Chapitre 29

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A peine installés sur mon lit, Théo et moi nous mettons à réfléchir ensemble à la réponse à faire au petit mot d'Icare. Le début nous vient facilement :

« Salut ! Merci d'avoir pris la peine de t'expliquer parce que je t'avoue que je n'avais pas trop compris ta réaction. »

J'ai beau lire et relire son mot des dizaines de fois, la suite ne vient pas. Théo me propose :

— Et pourquoi pas « Tant d'histoires pour une "salope", ça n'en valait pas franchement la peine... » ?

— Bonne idée ! Surtout les points de suspension. Par contre il ne faut pas finir là-dessus si on veut reprendre un réel échange.

— Ah oui, c'est sûr. A mon avis, ensuite, il faut embrayer sur la musique. Un truc dans le style de ce que tu mettais avant, voilà le CD de tel groupe et la vidéo de tel autre.

— Adjugé ! Je pourrais aussi lui demander si le live de Biohazard qui a été diffusé mercredi sur le câble l'intéresse.

— Très bien ! Bon, ben tu n'as plus qu'à écrire tout ça, et tout lui donner jeudi prochain.

— Oui. Ça le fait si je lui demande si Adréane est sa sœur, tu penses ?

— Je te rappelle qu'on n'est pas censés connaître son nom de famille, et qu'on ne le connaît que grâce à notre petite enquête clandestine, alors ça ne me paraît pas une bonne idée, non. A la limite, il faudrait que tu arrives à placer dans une conversation avec lui que tu es en seconde deux, et si c'est vraiment sa sœur, il te le dira forcément à ce moment-là.

— Ou pas... Bon, enfin, on verra, ce n'est pas non plus d'une importance capitale.

Une fois le mot au propre, je le découpe, le plie et le glisse dans l'emballage de la cassette de clips de métal que je lui ai préparée. Et subitement, je pense à quelque chose :

— Ça ne va pas être bizarre la prochaine fois qu'on va se faire la bise tu crois ? On s'est vus tous les jours depuis la rentrée donc on va forcément se revoir d'ici à jeudi prochain. Ça va être étrange de faire comme si de rien n'était, et de ne faire aucune allusion à ses excuses.

— Oui, effectivement, mais ce serait quand même mieux de ne pas en faire à mon avis. S'il a pris la peine de t'écrire tout ça et non pas de te le dire de vive voix, c'est peut-être aussi parce que c'était plus facile pour lui. Alors si tu reviens sur le sujet, tu pourrais le mettre mal à l'aise.

— Non mais de toute façon je ne le ferai pas Théo, je ne suis pas non plus très à l'aise avec cette idée rassure-toi, je me posais la question, c'est tout.

— Je pense que pour le moment il vaut mieux que vous vous en teniez à votre simple « Salut ça va » le temps que vous vous détendiez tous les deux.

— Tu sous-entends quoi, là ?

— Que dès que vous vous voyez on ressent votre stress de façon tout simplement hallucinante...

— Et c'est bon signe tu penses ?

— L'avenir nous le dira...

Chaque jour suivant, Icare et moi nous voyons effectivement mais nous n'avons pas le temps de papoter. Et quand arrive le jeudi, jour de notre désormais traditionnelle entrevue, je lui remets la cassette, en coup de vent. Je me demande alors s'il va l'ouvrir tout de suite pour voir ce que j'ai répondu ou si comme moi il attendra d'être sorti de cours. Et est-ce qu'il va montrer ma réponse à quelqu'un, comme moi je le fais avec Théo ? Je n'ai pas le temps de me poser plus de questions, l'heure du cours d'allemand débute.

Je croi(s) qu'en fait je t'aime...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant