL: Je n'attendais rien sauf le destin

Tonnerre

On dit « être sur un petit nuage », moi je suis sur un arc-en-ciel. Un arc-en-ciel sur lequel je glisse comme sur un toboggan pour rejoindre Samia à sa voiture. Mais arrivée dans le hall, j'atterris à nouveau sur la planète terre. Il fait super froid et il pleut à torrent. Je n'avais même pas fait attention quand j'étais avec Nabil. Je cours jusqu'à la portière et m'engouffre dans la voiture. Samia est encore plus enrhumée que moi. Elle a de tous petits yeux, tousse et parle du nez. Elle me dit que Saliha et Farah sont déjà arrivées et qu'elle a demandé à Saliha de dire à mes parents que j'étais avec elle. Entre deux bâillements, Samia me demande si tout s'est bien passé. Je lui dis que oui, bien évidement sans entrer dans les détails. Juste l'histoire du chargeur que son frère lui a pris. « Parano! J't'avais dit! » lâche-t-elle non sans tousser. Je souris et lui demande où sont les cousines du Sud. Elle m'explique qu'elles sont rentrées avec Saliha et les deux autres à qui Noria avait laissé sa voiture, sont en route, problème de GPS.

Alors que nous arrivons en bas de chez moi, Samia coupe le moteur.  Cela m'étonne car il est tard et elle est malade. Elle a forcément quelque chose d'important à me dire. Je pense directement à Réda le traiteur et la devance: « Dis-moi tout! Vous vous revoyez quand? ».

- Réda? Ah oui, oui, on se voit mardi soir, me réponds-t-elle avec un sourire léger et d'un air gêné.

- Qu'est-ce qu'il y a? Y a quelque chose qui va pas? Tu fais une tête bizarre, tu m'fais peur!

- Non n'aies pas peur, ça va, ça va. Rien de grave, souffle-t-elle toujours autant gênée.

- Dis-moi Sam alors, dis-je en lui touchant la main.

- Tu sais cette après-midi, la copine de Farah est venue à la maison...

Je vois tout de suite à quoi elle veut en venir et je sens que je glisse tout doucement de mon arc-en-ciel. Mon coeur bat de plus en plus vite. Mon sourire tombe. J'appréhende ce que je vais entendre. Samia n'ose même pas me regarder dans les yeux. Je l'interpelle: « Samia...Dis-moi ».

- Après voilà, il n'y a rien de sûr, on sait pas! C'est peut-être qu'un tissu de mensonges et...

- Samia, dis-moi stp tu me fais peur, la coupai-je.

- Chloé est venue voir Farah et de fil en aiguilles, je sais même pas comment elles en sont venues à parler de ça mais elle a dit que la meilleure amie de sa sœur qui avait un salon d'esthétique était enceinte

Samia me regarde enfin et pose sa main sur la mienne. Elle enchaîne sans même que je n'ai le temps de dire un mot: "Ma chérie, on n'est sûr de rien. Ca se trouve elle parlait d'une autre copine à sa sœur!".

Je n'arrive même pas à réagir. C'est un coup de tonnerre. Je suis bouche bée et pourtant à cet instant précis, je n'ai qu'une envie c'est d'hurler. Tout se bouscule dans ma tête. J'étais il y a quelques minutes encore sur un nuage et en une phrase, le tonnerre: l'hystérique est enceinte. J'ai mal au cur comme si on m'y avait mis un coup. Samia continue :"Comme je t'ai dit on n'est pas certaine que ce soit elle! Et puis même si c'est elle, qu'est ce qui prouve que c'est Nabil le père? T'as vu le genre de fille que c'est! J'ai pas voulu te le dire tout à l'heure parce que tu étais déjà mal parce que t'avais pas de nouvelles de Nabil, ne m'en veux pas! Et j'y crois pas moi ma Ness, j'y crois pas du tout!".

- Je t'en veux pas, dis-je doucement tout en serrant sa main que je regarde l'air défait.

Une larme perle sur ma joue. Samia me serre dans ses bras et me promets que nous trouverons le fin mot de cette histoire et que cela se terminera en "happy end". J'ai envie d'y croire mais là tout de suite, je suis estomaquée. Je me sens mal, j'ai presque envie de vomir. Et Nabil qui part pour Londres demain. Samia me conseille d'attendre demain pour lui en parler, elle craint qu'il pète un plomb tout seul ou bien qu'il la contacte et que cela parte en embrouille générale. Elle n'a pas tort. Je ne veux pas qu'elle se pointe demain au travail. Je vais devoir garder ça pour moi. C'est lourd et ça me bouffe. Samia me propose de dormir chez elle mais je préfère qu'elle vienne. Je n'ai pas envie que ses parents me voient mal. Je n'ai pas la force de faire semblant. Elle vient donc avec moi, cela me rassure. Je me sens moins seule dans ma galère.

Dans l'ascenseur, Samia me dit qu'elle trouvera une solution et se souvient de Mouss qui est ami avec le grand frère de l'hystérique. Elle me dit enjouée:"C'est ça la solution! Elle sera obligée de dire la vérité s'il lui parle".

- Nabil veut pas qu'il sache. Ca le gêne et c'est vrai que c'est assez gênant quoi...répondis-je toujours aussi doucement.

- Je comprends mais bon ils sont adultes. Il lui dit que l'autre tarée invente des trucs et voilà, il faut pas chercher compliqué quand pn peut faire simple. On est plus des gosses, son pote dira rien, c'est son pote. C'est pas comme s'il demandait ça à un inconnu. Ma Ness on a tous des galères, y a pas de honte, lance Samia qui relativise tellement qu'elle me rassure.

- T'as raison, dis-je en sortant de l'ascenseur.

Mes parents qui sont presque endormis devant la télévision saluent Samia et nous allons directement dans ma chambre. Après une séance démaquillage durant laquelle Samia tente de me faire rire pour me faire oublier cette épée de Damoclès au-dessus de ma tête, je pense à Nabil et me dit que quand il saura tout ça, je n'imagine même pas le poids qu'il ressentira lui au-dessus de sa propre tête. Samia me dit que tout s'arrangera, que "ça pue à des kilomètres l'ex encore amoureuse". Et là, elle me dit une chose à laquelle je n'avais pas du tout pensé: "Pourquoi elle t'a pas dit qu'elle était enceinte les deux fois où elle t'a vu? C'était y a pas longtemps et ça aurait été l'occasion parfaite pour elle de te séparer de lui. Elle avait pas de ventre, je veux pas de détails et excuse moi, mais il l'a vu la dernière fois il y a 4 mois tu m'as dit? Ma Ness, dort tranquille ma puce, c'est une merdeuse". Ces mots m'ont fait un bien fou! J'ai tellement été chamboulée par les évènements indésirables qu'on été les deux "rencontres" avec l'hystérique que je n'avais pas eu cette réflexion. Je me sens un peu plus légère. Samia m'embrasse d'un long bisou sur la joue et me serre fort dans ses bras avant de me dire: "Et maintenant dodo, laisse-moi rêver de mon traiteur et zappe cette hystérique de ta tête". Nous rions et Samia ne tarde pas à s'endormir.

Malgré ses propos qui sont tout à fait logiques, après avoir éteint la lumière et une fois dans le noir, je me sens mal. Je ne sais plus quoi penser, je suis plongée dans le doute, j'ai peur. Je ressens le besoin d'être avec lui. J'aimerais qu'il soit là et qu'il me rassure. Je pose sa veste sous ma joue pour retrouver son odeur mais elle ne suffit pas à éloigner de mes pensées toutes ces craintes. Nabil, finalement comme j'aimerais partir avec toi demain.