Chapitre 33 : Entre leurs griffes

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Elena était toujours captive des Saigneurs, perdue dans une obscurité que son esprit ne pouvait plus vraiment appréhender. Elle était allongée sur une table en bois rugueux, ses poignets et ses chevilles solidement attachés par de grosses cordes qui lui creusaient la peau. Chaque mouvement était un rappel de sa vulnérabilité, de son incapacité à fuir cette situation horrible. Cette position lui était étrangement familière, rappelant la vision qu'elle avait eue il y a quelques temps, celle où elle était emprisonnée, sans espoir d'évasion.

Les jours s'étaient écoulés depuis son enlèvement par Aiden, trois jours qui semblaient s'étirer à l'infini. Elle n'avait ni bu ni mangé depuis ce jour fatidique, et son corps commençait à lui faire défaut. Une faiblesse sourde s'était installée en elle, la rendant de plus en plus désorientée. Les frontières entre la réalité et les hallucinations s'estompaient, comme si son esprit cherchait désespérément à fuir cette douleur insupportable. Elle ferma les yeux, essayant de s'accrocher à des souvenirs réconfortants, mais chaque image qui surgissait était teintée de tristesse et d'inquiétude.

C'est alors qu'Aiden entra dans la pièce, un sourire large sur le visage. Ce sourire, qu'elle avait un jour trouvé charmant, lui apparaissait maintenant comme une mascarade, une façade trompeuse. « Tout sera bientôt fini », annonça-t-il d'une voix chantante, sans tenir compte de sa détresse. « Ce soir, nous passons à l'action. Demain, nous partirons pour Los Angeles, tous ensemble. Ce sera le dernier arrêt pour toi. » Ses mots résonnaient comme une menace sourde, et un frisson de terreur parcourut le corps d'Elena. « Tu devrais t'estimer heureuse : tu mourras dans la Cité des Anges. C'est poétique, non ? »

Les larmes affluèrent sur ses joues. Elle avait cru en Aiden, pensant qu'il était un ami, quelqu'un qui pouvait la comprendre, mais maintenant, elle réalisait à quel point elle s'était trompée. Il n'était pas l'homme bienveillant qu'il prétendait être, mais un traître, un manipulateur. « Je suis désolé », poursuivit-il, son sourire s'étirant davantage. « Si tu n'avais pas été une créature monstrueuse, nous aurions pu être amis. Peut-être même plus que ça ; j'ai failli craquer, rien que pour énerver ce connard de Dean Winchester. Et puis il faut dire que ça n'aurait pas été affreux. Tu es très mignonne, tu sais ? »

Une vague de nausée l'envahit, la forçant à détourner la tête pour ne plus le voir. Comment avait-elle pu être si naïve ? Ses pensées s'égaraient vers Dean. Ils avaient enfin réussi à se trouver l'un l'autre, à briser la barrière de leur hésitation, et ils n'avaient eu droit qu'à une nuit. Une nuit de bonheur éclipsée par cette réalité atroce. Elena se demanda si Dean savait où elle se trouvait, s'il cherchait à la sauver. L'idée qu'il puisse croire qu'elle avait fui, qu'elle avait peur de lui, la remplissait d'une douleur insupportable. Elle détestait cette pensée, l'idée de savoir Dean malheureux, perdu dans l'incertitude de leur relation.

Les souvenirs des rires partagés, des regards échangés, de cette nuit d'intimité la rattrapèrent. Elle s'accrochait à ces souvenirs comme à une bouée de sauvetage, mais ils étaient si lointains maintenant. Au fond d'elle, une voix lui murmurait qu'elle devait être forte, que Dean ne l'abandonnerait pas, mais chaque minute qui passait sans nouvelles d'eux lui faisait douter.

Soudain, la porte s'ouvrit à nouveau, et Elena fut tirée de ses pensées. C'était Eva, la chef des Saigneurs, un sourire glacial sur son visage. Son regard perçant se posa sur Elena, et elle se pencha vers elle, comme un prédateur observant sa proie. « J'ai besoin de ton aide », déclara-t-elle d'une voix mielleuse, bien qu'Elena puisse sentir l'intimidation qui émanait d'elle. « J'ai besoin que tu m'aides à trouver certaines personnes. »

Elena, les yeux pleins de défi, secoua la tête. Elle savait qu'elle ne pouvait pas céder, pas maintenant. Mais Eva, impassible, lui jeta un regard amusé. « Oh, mais tu n'as pas vraiment le choix, n'est-ce pas ? » Elle désigna les petites plaies déjà visibles sur la peau d'Elena, souvenir des tortures précédentes, et son sourire s'élargit. « Tu sais, je peux rendre tout cela beaucoup plus douloureux. Je n'hésiterai pas à le refaire. »

Les larmes coulèrent à nouveau sur les joues d'Elena, mais elle refusa de se laisser abattre. Au fond, elle savait qu'elle devait rester forte. C'était sa seule chance. Elle devait garder l'espoir que Dean et les autres la cherchaient. Qu'ils ne la laisseraient pas entre les griffes de ces monstres. Si seulement elle pouvait leur faire savoir où elle était, si seulement elle pouvait leur donner un indice, un signal. Mais pour l'instant, elle était piégée, enchaînée à cette table, son esprit étant son seul refuge.

Eva se redressa, son regard toujours fixé sur Elena, et elle tourna le dos à cette dernière, comme si elle était déjà lassée de la présence de sa captive. « Je te recontacterai bientôt. Et j'espère que tu auras réfléchi à ma proposition. » Les mots résonnèrent dans l'air lourd de la pièce, et Elena sentit son cœur se serrer. Les bruits de pas d'Eva s'éloignaient, laissant Elena seule avec sa peur et ses pensées sombres.

La solitude s'intensifia, et chaque seconde semblait durer une éternité. Mais dans le fond de son cœur, une lueur d'espoir persistait. Elle se mit à penser à Dean, à leur amour naissant, et à la force de ce qu'ils avaient construit ensemble, même en si peu de temps. « Je ne te laisserai pas tomber, Dean », murmura-t-elle dans le silence, son esprit se battant contre la noirceur qui l'entourait. « Je ne laisserai pas tomber. »

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