Chapitre 7 : Nuit pâle

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Dean se réveilla en sursaut, les yeux écarquillés, un instant désorienté par l'obscurité ambiante. Le silence pesant de la chambre lui indiqua que quelque chose n'allait pas. Il tourna la tête et constata qu'Elena n'était pas dans son lit. L'angoisse l'envahit, l'adrénaline pulsant dans ses veines. Il se leva rapidement, cherchant autour de lui dans l'obscurité, mais il n'y avait aucune trace d'elle.

« Super, » murmura-t-il pour lui-même, une boule d'inquiétude se formant dans son estomac. L'instinct protecteur qui l'habitait le poussait à agir. Il se dirigea vers la porte, se demandant ce qu'il allait découvrir.

Avant de sortir vérifier le couloir, il jeta un coup d'œil furtif en direction de Sam. Il était endormi, paisiblement ignorant des événements qui se déroulaient. Dean se dirigea vers la fenêtre du motel, une pensée désagréable lui effleurant l'esprit. Et si Elena avait disparu ?

Mais quand il s'approcha de la fenêtre, il la vit là, immobile, le regard perdu dans l'obscurité du dehors et les bras posés sur la balustrade donnant sur le parking. L'air frais de la nuit lui fouettait le visage et rougissait ses joues, et elle semblait absorbée par ses pensées.

Dean hésita un instant, puis, malgré sa méfiance, il décida de la rejoindre dans la nuit fraîche. Il s'approcha d'elle sans un bruit. « Qu'est-ce que tu fais ici ? » demanda-t-il, sa voix brisée par la fatigue.

Elena se tourna légèrement, surprise, puis lui adressa un léger sourire. « Je ne pouvais pas dormir. J'avais besoin de réfléchir. »

Il l'observa attentivement. Ses traits étaient doux, presque mélancoliques, et il pouvait voir une profondeur dans son regard qui le fascinait. « Réfléchir à quoi ? »

« À ce qu'on a vu aujourd'hui. À la douleur de tous ces chasseurs. » Elle regardait à nouveau par-dessus la balustrade, comme si elle pouvait voir au-delà des murs du motel, atteindre les âmes perdues. « C'est... c'est horrible. »

Dean croisa les bras, à la fois inquiet et incapable de comprendre qu'elle puisse s'immerger si profondément dans la tristesse des autres. L'aîné de la fratrie Winchester avait toujours été doué pour éteindre ses émotions, pour cacher ses peurs sous un masque d'arrogance ou de bravoure. Mais face à elle, quelque chose le retenait. L'envie de la protéger s'insinuait dans ses pensées, un instinct qu'il n'aurait pas dû ressentir : il ne connaissait pas cette fille. Pourquoi vouloir la protéger ? Dean inspira profondément, repoussant cette sensation, et se força à parler.

« Tu ne devrais pas porter ce poids. »

Elle se tourna à nouveau vers lui, un regard vif dans les yeux. « Je ressens leur douleur. Je ne peux pas simplement... l'ignorer.»

« Tu es trop sensible, » dit-il, plus brusquement qu'il ne l'aurait voulu. « Tu finiras par le payer au prix fort. »

« Je ne peux pas changer qui je suis, Dean. J'ai toujours ressenti les choses profondément. » Elle hésita un instant, puis ajouta : « Et j'ai l'impression que tu sais ce que c'est, même si tu fais comme si c'était le contraire. »

Dean se redressa, légèrement pris au dépourvu. Pourquoi cette femme l'attirait-il tant, alors qu'il devrait se méfier d'elle ? Il savait que se rapprocher que qui que ce soit était risqué, surtout dans leur monde. Mais l'intensité de son regard, sa vulnérabilité et sa détermination éveillaient en lui quelque chose qu'il n'avait pas ressenti depuis longtemps. Quelque chose qu'il se refusait à ressentir.

« Tu réagis dangereusement, » dit-il enfin, la voix plus dure.

« Je sais, mais je le fais quand même. C'est le prix à payer. »

« Et si ce prix est trop élevé ? » Il s'avança légèrement, la tension palpable entre eux.

Elena soutint son regard, et pour un instant, il sentit la force de sa volonté. « Je suis prête à prendre le risque. »

Il déglutit, réalisant à quel point il était captivé par cette femme. Sa sensibilité, sa passion, tout ça résonnait en lui d'une manière inexplicable.

« Oui, bon... Essaie de ne pas mourir d'angoisse. Il y a assez de gens dans le milieu qui finissent par perdre la boule. »

Elle sourit, un sourire qui illuminait son visage, et Dean sentit son cœur se réchauffer. « Merci, Dean. »

Les deux restèrent là un moment, partageant un silence chargé de sens. Dean avait toujours été un homme de guerre, et il refusait catégoriquement de laisser son esprit glisser vers l'empathie qu'il ressentait auprès de cette étrange jeune femme. La douceur, la compassion, étaient tout autant de choses qu'il avait décidé il y a bien longtemps de ne pas laisser entrer dans sa vie.

« Allons dormir, » proposa-t-il finalement, un peu plus léger. « Une longue journée nous attend. »

Avant qu'Elena puisse lui répondre, Dean tourna le dos à l'extérieur et retourna dans la chambre sansun mot de plus, laissant derrière lui les traces d'une infime lueur.

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