Le silence qui enveloppait le bar de l'hôtel était presque palpable. Tommy avait quitté le bar depuis quelques minutes, mais l'atmosphère restait lourde. Elena, toujours assise près de Dean, semblait plongée dans une réflexion profonde. Dean, qui n'avait jamais été un grand adepte des moments silencieux, ressentait une certaine agitation monter en lui. Il la regarda en biais, cherchant à capter quelque chose, un signe, une réaction. Rien. Elle restait étrangement calme, presque distante.
Dean n'était pas sûr de ce qu'il préférait à cet instant : le fait qu'elle soit restée impassible face à ses actions possessives, ou l'idée que peut-être, il l'avait profondément troublée. Après tout, c'était ce qu'il recherchait depuis qu'elle l'avait rejointe : tester ses limites. Éroder peu à peu cette douceur qu'elle portait toujours en elle, voir jusqu'où elle accepterait d'être abimée.
Il se surprit à la détailler plus attentivement. La robe rose pâle qui moulait ses courbes délicates, ses lèvres légèrement glossées, les cheveux encadrant son visage avec une élégance naturelle. Il avait choisi cette robe précisément pour cette raison, parce qu'elle reflétait une partie d'elle qu'il savait encore présente, même après tout ce qu'ils avaient vécu. Cette Elena douce, compatissante, celle qui l'avait tant attiré à l'origine. Et à chaque instant, il se demandait combien de temps il lui faudrait pour la briser entièrement.
Dean se racla discrètement la gorge, essayant de se concentrer. Il ne pouvait pas ignorer l'idée qui le hantait constamment depuis qu'elle l'avait rejoint. Cette pulsion obscure qui le poussait à vouloir la pervertir, à faire d'elle une créature tout aussi corrompue que lui. La tentation était omniprésente, mais une infime part de lui, celle qui gardait encore une étincelle de son ancienne humanité, résistait. Il était partagé entre ce désir de la posséder entièrement et l'envie de la protéger de son propre mal.
« Tout va bien ? » demanda-t-il d'un ton bourru, brisant enfin le silence.
Elena leva légèrement les yeux vers lui, sortant de ses pensées. Elle hocha la tête, mais ne dit rien. Dean fronça les sourcils. Il détestait cette impassibilité, cette distance. Il voulait voir une réaction, n'importe quoi. Que ce soit de la colère, de la tristesse, de la peur... quelque chose. Mais elle restait de marbre.
Il soupira et se leva, tendant la main vers elle. « Viens, on va marcher un peu. »
Elena le fixa quelques secondes, avant de saisir sa main sans un mot. Ils quittèrent le bar pour se diriger vers les jardins de l'hôtel. Le luxe de l'endroit n'avait jamais vraiment été dans les habitudes de Dean. Motels bon marché, lits grinçants, et néons défaillants, voilà son quotidien. Mais quelque chose l'avait poussé à choisir cet hôtel, cette suite, pour elle. Pour leur offrir une illusion de bonheur, de beauté dans ce chaos.
Ils marchèrent en silence le long des allées fleuries, la lune brillant haut dans le ciel. Le doux son de la musique flottait dans l'air, provenant d'un groupe qui jouait dans un coin du jardin. Ils arrivèrent finalement devant un gazebo magnifiquement illuminé, au centre du parc.
Dean se tourna vers elle et lui tendit la main à nouveau, l'invitant à le suivre sous le gazebo. « Danse avec moi. »
Elena arqua un sourcil, surprise par la demande, mais ne refusa pas. Ils se rapprochèrent, leurs corps presque collés l'un contre l'autre. La musique douce résonnait tout autour d'eux, créant une atmosphère intimiste et feutrée. Dean plaça ses mains sur la taille d'Elena, puis les glissa dans le creux de ses reins, ses doigts caressant légèrement le tissu de sa robe. Ses mains bougeaient lentement, comme s'il savourait chaque seconde de ce contact.
Il la tenait fermement, presque possessivement, ses yeux ne quittant pas son visage. Il pouvait sentir son propre cœur, ou ce qu'il en restait, battre plus fort. Pour un bref instant, il se surprit à regretter son humanité. À regretter l'homme qu'il avait été, celui qui aurait pu apprécier ce moment autrement, sans les ténèbres qui le dévoraient.
Elena, quant à elle, était silencieuse, observant les mouvements de Dean. Il y avait quelque chose de rassurant dans sa présence, malgré toute la noirceur qui l'entourait. Comme s'il était toujours, d'une manière ou d'une autre, son point d'ancrage dans cette tempête.
Dean se pencha vers son oreille, rompant enfin le silence. « J'ai conscience que tout ça n'est qu'une façade, tu sais ? »
Elena fronça légèrement les sourcils, sans le regarder. « De quoi parles-tu ? »
« De toi. De cette... impassibilité que tu essaies de montrer. Ce masque que tu portes depuis que tu m'as rejoint. » Il la fit tourner légèrement, son regard sombre rivé sur elle. « Tu n'es pas celle que tu prétends être, Elena. Je le vois. »
Elena arrêta de bouger un instant, le fixant. Son regard était profond, et pour la première fois depuis longtemps, elle sembla troublée. Mais cela ne dura qu'une fraction de seconde.
« Peut-être. » répondit-elle calmement. « Mais ça n'a pas d'importance. Je suis ici. Je ne partirai pas. »
Dean serra un peu plus fort sa taille, ses lèvres frôlant son oreille. « Je suis un monstre, Elena. Et tu le sais. Alors pourquoi ? Pourquoi rester ? »
Elle recula légèrement pour le regarder droit dans les yeux. « Parce que je sais que quelque part, tout au fond, l'homme dont je suis tombée amoureuse est toujours là. »
Dean la fixa, son regard oscillant entre colère et confusion. Pendant un bref instant, il crut que cette humanité, qu'il avait tenté d'enterrer, tentait de remonter à la surface. Mais il chassa cette pensée rapidement. Il n'était plus cet homme.
« Tu as tort, » murmura-t-il, son ton tranchant.
Mais Elena ne répondit rien. Elle se contenta de se blottir contre lui, continuant leur danse dans le silence. Dean resserra son étreinte autour d'elle, sachant que, malgré tout, il ne pourrait jamais complètement la repousser.
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Âmes Liées
FanficDans un monde où les chasseurs de créatures surnaturelles luttent contre des forces obscures, Elena, une médium douce mais déterminée, se retrouve au cœur d'une bataille pour l'humanité. Après avoir eu une vision troublante d'une épidémie dévastatr...