Âmes Liées

Chapitre 23 : Libre

Dean Winchester avait toujours été un homme de devoir, de loyauté, mais aujourd'hui, il se sentait libre. Une liberté qu'il n'avait jamais ressentie auparavant, une sensation si délicieuse qu'elle lui enflait le cœur. Pour la première fois de sa vie, il pouvait respirer sans l'angoisse des conséquences, sans le poids des attentes. C'était comme s'il avait enfin coupé les chaînes qui l'avaient lié si longtemps à ses responsabilités, à sa famille et à ses regrets.

Il errait dans les rues de Los Angeles, le sourire aux lèvres, profitant de chaque instant de cette nouvelle existence. Le soleil se couchait à l'horizon, projetant des ombres allongées sur les pavés. Dean se sentit comme un roi, un roi dans une ville qui n'appartenait qu'à lui. Il marchait d'un pas léger, sans direction précise, savourant la chaleur du crépuscule sur sa peau. C'était un moment parfait, une sensation de puissance et de liberté qui lui faisait oublier tout le reste.

Plus de remords, plus de regrets.

Il s'était toujours battu contre ces sentiments, cette humanité qui le tiraillait. Ce qu'il avait fait - ou plutôt ce qu'il avait été contraint de faire - durant sa vie de chasseur, tout lui semblait maintenant comme un lointain souvenir. La mémoire de ses actes s'effaçait lentement, remplacée par l'adrénaline d'être lui-même, un démon.

Plus de tyrannie.

Le simple fait d'avoir éliminé Eva lui donnait un sentiment d'accomplissement. Il était enfin libre des ordres d'une entité qui voulait le contrôler. Plus besoin de tuer sans discernement, plus besoin de craindre pour sa vie. Les chasseurs, les monstres, les ordres et les interdictions, tout cela faisait partie d'un passé qu'il avait décidé de laisser derrière lui. Aujourd'hui, Dean était maître de son propre destin, et il avait l'intention de profiter de cette chance.

Dean se retrouva bientôt dans un bar, un endroit devant lequel il était passé plusieurs fois ces derniers jours sans jamais en passer la porte. Cette fois-ci il entra avec assurance, ses yeux brillants de malice, son sourire charmeur aux lèvres. La musique résonnait, vibrante et entraînante, comme un hymne à sa nouvelle liberté. Il commanda un verre, un whiskey sec, et s'assit au bar, profitant de l'ambiance.

Autour de lui, d'autres clients semblaient absorbés par leurs propres vies, riant, chantant, et s'amusant. Dean observa tout cela avec un mélange de fascination et de mépris. Il se sentait à la fois étranger et chez lui, un paradoxe qui lui plaisait. Il savait que dans cette nouvelle existence, il pouvait être qui il voulait, sans être jugé, sans avoir à rendre des comptes.

Une fois son verre en main, il s'engagea dans une conversation avec des inconnus, des visages perdus dans la nuit, chacun cherchant un peu de réconfort, un peu d'évasion. Dean se laissa emporter par leur joie, racontant des histoires plus folles les unes que les autres, riant aux éclats. C'était comme un retour à la vie, comme si tout ce qui l'avait pesé jusqu'à présent s'était évaporé dans l'air chaud du bar.

Il s'enflammait pour chaque anecdote, mais à chaque éclat de rire, une pensée fugace d'Elena revenait. Il l'ignora à nouveau. Elle avait été un élément de sa vie qu'il devait mettre de côté pour ne pas se sentir coupable, pour ne pas ressentir. Elle n'était pas là, elle ne pouvait pas le sauver de lui-même. La liberté, c'était aussi la solitude, et il était prêt à en payer le prix.

La nuit avançait, et le bar devenait de plus en plus bruyant. Dean s'amusait à flirter avec des inconnues, à jouer le rôle du charmeur insouciant. C'était un jeu qu'il maîtrisait bien, mais un autre aspect de lui-même, celui qu'il voulait à tout prix réprimer, se faisait doucement entendre. Cette impulsion d'errance ne le satisfaisait pas autant qu'il l'espérait.

Alors qu'il était en train de rire avec un groupe, il aperçut une silhouette familière au fond de la pièce. Son cœur se serra. Une femme, avec des cheveux blonds qui tombaient en cascade contre son dos. Il se força à détourner les yeux, mais la pensée d'Elena refit surface, comme une vague l'envahissant, difficile à ignorer. Il avait essayé de l'oublier, mais chaque instant de liberté le rapprochait de cette vérité qu'il s'était évertué à fuir : la solitude était un prix trop élevé. Le monde pouvait être un endroit passionnant, mais sans quelqu'un à partager ces moments, chaque rire sonnait creux, chaque verre levé était une ombre de ce qu'il avait laissé derrière lui.

Dean décida de quitter le bar, le besoin de liberté l'assaillant de nouveau. La nuit était toujours jeune, et les rues de Los Angeles l'attendaient. En sortant du bar, il ressentit un mélange de joie et de mélancolie. Le monde s'étendait devant lui, plein de possibilités et d'aventures. Mais à chaque pas qu'il faisait dans la nuit, il se rapprochait de la réalité, celle qui le hantait. Peut-être que cette liberté qu'il avait tant désirée n'était pas ce qu'il croyait. Peut-être qu'il avait besoin d'une ancre, de quelque chose ou quelqu'un pour le ramener à lui-même. Et alors qu'il marchait dans les rues illuminées, un écho de voix résonna dans son esprit, une voix qu'il aurait voulu ignorer mais qu'il ne pouvait plus éviter.

Il se mit à douter, cherchant un sens à tout cela, mais dans sa tête, une seule pensée persistait : être libre avait un prix, et il ne savait pas s'il était prêt à le payer.