Chapitre 5

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L'année scolaire se termine et les vacances passent rapidement. L'association reprend du service dès le début du mois de septembre et Théo et moi y retournons avec impatience. Et quelle n'est pas notre surprise lorsque nous y découvrons un nouveau venu : Hippolyte ! Théo engage immédiatement la conversation.

- Hippolyte, c'est ça ?

- Hippo, oui. Théo et Auxane, si je me souviens bien ?

- Tu te souviens bien, oui !

- Qu'est-ce que tu viens faire là ?

- Je viens juste donner un coup de main à ma sœur pour la première séance de l'année, depuis deux ans.

- Ta sœur ?

- Oui, c'est elle qui s'occupe des plus jeunes sur les chantiers.

- Cléophée ? Cléo est ta sœur ?

- Oui, ça surprend toujours car non seulement on ne se ressemble pas du tout, mais en plus on a une grande différence d'âge.

Je ne peux m'empêcher de le regarder de la tête aux pieds. Je savais bien que je l'avais déjà vu quelque part. C'était ici, certainement l'an dernier. Je le compare silencieusement à sa sœur. Effectivement, ils n'ont vraiment rien en commun. Cléophée est brune, sportive, et quasiment hyperactive, alors que ce qu'Hippolyte nous a laissé entrevoir pendant le voyage scolaire était plutôt l'image d'un garçon tranquille qui se laissait porter par le courant. Il nous explique qu'elle a vingt-cinq ans et qu'elle n'est pas sa sœur biologique. Ses parents l'ont recueillie il y a une dizaine d'années et le foyer où elle vivait avant était régulièrement invité à participer à des chantiers de sauvegarde organisés par l'association, alors dès qu'elle a été en âge de s'occuper à son tour des plus jeunes, elle n'a pas hésité à s'investir personnellement. Théo et moi connaissons Cléo depuis trois ans et nous n'avions pas même soupçonné qu'elle puisse avoir eu une enfance malheureuse, tellement elle nous chouchoute sur les chantiers. Je demande alors à Hippolyte :

- Et toi, ça ne t'intéresse pas de participer aux chantiers avec nous ?

- Cléo me tanne tous les ans, mais je vous avoue que je trouve ça un peu... je sais pas... ringard ?

- Ringard ?

- Ouais, je sais pas trop comment dire ça, je voudrais vraiment pas vous vexer, mais je trouve que c'est un truc de vieux le patrimoine. On s'en fout un peu, non ?

- Ben, chacun ses goûts ! Nous ce qu'on préfère dans l'asso, c'est partir pour des week-ends complets. On passe toujours de super bons moments.

Deux à trois fois par an en effet, nous partons tous ensemble en minibus et convoi de voitures un peu partout en France. La journée nous déblayons ou entretenons des monuments à l'abandon, et le soir, nous rentrons dans des gîtes avec de grands dortoirs ou dans des campings dans de simples tentes et passons d'agréables moments tous ensemble.

- Ça je veux bien le croire, quand ma sœur raconte comment ça se passe, c'est sûr que ça donne envie. Mais venir chaque samedi pour racler de l'herbe ou déplacer des pierres sur toutes les ruines du coin, je vous avoue que ça m'emballe nettement moins !

- On s'amuse beaucoup en fait, tu sais. Tout se fait dans la bonne humeur. Surtout qu'on est finalement assez peu de jeunes. On n'est qu'une petite dizaine.

- Je sais, je sais. Mais remarquez, ça pourrait être l'occasion que je me lance, cette année... Et puis Cléo serait ravie, c'est sûr !

- Tu ne le regretteras pas, j'en suis sûre. Et puis, au pire, rien ne t'oblige à continuer toute l'année si tu trouves ça ennuyeux...

- Si j'arrête en cours d'année, je pense que Cléo m'abandonne sur un chantier !

Nous rions ensemble à cette idée, car Cléophée en serait bien capable.

La semaine suivante, Hippolyte revient comme promis et nous annonce au bout de quelques minutes qu'Icare nous envoie le bonjour. Immédiatement, mon cerveau s'agite. Hippolyte et lui ont donc parlé de nous. Pour quelle raison ? Qu'ont-ils dit ? L'avaient-ils déjà fait depuis le voyage en Italie ? Une avalanche de questions se bousculent dans ma tête. Je me contente simplement de lui dire de le lui renvoyer lorsqu'il le verra, à l'occasion. Il me répond qu'ils sont dans le même lycée, qu'ils se voient donc tous les jours de la semaine, et parfois même le week-end.

- Icare m'a dit de vous demander si vous pourriez lui prêter la cassette du groupe que vous lui aviez fait écouter dans le bus.

Je demande ironiquement :

- Il se met à écouter de la vraie musique ?!

- Je peux pas te dire, il m'en a pas dit plus.

- Il veut peut-être laver ses oreilles de sa musique pourrie ? Quoi qu'il en soit, pas de problème, j'amènerai ma cassette samedi prochain. Mais s'il préfère, j'ai plutôt le CD. La cassette n'était qu'une copie pour qu'on puisse l'avoir sur le baladeur.

- Ben, à vrai dire, j'en sais rien, le plus simple pour toi ! Il sera de toute façon content j'en suis sûr.

Ma tête s'emballe à nouveau. Pourquoi Hippolyte a-t-il fait cette dernière remarque ? Est-ce qu'Icare sera simplement content d'obtenir le CD ou content que ce soit moi qui le lui prête ?



Je croi(s) qu'en fait je t'aime...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant