Âmes Liées

Chapitre 20 : Le poids du passé

L'atmosphère était tendue dans la pièce. Elena, bien que toujours étrangement affectée par les effets du virus, était déterminée à aider les Winchesters. Assise sur une chaise, elle regardait fixement le sol, perdue dans ses pensées, tandis que Sam et Dean s'affairaient à rassembler des informations.

« Elena, qu'est-ce qui ne va pas ? » demanda Dean, le regard inquiet.

Elle releva les yeux vers lui, une lueur de compréhension dans son regard. « Je pense à ma mère... » commença-t-elle, la voix tremblante. « Je sais que je perds la tête à cause du virus. Mais je crois aussi que je peux m'en servir. Dans ces étranges visions, le souvenir de ma mère se mêle à autre chose, quelque chose lié à ce virus. Comme si mes visions de ma mère étaient un stratagème de mon esprit pour trouver des informations sur ce rituel qui a été pratiqué. Est-ce que... est-ce que ça a du sens ? »

Sam se pencha un peu plus près, accrochant son attention. « Oui Elena, ça en a. Essaie de nous raconter ce dont tu te souviens. »

Elena ferma les yeux un instant, puis commença à raconter. « Ma mère... dans la vision, ma mère avait l'air effrayée. Autour d'elle, il y avait tous ces graffitis partout, les mêmes que dans ce hangar qu'on avait trouvé. »

Sam s'approcha, écoutant attentivement. « Tu te rappelles autre chose ? »

« Oui. J'ai des visions... d'un rituel. Un rituel de protection, je crois, censé rendre son utilisateur plus fort. Mais je crois... oui... il y avait une erreur dans le processus, quelque chose d'imprévu. Après, tout se mélange. Le reste ne concerne que la mort de ma mère, ça ne pourra pas nous aider. »

La douleur dans sa voix était palpable, et Dean ressentait la culpabilité monter en lui. Mais avant qu'il puisse dire quelque chose, Elena reprit.

« Ma mère essayait de me dire quelque chose. Je peux peut-être trouver un moyen de comprendre le rapport de tout ça au virus. » Sa voix se renforça. « Le virus a été créé lors d'un rituel, n'est-ce pas ? Peut-être que les chasseurs ont commis une erreur dans leur incantation, qu'ils ont fait quelque chose de travers. »

Sam hocha la tête, prenant des notes. « Si tu peux te souvenir des détails de ce rituel, cela pourrait nous aider à découvrir comment arrêter le virus. »

« Je... je pense que je peux. » Elena ferma les yeux à nouveau, tentant de rassembler ses souvenirs. « Ma mère a souvent parlé de magie, de rituels en tous genres, et de l'importance des ingrédients, de l'énergie que l'on met dans le rituel. »

Dean se leva, l'angoisse écrasant ses épaules. « Nous devons retrouver le rituel qu'ils ont tenté de pratiquer et comprendre ce qui a échoué. Et on doit le faire vite. »

Oui, la vitesse était de rigueur. Dean ne voulait pas perdre Elena comme il avait perdu sa mère.

*

Un peu plus tard, alors que Sam, Bobby et Castiel regroupaient les informations qu'ils avaient à leur disposition quant au rituel et aux pratiques découvertes par Elena, Dean s'extirpa un instant de la conversation pour aller retrouver la jeune femme. Elle paraissait si frêle et si fragile, les yeux cernés et les lèvres tremblantes, qu'il réalisa alors à quel point il s'était trompé sur elle tout ce temps. La douceur et la compassion qui la caractérisaient, et qui avaient horripilé Dean lors de leur rencontre, n'avaient rien d'une faiblesse. Elena, la véritable Elena, était forte. Bien plus forte que lui.

Dean avança vers elle et posa une main douce mais hésitante sur sa joue. À son contact, Elena redressa la tête et lui offrit un sourire empli de douceur.

« Maintenant... » commença-t-il d'une voix rauque, ne laissant pas à Elena le temps de répondre. « Maintenant, je vais te parler de ma mère. »

Plus qu'étonnée par cette soudaine envie de se confier, Elena se garda bien de faire la moindre réflexion qui pourrait empêcher Dean de poursuivre. Elle lui fit une place sur le canapé à côté de lui, et Dean prit place. Les mains croisées comme pour se donner de la contenance, il baissa la tête et commença à parler.

Dean soupira, sa voix devenant plus grave. « J'ai perdu ma mère quand j'étais jeune. Je n'avais que quatre ans. Je me souviens à peine de son visage, mais... je me souviens des cris cette nuit-là. Surtout, je me souviens du feu. J'y pense presque tous les jours. Je pense au fait que je n'ai jamais vraiment eu l'occasion de lui dire au revoir. »

Elena ressentit une douleur dans sa poitrine à l'idée de la souffrance de Dean. Elle pouvait littéralement sentir à quel point il souffrait. « Comment tu as pu... surmonter ça ? » murmura-t-elle.

Il secoua la tête, un sourire amer sur les lèvres. « Je ne sais pas si je l'ai vraiment surmonté. Je crois que j'ai juste appris à vivre avec. Chaque fois que je vois un enfant avec sa mère, je pense à ce qu'elle aurait pu être, à ce qu'elle aurait pu faire. Et je pense à la vie que j'aurais pu avoir si ce démon ne l'avait pas tuée. »

« Dean, ça doit être terrible. » Elena était touchée par son honnêteté, par la vulnérabilité qu'il montrait. Plus que tout, son sixième sens la propulsait dans la douleur de Dean, une douleur brute, celle d'un adulte qui n'avait jamais eu le droit d'être un enfant. Elle prit conscience de la difficulté que cela avait dû être, pour lui, de lui parler à cœur ouvert.

« Tu ne parles jamais de ça, à personne. N'est-ce pas ? »

Dean baissa les yeux, les souvenirs ravivant la douleur. « C'est compliqué. On ne parle pas vraiment de ça dans ma famille. C'est plus facile de chasser les monstres que de faire face à ce genre de démons. Mais... avec toi, c'est différent. Je sais que tu comprends. »

Elena le regarda intensément, sentant un lien grandissant entre eux. « Je pense à ma mère tous les jours, moi aussi. J'étais un peu plus âgée que toi, mais à peine. Et je m'identifie à tout le reste de ton histoire. Je connais cette douleur, cette culpabilité. Je suis... je suis heureuse, que tu aies réussi à m'en parler. »

Dean se pencha légèrement vers elle, un regard sérieux dans les yeux. « Tu es forte, Elena. Mais tu n'as pas à porter ce poids seule. Et... et moi non plus. »

« Tu as raison, Dean. » Elle lui sourit, une lueur d'espoir dans les yeux.

Il hocha la tête, un léger sourire aux lèvres, apaisé par le fait qu'il pouvait partager une partie de lui-même avec elle. Dans ce moment de connexion, les murs qu'il avait construits autour de son cœur se fissuraient chaque seconde davantage.