Chapitre 30 : Piégé

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Dean se trouvait confortablement installé au bar, son whisky à la main, la musique du jukebox résonnant autour de lui. Les vieux classiques de rock remplissaient l'air d'une nostalgie réconfortante, un bruit de fond parfait pour ses soirées de débauche. Deux jolies filles l'entouraient, riant à ses blagues et lui lançant des regards complices. Il savourait chaque instant de sa nouvelle vie, une existence dénuée des responsabilités d'un chasseur, un instantané de liberté au milieu de l'obscurité qui l'enveloppait.

Pour lui, ce bar miteux, entre l'Indiana et l'Illinois, était le paradis sur Terre. Il sirotait son verre, laissant son esprit vagabonder, se concentrant sur ses « objectifs » de la soirée. L'éclat dans les yeux des femmes, l'adrénaline d'un nouvel affrontement, tout cela faisait battre son cœur plus vite. Mais alors qu'il se perdait dans ce bonheur éphémère, une étrange sensation lui chatouilla l'esprit. Un pressentiment, quelque chose qui ne lui plaisait pas du tout.

Il leva la tête, et son sourire charmeur disparut lentement. Là, devant l'entrée du bar, se tenaient Castiel et Bobby. Leur présence évoquait des souvenirs, des échos du passé, mais Dean était trop loin de l'homme qu'il avait été pour se laisser rattraper par la nostalgie. Il se retourna vers ses compagnes, un sourire narquois sur les lèvres.

« Vous voulez bien m'excuser, mesdames ? J'ai une petite baston de bar à régler, ça ne prendra pas longtemps. »

Il s'avança, son regard se durcissant alors qu'il se rapprochait de ses anciens amis. Castiel et Bobby demeuraient impassibles, déterminés. Ils avaient l'air calmes, mais Dean pouvait sentir la tension dans l'air. Bobby, la voix grave et autoritaire, lui annonça :

« Dean, on a trouvé un moyen de te rendre ton humanité. Les conneries ont assez duré. Maintenant, tu dois rentrer avec nous. »

Dean éclata de rire, un son amer résonnant dans le bar. Comment pouvaient-ils être si naïfs ? Il tourna les bras autour de lui, balayant du regard la scène de fête qui l'entourait.

« Vous n'êtes pas sérieux ? Regarde autour de toi. Ma vie, maintenant, c'est ça ! Je ne retournerai pas à cette existence de chasseur, de souffrance. Je ne vais pas me battre encore et encore pour être malheureux nuit et jour. »

Castiel et Bobby échangèrent un regard lourd de sens. Dean pouvait voir la détermination dans leurs yeux. Bobby, serrant les poings, lui fit comprendre qu'il n'avait pas le choix. Ils allaient le ramener de force, s'il le fallait.

« Bon, je vois, », répondit Dean, un sourire dédaigneux sur les lèvres. Sans attendre, il lança le premier coup de poing.

La bagarre éclata instantanément. Les clients, pris de panique, se ruèrent vers la sortie, laissant les deux amis et leur ancien frère dans une lutte désespérée. Les tables volèrent, les chaises furent renversées, et Dean, implacable, envoya Bobby au tapis en un éclair, ses pouvoirs démoniaques rendant chaque coup plus dévastateur.

Castiel, plus résistant, parvint à lui tenir tête un moment, mais ce ne fut qu'un répit. Dean se délectait de cette bagarre, laissant le chaos régner autour de lui, libérant toute la colère et la frustration accumulées. Chaque coup échangé, chaque mouvement le rapprochait d'un abandon complet de son humanité. Mais au fond de lui, une petite voix l'appelait, l'avertissant qu'il était en train de sombrer.

Alors que Dean venait de mettre Castiel au tapis, il se retourna, sentant une présence derrière lui. Il était prêt à frapper à nouveau. Son regard, dur comme la pierre et brûlant comme le feu, aurait fait fuir n'importe qui. Il bouillonnait de l'intérieur, vert de rage à l'idée que ses vieux amis aient tenté de le piéger. Il voulait massacrer quiconque se trouvant dans son champ de tir. Et il l'aurait fait. Mais au dernier moment, il entendit une voix familière s'élever au-dessus du tumulte.

« Dean, stop ! »

Dean baissa les yeux devant la cible qu'il allait éliminer. C'était Elena. Elle était là, s'effondrant sur le sol, les mains à plat, son regard désespéré planté dans le sien. Les larmes coulaient sur ses joues, illuminant son visage. Elle pleurait. Chaque mot qu'elle prononçait frappait Dean comme une vague.

« Je t'aime, Dean ! Ne frappe pas, je t'en supplie. Je t'aime », murmurait-elle encore et encore.

Le choc émotionnel le désarçonna. Il s'arrêta net, son cœur battant à tout rompre. Dans cette seconde suspendue, tous les souvenirs heureux, toutes les promesses de bonheur qu'ils avaient partagées, revinrent en force. Les rires, les étreintes, l'amour qu'il avait renié. Une part de lui commençait à se rebeller contre la noirceur qui l'entourait.

Mais le moment de lucidité fut éphémère. Sam en profita, se faufilant derrière lui, et sans hésitation, il planta une seringue dans le cou de Dean. La dernière image que Dean emporta avec lui dans l'obscurité était celle d'Elena, son regard désolé fixé sur lui alors qu'il sombrait.

« Je suis désolée... »

Et avec cette dernière pensée, tout devint noir.

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