Chapitre 32

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Nous partons finalement tous les trois en poussant nos brouettes en direction du sentier à reboucher. La première partie du parcours qui paraissait plate monte légèrement et je me fatigue rapidement en marchant dans l'herbe, même si je n'en laisse rien paraître. Lorsque nous atteignons enfin le chemin à proprement parler, je suis presque soulagée. Il est en terre battue et pratiquement plat, ce qui facilitera notre avancée. Guillaume s'arrête au bout de quelques mètres et pose sa brouette.

— Putain ça me coupe la circulation du sang dans les doigts tellement c'est lourd cette merde !

Je suis ravie de faire comme lui. Je regarde mes mains dont les doigts sont effectivement presque violets.

— Je crois qu'on a tout intérêt à charger moins de tuiles au prochain voyage.

Icare se moque de nous.

— Alors les petits, on manque de force ?!

— Tu nous cherches ? Fais gaffe on est deux contre toi avec Guillaume !

— Et vous pourriez me faire quoi avec vos bras ridicules ?!

— Te pousser dans le ravin ! me devance Guillaume.

En effet, le sentier est exactement comme nous l'avait décrit Cléophée, étroit et vertigineux. Icare fait mine de me supplier en joignant ses mains en signe de prière.

— Tu ne me sacrifierais pas quand même ? Tu me défends si Guillaume m'attaque !

Je ne réponds volontairement qu'à sa deuxième remarque et feins d'être vexée par sa remarque précédente.

— Je ne pense pas que tu aies besoin de mes bras ridicules pour te défendre...

Guillaume éclate de rire.

— Bien vu ! Auxane, un, Icare, zéro !

Il lève la main à hauteur de mon visage et j'y tape dedans, comprenant rapidement que notre alliance fera bouillir Icare.

— OK, vous voulez jouer, on va jouer !

Icare reprend sa brouette et s'éloigne à grandes enjambées, pour nous semer. Mais au bout de quelques dizaines de mètres d'avance seulement, il se ravise, se retourne, et crie à l'attention de Guillaume :

— Je vous attends, parce que t'es foutu de lui raconter des conneries sur moi !

Lorsque nous arrivons à sa hauteur, je lui mens, en passant, sans m'arrêter.

— Trop tard, il a quand même eu le temps de me raconter un truc sur toi sacrément surprenant. Je ne te croyais pas comme ça !

Icare jette un regard noir à Guillaume, qui entre immédiatement dans mon jeu.

— Qu'est-ce que tu lui as raconté ?

— Ah ah ! T'aimerais le savoir, hein ?!

— Allez, accouche, c'est quoi ?

— Tu le sauras pas !

Il double Icare et me rattrape.

Nous passons ainsi l'après-midi à nous taquiner tous les trois, et lorsque la fin de la journée est annoncée, nous n'avons fait que quatre allers-retours jusqu'aux trous à boucher.

De retour à l'auberge de jeunesse, je pars directement à la douche pour me débarrasser de la poussière qui me colle à la peau de la tête aux pieds. Lorsque j'en sors, je trouve notre chambre vide. Je tends l'oreille et reconnais les voix de mes camarades qui montent du sous-sol. Je descends et découvre une salle de jeux avec une table de ping-pong autour de laquelle les cinq garçons sont en train de disputer un match. Dès qu'il m'aperçoit, Théo me donne sa raquette pour partir à son tour se laver. Célian, qui visiblement arbitre, m'annonce :

Je croi(s) qu'en fait je t'aime...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant