Âmes Liées

Chapitre 2 : Les Chasseurs

Elena se tenait devant une porte délabrée en métal presque rouillée, cachée derrière une nuée de feuilles et placée en bord d'une route mal éclairée. Son anxiété rejaillissait dans tous ses membres mais elle fit en sorte de garder son calme : certes, cet endroit était effrayant et peu chaleureux. Mais son intuition ne lui faisait jamais, au grand jamais défaut et elle se sentait la nécessité d'être ici. Les Winchester étaient là, elle en était certaine.

Le bâtiment devant lequel elle se tenait semblait presque vivant, ses murs chargés d'histoires, de luttes, de sacrifices. L'odeur du cuir et du métal l'enveloppait, une odeur familière, comme un vestige de son propre passé. Elle inspira profondément, tentant de calmer ses nerfs. Sa mission était cruciale, mais l'angoisse menaçait de l'emporter. Malgré les années, elle ne s'y était jamais vraiment faite.

Elle frappa à la porte, le bruit résonnant dans la nuit douloureusement calme. Quelques instants plus tard la porte s'ouvrit dans un grincement, révélant un homme très grand, aux cheveux bruns tombant contre sa nuque et aux yeux hagards. Son regard, d'abord perplexe, se transforma rapidement en méfiance. Grand et imposant, il avait néanmoins une aura protectrice, créant un équilibre parfait de force et de bienveillance.

« Sam Winchester, » murmura-t-elle, se forçant à rester calme malgré la tension palpable.

« Qui es-tu ? » demanda-t-il, un sourcil levé, l'analysant comme une menace potentielle.

Elle inspira profondément, sentant l'appréhension peser sur ses épaules. « Je m'appelle Elena. J'ai besoin de vous parler, à Dean et toi. »

Sam plissa les lèvres, toujours méfiant, et plus encore après que la jeune femme ait prononcé le nom de son frère. « Parler de quoi ? »

« Je t'en prie, laisse-moi entrer et je t'expliquerai tout. »

« Attend là, » répliqua-t-il, refermant la porte un instant. Elle entendit des bruits de verre, puis la porte s'ouvrit à nouveau, et Sam jeta un liquide transparent sur elle. Surprise, elle plissa les sourcils.

« Tu m'as prise pour un démon ? »

« Comment tu connais mon nom ? » demanda-t-il, perplexe, sa méfiance palpable.

Elena soutint son regard, déterminée. « Je ne te connais pas, enfin, pas vraiment. Mais je t'ai vu dans une vision. »

Sa voix était douce, mais ferme. « J'ai vu ton visage, Sam, et celui de ton frère... Dean. Je te l'ai dit : j'ai besoin de vous parler, c'est urgent. »

L'expression de Sam se transforma en une combinaison de curiosité et de scepticisme. « Comment puis-je être sûr que tu ne viens pas ici pour nous jouer un tour ? »

« Je ne cherche pas à vous faire de mal. Je sais que cela semble fou, mais j'ai vu... un danger sur le point de s'abattre sur les chasseurs. Quelque chose de vraiment très grave. J'ai besoin de votre aide pour comprendre ce qui se passe. Tu dois me croire. »

Sam hésita, la regardant longuement. Elena ressentait la tension dans l'air, le besoin de prouver sa sincérité face à la méfiance évidente du jeune homme. Elle se força à rester calme, à ne pas laisser son anxiété transparaître. Finalement, après encore quelques instants, l'air de Sam s'adoucit et il baissa - rien qu'un peu - sa garde. Il semblait à Elena qu'il avait pesé ses options. Il finit par s'écarter légèrement, laissant entrevoir l'intérieur de cet étrange bunker.

« C'est bon, entre. »

Elena entra, le cœur battant. Dès que ses pieds franchirent le seuil du bunker, une onde de sensations la frappa de plein fouet. L'intérieur était à la fois étrangement impersonnel et chargé d'histoires. Un lieu fait pour la planque mais transformé, visiblement, en un repère que les deux frères avaient tenté de rendre chaleureux. Elle remarqua dans ses premiers coup d'œil quelques photos de chasseurs, des souvenirs d'aventures passées. Mais une atmosphère de tension persistait. Ce bunker n'était pas seulement un lieu. Il était imprégné d'émotions, d'histoires et de souvenirs profondément ancrés. Le passé s'éveillait autour d'elle, comme si chaque mur racontait une histoire silencieuse, chaque pierre ayant absorbé des fragments de vies, de batailles, de sacrifices. Les dons d'Elena ne se limitaient pas aux visions de l'avenir. En cet instant, elle percevait des éclats du passé, des impressions fugaces qui se mélangeaient à la réalité.