Je sens des doigts me frôler la joue.
— Aux, réveille-toi, on est arrivés.
J'ouvre les yeux et me redresse d'un seul coup. Théo me sourit. Je suis soulagée de voir que ce n'est que lui.
— Ça va, bien dormi Madame la marmotte ?!
Je bâille.
— J'ai mal au cou et j'ai besoin de m'étirer les jambes.
J'ai somnolé presque quatre heures sans m'en apercevoir. Nous sommes seuls dans le minibus, tout le monde est déjà descendu. Je frappe brusquement mes mains sur mes cuisses pour finir de me réveiller et nous sortons. Nous sommes sur une grande étendue d'herbe entièrement vide. A part quelques gros arbres et un bâtiment en fond de terrain, il n'y a rien. L'air est frais malgré la saison. Le climat montagnard devrait me redonner de l'énergie assez vite.
Cléophée tape dans ses mains pour rassembler tout le monde et donner les consignes.
— C'est ici que nous camperons. Il n'y aura que notre groupe donc vous pouvez installer votre tente où vous voulez. Le bâtiment que vous voyez là-bas est le bloc sanitaire. Les toilettes et les douches s'y trouvent. Les jeunes, allez monter vos tentes et poser vos affaires, on part sur le chantier dans une grosse demi-heure. Les autres, commencez peut-être par garer vos voitures toutes ensembles pour un semblant d'organisation, elles ne bougeront pas du week-end, puis montez aussi vos tentes et venez me donner un coup de main, il faut aussi monter le petit chapiteau pour les repas du soir et les petits déjeuners. Go !
Théo se charge d'aller récupérer nos affaires à l'arrière du minibus, me les fait passer puis me rejoint.
— Tu veux te mettre où ?
— Je sais pas, j'aimerais voir où vont s'installer Hippo et les autres, histoire qu'on se mette tous ensemble, pas trop proches des adultes pour être tranquilles.
— Facile alors, chaque fois les adultes se collent aux sanitaires, rappelle-toi comment c'est d'habitude !
— C'est vrai. On fait quoi alors ? On attend que les garçons s'installent et on se met pas trop loin d'eux, ou on monte notre tente et on leur propose de venir avec nous ?
Théo et moi regardons en direction du groupe de quatre. Ils sont encore en train de chercher leurs affaires au milieu du matériel dans le minibus.
— On s'installe et si on voit qu'ils ne viennent pas dans notre direction, tu iras leur proposer de venir avec nous !
— Ben voyons !
— Merci mon petit Théo !
Je l'embrasse sur la joue en mettant mon sac sur l'épaule et nous partons à l'opposé du bloc sanitaire. Nous nous arrêtons à proximité d'un chêne centenaire, ça sera toujours bien d'avoir un peu d'ombre. Nous posons nos sacs à terre et commençons à déballer celui qui contient notre tente. Nous avons l'habitude de la monter et n'avons même pas besoin de nous répartir les tâches. Sans qu'on s'en aperçoive, Hippo et ses trois copains arrivent à notre hauteur.
— On peut se mettre avec vous ?
Théo leur répond.
— Bien sûr ! Il y a de la place ! On n'a qu'à installer nos tentes en cercle, ce sera plus sympa. On pensait mettre la nôtre pas trop loin du chêne.
— La vôtre ? interroge Icare. Vous dormez ensemble ?
— Oui pourquoi ? Vous avez amené une tente pour chacun, vous ?
— Ben oui ! On n'y a pas réfléchi à vrai dire. On est cons, si ça se trouve on n'avait pas besoin de déménager tout ça. Moi par exemple c'est une tente deux places.
— Deux places c'est le minimum pour avoir aussi de l'espace pour stocker tes affaires. Notre tente à Aux et moi est une trois places, justement pour avoir de quoi mettre nos sacs.
— Un vrai petit couple de professionnels, quoi !
— Quasiment, répond Théo en riant.
Je ne bronche pas et fais mine de continuer le montage pour me donner une contenance. Quelques instants après, chacun se bat avec ses piquets, ses sardines ou son gonfleur à matelas. Au bout de vingt-cinq minutes, les cinq tentes sont montées, solidement fixées au sol, à peu près en cercle, avec toutes les entrées face à face. Théo et moi avons fini en premier, nous sommes déjà changés et chaussés, nos sacs vissés sur le dos avec une grande bouteille d'eau fraîche chacun. Nous rejoignons les adultes pour prendre du matériel et Cléophée nous explique que le chantier se trouve juste au-dessus de nous, en haut de la butte voisine. Nous devrons chaque matin emprunter un chemin de randonnée pour trois quarts d'heure environ, chargés de nos sacs contenant le pique-nique, et de tout le matériel nécessaire sur place, à savoir des truelles, des seaux, des brosses, des tamis et des boîtes de stockage pour redescendre d'éventuels vestiges. Théo se charge de notre matériel tandis que je prévois de quoi manger pour nous deux. Les garçons nous rejoignent au moment où nous commençons l'ascension. Ils ont couru dans tous les sens et semblent déjà fatigués, mais ils ont le sourire.
Le sentier est raide et je me félicite d'avoir pensé à prendre mes chaussures de randonnée. Rapidement, le groupe s'éparpille et la colonne que nous formions au départ s'étire. Théo et moi sommes au milieu de la file, Icare et Guillaume sont juste derrière nous, alors que Célian et Hippo traînent bien plus bas.
Icare demande tout à coup :
— Vous êtes déjà venus ici ?
Cette fois, c'est moi qui lui réponds.
— Non, mais ça a l'air trop beau. Je pense que la vue sera belle une fois qu'on sera arrivés en haut.
— On attaque directement quand on arrive ?
— Ah non, on mange d'abord vu l'heure qu'il est ! On commencera en suivant.
— Vous savez comment ça se passe ?
— Oui, on va être dispatchés en petits groupes sur tout le site.
— Ce sera des groupes de combien ?
— Ça je ne sais pas, Cléo nous le dira en fonction de la quantité de travail sur les différents postes.
— OK, et ça vous dirait qu'on se mette ensemble ?
— Tous les six tu veux dire ?
— Oui, ou même que tous les quatre, en fonction de ce qu'il faudra.
— Pas de souci.
Heureusement que nous sommes devant eux et qu'ils ne peuvent pas voir mon visage, car un sourire niais s'y est installé.
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Je croi(s) qu'en fait je t'aime...
RomanceAuxane et Icare se rencontrent en 1996 alors qu'ils sont encore jeunes. Rapidement, ils se tournent autour et tous les prétextes sont bons pour multiplier les contacts, jusqu'à ne plus pouvoir se passer l'un de l'autre. Mais les années passent sans...