Chapitre 28 : Orgueil et préjugés

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Elena errait dans le bunker, son esprit encore embrumé par le cauchemar qui l'avait réveillée en sursaut. La nuit était silencieuse, mais elle pouvait encore sentir les échos de la terreur qu'elle avait vécue dans son rêve. Cherchant à apaiser son esprit, elle se dirigea vers la cuisine. Ses gestes étaient automatiques alors qu'elle préparait un chocolat chaud, la chaleur de la tasse apportant une légère réassurance. Une fois la boisson prête, elle se rendit dans le salon.

Elle repéra un livre abandonné dans un coin de la pièce : Orgueil et Préjugés. Dans un sourire elle le saisit, son cœur se réchauffant déjà à l'idée de plonger dans la magnifique histoire de Jane Austen. Elle s'installa confortablement sur le canapé, la lumière tamisée d'une petite lampe à côté d'elle et les jambes ramenées vers son buste dans une posture réconfortante. Le doux parfum du chocolat chaud flottait dans l'air, et elle espérait que l'évasion dans les pages de ce roman classique l'aiderait à chasser les ombres de son esprit.

Les minutes passèrent, et la tranquillité du moment lui permettait de se plonger dans l'histoire d'Elizabeth Bennett et de Mr. Darcy. Cependant, le calme fut bientôt rompu par un léger grincement du parquet. Elle sursauta, levant les yeux, et tomba sur la silhouette familière de Dean, se tenant à l'entrée du salon.

« Qu'est-ce que tu fais debout à cette heure-ci ? » demanda-t-il, un brin perplexe. « Il est quatre heures du matin. »

Elena haussait les épaules, tentant de paraître décontractée. « J'avais envie de lire un peu. »

Dean scruta son visage, discernant une ombre de trouble dans ses yeux, mais il ne s'aventura pas à poser des questions. À la place, il lui demanda l'autorisation de se joindre à elle. Elle acquiesça, et il s'installa à ses côtés sur le canapé.

« Alors, à propos de cette discussion ... », commença-t-il, mais Elena l'interrompit.

« Pas maintenant, Dean, s'il te plaît. Je veux toujours parler, mais... Pour le moment, j'aimerais avoir une conversation plus légère. Tu penses que tu peux m'aider avec ça ? »

Un sourire se dessina sur le visage de Dean, et il acquiesça. « D'accord. » Il jeta un œil vers le livre dans les mains d'Elena. « Qu'est-ce que tu lis ? »

« Orgueil et Préjugés », répondit-elle, l'enthousiasme perçant dans sa voix. Elle lui offrit un bref résumé de l'histoire, les rebondissements romantiques entre Elizabeth et Darcy attirant l'attention de Dean.

« Donc, encore une histoire d'amour compliquée ? » lança-t-il, sarcasme dans la voix. « Vraiment original. »

Elena ne put s'empêcher de sourire à sa réaction. « Tu n'as pas idée. Il y a de l'orgueil, des préjugés, et bien sûr, la meilleure partie : le chemin tortueux vers l'amour. Tu veux... Tu veux que je te lise un extrait ?»

Dean la regarda, un sourire léger sur le visage. « Oui », répondit-il contre toute attente. « Pourquoi pas. »

Elena ne s'attendait pas à cette réponse, qui lui offrit un sursaut de légèreté. Quoiqu'il en soit, la jeune femme s'installa confortablement sur le canapé. Dans un élan d'impulsivité, elle prit la décision de s'allonger, sa tête reposant sur les genoux de Dean. Ce geste, si simple, déstabilisa le Winchester. Au contact d'Elena contre lui ses muscles se crispèrent un instant dans la surprise. Jamais il n'avait connu une telle proximité avec elle, pas même lorsqu'ils s'étaient rapprochés durant le Virus du Chasseur. Ce geste, si anodin et pourtant si fort, privait Dean d'oxygène. Il était partagé entre l'envie de la repousser et celle de l'accueillir. Finalement, il ne bougea pas.

Elle commença à lire à haute voix, sa voix douce se mêlant à l'obscurité du bunker.

« C'est une vérité universellement reconnue qu'un célibataire pourvu d'une belle fortune doit avoir envie de se marier, et, si peu que l'on sache de son sentiment à cet égard, lorsqu'il arrive dans une nouvelle résidence, cette idée est si bien fixée dans l'esprit de ses voisins qu'ils le considèrent sur-le-champ comme la propriété légitime de l'une ou l'autre de leurs filles... »

La voix d'Elena était douce, chantante, pleine de cette compassion que Dean lui connaissait. Et pourtant, le jeune homme peinait à se concentrer. Les mots s'estompaient alors qu'il se laissait happer par l'envie de passer les doigts dans les cheveux d'Elena, étendue sur lui, insouciante du monde extérieur. Dean fixait les cheveux de la jeune femme, doux et emmêlés. Tout son corps lui criait de bouger, d'avancer la main vers elle, de caresser son front. Une bataille intérieure se déroulait entre son esprit, rationnel, et son cœur, fou d'amour.

Le combat intérieur fut de courte durée. Alors qu'Elena était perdue dans sa lecture, Dean céda à son impulsion. Avec une délicatesse surprenante, il passa sa main dans les cheveux d'Elena, caressant ses mèches en désordre.

À cet instant, la lecture s'interrompit. Elena baissa son livre et leva les yeux vers Dean, surprise par ce contact inattendu.

Le temps sembla s'arrêter. Les battements de leurs cœurs résonnaient en synchronie, l'atmosphère chargée d'une tension palpable. Elena, habituellement si sur la réserve, s'adoucissait dans la chaleur de sa présence, tandis que Dean commençait à éprouver une flamme d'attirance qu'il croyait éteinte.

Ils restèrent ainsi, figés dans un instant qui semblait éternel, chacun redécouvrant l'autre dans une lumière nouvelle.

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