Chapitre 31 : L'épreuve de Dean

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Lorsque Dean reprit conscience, il fut immédiatement frappé par l'absence des odeurs familières des bars miteux : l'odeur de bière renversée, de vieilles cacahuètes et de fumée de cigarette. À la place, il ressentait un froid glacial, comme si chaque souffle d'air était chargé d'une tension palpable. Il ouvrit les yeux, ses paupières lourdes semblant réticentes à se soulever. Sa vision floue se précisa lentement, révélant des murs de métal froid et des lumières fluorescentes qui grésillaient au-dessus de lui. La salle des armes du bunker.

Il tenta de bouger, mais une douleur cuisante lui rappela qu'il était enfermé et ligoté. Ses poignets étaient enserrés dans des menottes solides, et ses jambes étaient maintenues par des chaînes lourdes. Les battements de son cœur résonnaient dans sa poitrine tandis qu'il se redressait pour examiner son environnement. À quelques mètres de lui, Sam et Elena le regardaient d'un air grave, leurs visages marqués par une inquiétude palpable.

« Je trouve la situation très ironique, » murmura Dean d'une voix rauque. « C'est ici que j'ai accepté de suivre Eva. C'est ici que je suis devenu un démon pour sauver ceux qui aujourd'hui veulent me trahir. »

Elena s'apprêtait à répondre, mais Sam lui posa une main sur le bras, lui signalant de se taire. Le regard grave de Sam croisa celui de Dean.

« Écoute, Dean, » commença Sam, la voix empreinte de sérieux. « Nous avons récupéré une arme capable de te rendre ton humanité. Mais tu vas devoir te battre. »

Dean éclata de rire, un son amer et cynique qui résonna dans la salle des armes. « Me battre, pour redevenir humain ? Non merci. »

Sam se rapprocha, son expression ne laissant aucune place pour l'ironie. « Tu n'as pas le choix. Si tu ne te bats pas pour retrouver ton humanité, tu mourras. »

Le regard de Dean se durcit alors qu'il digérait les paroles de son frère. Avant qu'il puisse répliquer, Sam fouilla dans une boîte à côté de lui. Il en sortit l'artéfact, une petite relique scintillante, et la colla contre la poitrine de Dean.

Un rayon lumineux jaillit de l'objet, enveloppant Dean dans une lumière aveuglante. Il ressentit une chaleur familière, mais terrifiante. L'artéfact fut absorbé dans son corps, et il resta immobile un instant, complètement sous le choc.

« Bonne chance, Dean, » murmura Sam, une note de désespoir dans sa voix.

Ce que Dean ressentit ensuite était indescriptible. Un tourbillon d'émotions le submergea, des vagues de souvenirs, d'angoisse, de douleur et de regrets qui se précipitaient à l'intérieur de lui, chacune plus intense que la précédente. Chaque moment qu'il avait tenté d'enterrer resurgit dans son esprit comme des fantômes affamés.

Les souvenirs de sa mère, son sourire réconfortant, mais aussi son cri de désespoir. La colère sourde contre son père, l'impuissance face aux tragédies qui avaient frappé sa famille. La peur pour la sécurité de Sam et de ses amis, le dégoût de lui-même pour toutes les atrocités qu'il avait commises en tant que démon. Tout se mélangeait dans un chaos insupportable.

Dean tomba à genoux, le visage contorsionné par la souffrance. « Arrêtez, s'il vous plaît ! » cria-t-il, les larmes aux yeux. « Je ne peux pas supporter ça ! Faites que ça s'arrête ! »

Sam et Elena échangèrent un regard, désemparés. Ils savaient qu'ils ne pouvaient rien faire. Ce n'était pas un simple rituel ; c'était une lutte pour sa vie, pour son âme.

« Sois fort, Dean, » murmura Elena en s'accroupissant devant lui. Elle effleura sa joue, une tendresse réconfortante dans un moment de chaos. « Tu y arriveras. »

Mais Dean ne voulait pas l'entendre. Accablé par ses souvenirs, il détourna le regard, refusant de céder à l'idée que l'un d'eux pourrait le comprendre ou l'aider à surmonter cette tempête émotionnelle. Sa colère était palpable, et il la dirigeait non seulement vers l'artéfact, mais aussi vers ceux qui avaient osé tenter de lui redonner ce qu'il a perdu. À ce moment-là, il ne voulait rien de plus que de fuir cette souffrance, même si cela signifiait rester enfermé dans sa rage et son désespoir jusqu'à en mourir.

***

Elena était assise depuis des heures devant l'entrée de la salle des armes, le dos contre le mur froid, les mains serrées sur ses genoux. Les cris de Dean résonnaient dans ses oreilles, des cris de douleur et de rage, alors qu'il luttait contre ses propres démons. Elle ne pouvait pas s'éloigner, même si chaque cri la déchirait un peu plus. Une partie d'elle se sentait coupable d'avoir entraîné Dean dans cette lutte. Peut-être aurait-elle dû le laisser vivre sa vie, même si c'était celle d'un démon.

Sam s'approcha d'elle, portant une tasse de thé fumante. Il s'accroupit à ses côtés, l'observant d'un regard inquiet. « Tu ne devrais pas rester ici, » dit-il doucement, essayant de capter son attention. « Reviens dans le salon avec nous. »

Mais Elena secoua la tête. « Je ne peux pas, Sam. Je dois... je dois rester là. »

« Il ne vivait pas tu sais, » répondit Sam, sa voix ferme. « Il vivait par procuration au mieux. Il n'avait ni amis, ni famille, ni aucune raison d'être heureux. Tu as eu raison de le pousser à retrouver son humanité, et tu as eu raison de me pousser à faire quelque chose. Ne recule pas maintenant. »

Sam lui tendit la tasse, l'invitant à en boire, mais elle ne parvenait pas à se détacher des échos des cris de Dean. La culpabilité lui rongeait le ventre. Sam le comprit et vint s'asseoir à ses côtés. Il s'installa en silence, laissant la chaleur de sa présence envelopper Elena comme une couverture réconfortante.

Elle ferma les yeux, tenta de se concentrer sur sa respiration. Inspire. Expire. Peu à peu, elle commença à se sentir un peu mieux, une chaleur réconfortante émergeant de la connexion qu'elle ressentait avec Sam. Lorsqu'elle sentit sa main dans la sienne, une onde de calme la traversa.

« Merci, » murmura-t-elle, sa voix à peine audible au-dessus des hurlements de Dean.

Sam lui sourit, un sourire qui disait qu'il comprenait. Ils étaient tous les deux à bout de forces, mais dans ce moment partagé, il y avait une lueur d'espoir. Ensemble, ils surmonteraient cette épreuve, peu importe combien cela prendrait.

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