Âmes Liées

Chapitre 18 : Retour à la réalité

Le matin se levait lentement sur le bunker, mais la lourdeur de la nuit précédente pesait encore sur les épaules d'Elena. Elle n'avait pas beaucoup dormi, trop occupée à repasser dans sa tête la dispute qu'elle avait eue avec Dean. Le silence qui avait suivi avait été bien plus assourdissant que leurs mots échangés. Elle soupira, le regard perdu dans le plafond de sa chambre, avant de se redresser.

Deux choix s'offraient à elle : rester allongée là, à ressasser, ou se lever et faire quelque chose de sa journée. Elle décida de ne pas laisser cette dispute la paralyser. Dean avait fait son choix en restant distant, elle ferait le sien en allant de l'avant.

Elle se leva avec détermination, enfila une tenue décontractée et sortit de sa chambre. Après une rapide toilette, elle se dirigea vers la cuisine. Elle avait besoin d'eau, quelque chose pour la rafraîchir et clarifier ses pensées.

Mais en entrant, elle se figea. Dean était là, accoudé au bar, une paire de lunettes de soleil vissée sur le nez, malgré le fait qu'ils soient à l'intérieur. Il semblait encore sous l'effet de la gueule de bois, sa mâchoire serrée et son visage tiré. Pourtant, malgré son air abattu, il essaya de prendre la parole dès qu'il la vit.

« Elena... Je... » commença-t-il d'une voix rauque.

Elle ne voulait pas entendre d'excuses ou de demi-mesures. Pas maintenant. Pas après tout ce qui s'était passé la veille. Elle leva une main pour l'interrompre sans même lui accorder un regard.

« Pas maintenant, Dean. »

Elle attrapa un verre d'eau, puis sortit sans un mot de plus, sentant son regard brûler son dos tandis qu'elle quittait la pièce. Dean resta immobile, silencieux, englouti par la sensation d'avoir encore une fois échoué à communiquer avec elle.

Elena traversa les couloirs jusqu'à la salle des armes. Elle y entra en soupirant, sentant la tension l'envahir de nouveau. Elle s'assit par terre, en tailleur, et essaya de se concentrer. Les leçons d'Aiden sur la méditation lui revenaient en tête. Elle ferma les yeux, inspira profondément, puis expira lentement, cherchant le calme en elle-même.

L'idée d'utiliser la méditation pour affronter ses émotions lui semblait encore étrange, presque hors de sa nature, mais les quelques moments de tranquillité qu'elle avait trouvés dans cet exercice par le passé lui avaient prouvé son efficacité. Elle essayait de suivre les conseils d'Aiden : respirer, se reconnecter avec elle-même, et gérer la tempête qui grondait sous la surface.

Elle ne savait pas combien de temps elle était restée ainsi, mais une présence à la porte interrompit son processus. Elle ouvrit les yeux pour voir Aiden, debout dans l'embrasure, son sourire doux et apaisant.

« Ça va ? » demanda-t-il doucement.

Elena hocha la tête avant de s'étirer un peu, délaissant la posture méditative. « J'essaie de gérer... comme tu m'as appris. »

Aiden s'approcha et s'assit à côté d'elle. « Besoin de compagnie ? »

Elle sourit doucement. « Ouais, ce serait bien. »

Ils restèrent là un moment, parlant de tout et de rien, mais surtout, de choses plus légères. Aiden savait comment apporter un peu de lumière à une journée déjà chargée de tension. Il racontait une anecdote de leur dernière chasse, exagérant à peine, ce qui fit éclater Elena de rire. Leur complicité était évidente, et elle se sentait plus légère, comme si les nuages qui planaient au-dessus d'elle depuis la veille commençaient à se dissiper.

À l'autre bout du bunker, Dean passait dans le couloir lorsqu'il entendit des rires venant de la salle des armes. Il s'arrêta net, la mâchoire serrée, reconnaissant la voix d'Aiden et celle d'Elena. Leur rire résonnait, léger, insouciant, comme s'il n'y avait aucun poids sur leurs épaules.

Cela lui brisa le cœur. Une part de lui voulait entrer et dire quelque chose, n'importe quoi. Mais que pouvait-il dire ? Se mêler de leur conversation ne ferait qu'empirer les choses. Alors, avec un poids dans la poitrine, il continua son chemin.

Dean arriva dans le salon où Sam et Castiel discutaient, sans se rendre compte de son arrivée. Dès qu'ils l'aperçurent, ils notèrent son expression fermée, presque sombre, et les lunettes de soleil qu'il avait toujours sur le nez. Sam fronça les sourcils.

« Mec, t'as une sale tête, » lança-t-il d'un ton léger, mais l'inquiétude perçait sous ses mots.

Dean s'installa lourdement sur le canapé sans répondre, essayant de feindre l'indifférence. Castiel l'observa attentivement, son regard perçant comme toujours.

« Est-ce que ça a un rapport avec Aiden ? » demanda calmement Sam, brisant la tension qui flottait dans l'air.

Dean resta silencieux, son visage un mur impénétrable. Il ne voulait pas s'engager dans cette conversation. Sam soupira, levant les yeux au ciel, puis lança un regard complice à Castiel.

L'ange, après un moment de silence, posa sa question avec cette franchise désarmante qui lui était propre. « Est-ce que c'est à cause d'Elena ? »

Cette fois encore, Dean ne répondit pas. Le silence était sa seule défense. Il se sentait pris au piège, étouffé par ces questions qu'il ne voulait pas affronter. Pas maintenant.

« Dean... » commença Sam avec douceur, mais c'en était trop.

Dean se leva brusquement, agacé, et marmonna dans sa barbe.

Sans un mot, il quitta la pièce, laissant ses deux frères d'armes échanger des regards pleins de préoccupations. Dean déambulait dans le bunker, cherchant un endroit où il pourrait enfin échapper à ses pensées. Il n'en trouva aucun. Finalement, il retourna dans sa chambre, claqua la porte et se laissa tomber sur son lit, la tête envahie par tout ce qu'il fuyait depuis trop longtemps.