Chapitre 22 : Murmures dans la nuit

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Le silence lourd régnait dans la maison après le départ de Castiel. Il s'était téléporté à la recherche du spécialiste de magie noire que Bobby leur avait mentionné. Le temps semblait suspendu, alors que l'attente devenait insoutenable.

Elena dormait sur le canapé du salon, sa respiration hachée, son front perlé de sueur. Sam et Dean s'étaient installés dans la cuisine, l'un en face de l'autre, le silence pesant, les deux frères perdus dans leurs pensées.

Dean, un verre de whiskey à la main, fixait le liquide ambré sans vraiment le voir. Son visage était fermé, mais Sam pouvait lire à travers cette façade.

« Elle va s'en sortir, Dean. On va trouver une solution », dit-il doucement, cherchant à apaiser l'inquiétude palpable de son frère.

Dean ne répondit pas immédiatement. Ses doigts jouaient nerveusement avec le bord de son verre. « Je me sens mal, Sammy. Je me sens coupable. Elle était déjà assez tourmentée par ses visions, maintenant ça empire. Elle ne dit rien parce qu'elle ne veut pas nous inquiéter, mais... c'est vraiment grave. Je crois qu'elle est infectée, réellement. Ça dépasse le stade du lien psychique. »

Sam fronça les sourcils, pensif. « Tu as peut-être raison. Mais ce n'est pas toi qui l'a entraînée là-dedans et tu le sais. Elena savait dans quoi elle mettait les pieds en venant avec nous. Elle voulait aider, tu te souviens ? »

Dean secoua la tête, comme s'il tentait de chasser un poids trop lourd à porter. « Elle ne mérite pas ça... » murmura-t-il, presque inaudible. Puis, ses yeux se posèrent brièvement sur la silhouette d'Elena qui dormait à quelques mètres.

Sam observa son frère avec attention. Il voyait bien ce qui se passait sous la surface. « Tu t'es véritablement attaché à elle », dit-il doucement, sans jugement. Sam n'avait pas vu son frère agir de cette manière depuis très, très longtemps.

Dean pinça les lèvres, comme s'il refusait d'admettre cette vérité. Il détourna les yeux, fixant à nouveau son verre. « Je sais pas. Peut-être. » Il prit une gorgée, plus par habitude que par envie.

Le silence retomba, plus lourd encore que précédemment. Sam soupira, cherchant les bons mots. Il savait combien Dean avait toujours porté le poids du monde sur ses épaules, et que s'attacher à quelqu'un le terrifiait plus que tout. « On va trouver une solution », répéta-t-il avec fermeté. « On a toujours réussi à s'en sortir. Ça va être dur, mais on va la sauver. »

Dean resta silencieux, mais Sam pouvait voir la lutte intérieure sur son visage. Il savait combien son frère craignait de perdre quelqu'un d'autre, combien il avait peur d'échouer encore.

Après un long moment, Dean se redressa. Il inspira profondément, comme pour se ressaisir. « Ouais. On va trouver une solution », dit-il, presque pour se convaincre lui-même.

Ils échangèrent un regard, un accord tacite passé entre eux. Ils ne laisseraient pas tomber Elena. Ils allaient se battre, comme toujours.

*

L'horloge accrochée au mur de la maison affichait une heure bien avancée de la nuit. Le silence était total, à peine troublé par les bruits réguliers de la vieille tuyauterie et les ronronnements des appareils. Dean se tenait près de la porte, jetant de temps à autre un regard à Elena qui dormait sur le canapé.

Un mouvement soudain le fit se redresser. Elena bougeait dans son sommeil, gémissant faiblement. Il s'approcha sans faire de bruit, s'accroupit à côté d'elle et lui effleura doucement la joue. Sa joue était douce, cernée de petites taches de rousseur et d'un grain de beauté dont il sentit le relief au toucher.

« Hé... » murmura-t-il.

Ses paupières papillotèrent avant de s'ouvrir. Ses yeux étaient fatigués, marqués par les cernes, et Dean sentit son cœur se serrer. Il n'aimait pas la voir dans cet état. « Ça va ? » demanda-t-il, bien qu'il sache pertinemment que la réponse ne serait pas celle qu'il voulait entendre.

Elena prit une longue inspiration, se redressant un peu. « Je me sens... bizarre, » avoua-t-elle avec une voix éraillée. « Comme si quelque chose me grignotait de l'intérieur. »

Dean s'assit sur le bord du canapé, son regard grave. Il aurait voulu la rassurer, mais il ne savait pas comment. « Ça va vite s'arranger, » dit-il, même s'il n'était pas sûr de croire en ses propres mots.

Elle le regarda longuement, cherchant quelque chose dans ses yeux. « Je n'ai pas peur, Dean, » murmura-t-elle. « Mais toi, je te vois. Tu es terrifié. »

Dean ouvrit la bouche pour protester, mais elle l'interrompit. « Pas besoin de nier, je peux le sentir. » Sa voix était douce, mais chaque mot touchait juste. « Ne t'en veux pas pour ce qui m'arrive, d'accord ? Je savais dans quoi je m'engageais. »

Dean détourna les yeux, se passant une main dans les cheveux, agacé par ses propres émotions. « J'aurais dû te protéger. » Son ton était amer, teinté de culpabilité.

Elena sourit faiblement, malgré la douleur visible sur son visage. « Tu ne peux pas tout contrôler, Dean. Parfois, il faut juste... accepter ce qui vient. »

Il la regarda, incapable de répondre. Elle avait cette sagesse étrange qui le déstabilisait. Elle voyait les choses qu'il s'efforçait de cacher, même à lui-même.

Après un moment de silence, elle leva une main tremblante et l'effleura doucement. « Je te vois, » murmura-t-elle. « Je vois que tu as peur d'être vulnérable. Mais tu n'as pas besoin de mettre ton masque, pas avec moi. Je vois au travers. »

Dean sentit un nœud se former dans sa gorge. Il avait passé sa vie à protéger les autres, à ériger des murs autour de son cœur pour ne laisser personne entrer. Mais face à Elena, ses défenses semblaient s'effriter. « Et si je te perds ? » finit-il par demander, la voix presque brisée.

Elena lui serra doucement la main. « Alors mieux vaut me laisser entrer maintenant. Avant qu'il ne soit trop tard. »

Dean resta silencieux, son regard plongé dans celui d'Elena, ses sens aiguisés par la sensation de leurs mains jointes. La main d'Elena était fraiche, en contraste avec celle de Dean, échauffée par le stress et par l'angoisse. Il savait qu'elle avait raison, mais admettre ses faiblesses lui paraissait toujours aussi insurmontable. Il hocha légèrement la tête, incapable de parler.

Elena, épuisée par la douleur et l'effort, ferma à nouveau les yeux, mais elle serra encore plus fort la main de Dean, incapable de le laisser partir pour l'instant. Dean, quant à lui, resta à ses côtés, veillant sur elle comme il l'avait toujours fait pour ceux qu'il aimait. Mais cette fois-ci, lorsque la peur et l'inquiétude l'assaillirent, il décida de les laisser entrer.

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