Âmes Liées

Chapitre 28 : Ultimatum

La lumière tamisée du bunker se mêlait aux ombres, créant une atmosphère de tension palpable alors que le groupe se rassemblait autour de la table. Sam, le visage marqué par la fatigue et la concentration, feuilletait frénétiquement les pages du grimoire. Les mots dansaient devant ses yeux, mais une vérité s'imposait peu à peu : l'entité réveillée était la clé pour éradiquer le virus qui ravageait Elena et les autres chasseurs infectés.

« Il y a une solution, » annonça Sam, sa voix tremblante d'excitation et d'angoisse. « On doit confronter directement l'entité. »

Le silence s'installa lentement, pesant sur leurs épaules. Dean, les poings serrés sur la table, sentit son cœur s'emballer. Il savait que cette confrontation ne serait pas sans risque.

« Je te vois venir, tu vas me ressortir cette histoire de sacrifice, » répliqua Sam, sa voix tremblante, trahissant l'angoisse qui le rongeait.

« Je sais ce que tu en penses, mais c'est la seule manière de stopper le virus, » insista Dean, ses yeux rivés sur son frère, cherchant à percer la muraille de détermination qui le séparait de la réalité.

« Alors on fera comme j'ai dit, » reprit Dean, défiant le regard de son frère. « Ce sera moi ».

« C'est ça, le hic », lui répondit Castiel les yeux levés vers lui. Ça ne peut pas être toi. »

Castiel n'eut pas besoin de rentrer dans les détails, ni Sam d'expliquer la situation à Dean. Celui-ci l'avait déjà comprise. Il regarda furtivement Elena, une quinte de toux remontant sa gorge à l'idée qu'il faille la placer sur le devant de la scène.

« Elena doit entrer en contact avec l'entité à l'origine du virus, » poursuivit finalement Castiel, le visage grave. « C'est la seule façon d'inverser le rituel. Et oui, ça va être dangereux. »

Dean se tourna vers Elena, qui était assise à l'écart, ses traits tirés par la fatigue. Ladite fatigue n'était pas seulement physique ; il pouvait voir la lutte interne qui se déroulait en elle. Elle était toujours extrêmement perturbée ; elle avait avoué à Dean un peu plus tôt dans la soirée que l'ombre venait la voir et lui chuchotait à l'oreille, ce qui contribuait à lui faire perdre la tête. Le visage d'Elena semblait perdu, ses yeux cherchant l'invisible dans la pièce. Pourtant, cela n'empêchait pas la jeune femme d'écouter attentivement la discussion qui se déroulait devant elle.

Ainsi après un silence lourd de sens, Dean se leva et s'approcha d'elle, sa voix basse. « Tu ne peux pas faire ça. »

« Je suis prête, Dean, » murmura Elena, sa voix pleine de défi mais aussi d'une fragilité palpable. « Je sais que c'est dangereux, mais je dois le faire. Il faut que j'essaie avant qu'il soit trop tard pour eux, et pour moi. »

Dean se sentit tiraillé. Chaque mot qu'elle prononçait le frappait comme une balle. La peur pour sa vie se mêlait à la colère de ne pas pouvoir la protéger. « Tu es déjà si faible. Tu es en train de perdre pied. »

« C'est justement parce que je le sens que je dois agir. Je ne peux pas rester inerte alors qu'il y a une chance de sauver les autres, » répliqua-t-elle, déterminée, les yeux brillants d'une lueur que Dean ne pouvait ignorer.

Castiel, attentif à la tension croissante, chercha à tempérer les émotions qui menaçaient de débordement. « Dean, si c'est la seule option, nous devons l'envisager. »

« Mais à quel prix ? » s'exclama Dean, sa voix s'élevant. « Je refuse de te laisser faire ça, Elena. Désolé. »

Bobby, qui avait jusqu'ici observé en silence, prit la parole. « Je comprends tes inquiétudes, mais on n'a pas le choix. On doit agir maintenant, avant que l'entité ne devienne trop puissante. Et il n'y a qu'Elena qui peut le faire. »

Dean se retourna vers Bobby, le regard meurtrier. « Et alors quoi, elle doit supporter tous les risques ? »

« Je ne peux pas répondre à ça, » avoua Bobby, l'hésitation visible dans son regard.

La tension monta, chaque seconde étirant le fil de leurs émotions à l'extrême. Dean, pris entre son instinct protecteur et la réalité des enjeux, sentit la colère monter en lui. Comment pouvaient-ils envisager de sacrifier Elena, alors qu'elle était déjà si vulnérable ?

« Désolé, mais c'est non, » finit-il par déclarer, la voix brisée par la lutte intérieure.

Sam se leva, la détermination gravée sur son visage. « Je comprends mon frère. On va trouver une autre solution. »

Mais la voix d'Elena, douce mais ferme, coupa court à leur échange. « Arrêtez, arrêtez tous les deux. Vous ne prendrez pas la décision à ma place. »

La jeune femme, les traits tirés par la fatigue et les yeux cernés de noir, tourna la tête vers Dean avec le reste de détermination qu'elle avait en sa possession. « Je suis prête, Dean. Et je ne changerai pas d'avis. »

La douleur se mêla à l'angoisse dans le cœur de Dean. Il savait que cette décision serait cruciale, mais la perspective de perdre Elena lui était insupportable. Il laisserait mourir les dizaines de chasseurs en danger s'il le fallait, et sans le moindre remord. Mais une nouvelle fois Dean se tourna vers elle, et une douleur échauffa son cœur. La douceur et la beauté d'Elena n'avaient pas disparu, même pas après l'émergence du virus en elle et de la folie. Elle était toujours là, elle se battait toujours. Comment pourrait-il faire preuve d'égoïsme dans une situation comme celle-là, alors qu'Elena était prête à sacrifier sa vie pour les autres ? Il réalisa, dès lors, qu'il n'en avait pas le droit. Aussi, dans un regard qu'ils partagèrent tous les deux, Dean hocha subtilement la tête, allumant chez Elena une nouvelle lueur dans les yeux. Elle lui répondit par un hochement de tête similaire, ainsi que par un sourire.

« Voilà, » dit-elle simplement. « C'est décidé. »

L'atmosphère était électrique, chargée d'une énergie palpable, alors que chacun d'eux réalisait que le destin d'Elena était désormais scellé par un choix difficile, lourd de conséquences. Un choix qu'elle était la seule à pouvoir faire, et dont elle semblait avoir déjà conscience des risques. Que leur restait-il alors à faire, si ce n'était la soutenir et faire en sorte qu'elle puisse survivre à cette épreuve ?