Les quelques semaines qui nous séparent du week-end dans les Pyrénées me paraissent interminables. Mais quand arrive enfin le vendredi matin tant attendu, je saute partout. Je n'ai quasiment pas dormi de la nuit, de peur de ne pas me réveiller assez tôt le matin venu. Je suis prête à six heures, alors que le rendez-vous n'est fixé qu'à sept heures et demie. Je me rends à pied chez Théo et ne peux m'empêcher de faire un détour pour passer juste devant la maison d'Icare. Une fenêtre est allumée à l'étage, peut-être est-ce sa chambre. Je ne m'attarde pas et file ensuite retrouver mon meilleur ami. Lorsque je rentre dans sa chambre, il est encore en caleçon, les yeux pleins de sommeil, qu'il écarquille d'ailleurs quand il m'aperçoit.
— Aux ? Déjà ? Mais c'est quelle heure ?
— Rassure-toi, c'est moi qui suis très en avance. Il n'est même pas six heures et demie.
— Tu es debout depuis des heures, c'est ça ?
— C'est ça... Je n'en peux plus d'attendre !
— OK, je me prépare en vitesse et on va à l'asso à pied plutôt que de prendre le bus, ça va te calmer un peu !
— Très bonne idée. Enfile un pantalon, et on décolle. On prendra des croissants en passant devant la boulangerie.
Théo secoue la tête en riant.
— Que je t'aime quand tu es enthousiaste comme ça, Aux ! Allez, je me dépêche et on file. Pendant que je me débarbouille, prépare mon sac à dos avec mon baladeur et de quoi partir en rando s'il te plaît.
— Ça marche, grouille-toi !
Nous nous connaissons depuis si longtemps qu'il n'a pas besoin de me préciser avec quels vêtements ni quelles chaussures il préfère marcher. J'ouvre son placard, en sors le sac qu'il utilise tout le temps et le remplis des affaires qu'il m'a demandées. Au moment où je termine, il revient de la salle de bains et nous descendons directement jusqu'à la boulangerie, puis nous nous mettons en route.
Nous arrivons au siège de l'association une grosse demi-heure plus tard, au moment où Cléophée, accompagnée de son frère Hippo, est en train de tourner la clé dans la serrure. Elle se retourne quand elle l'entend nous saluer.
— Vous êtes tombés du lit tous les deux ? nous demande-t-elle.
— Comme la dernière fois tu nous as dit que les anciens devaient montrer l'exemple, ben, on obéit.
— Je plaisantais !
— Mais oui, ne t'inquiète pas, on sait !
Alors que nous rions ensemble devant la porte de l'association, le bus s'arrête à quelques mètres. Célian, Guillaume et Icare en descendent, tout sourires, les bras chargés de leurs sacs. Théo me fait un clin d'œil.
Une fois que les derniers adultes sont arrivés et que tout le monde a chargé ses affaires dans le minibus, nous prenons place à l'intérieur. Comme à mon habitude, je me mets tout au fond, contre la vitre. Théo est encore en train de discuter avec un des adultes, alors Icare s'engouffre derrière moi et s'installe juste à côté, suivi de Guillaume. Lorsque Théo monte enfin, il s'assoit devant moi en me faisant un sourire discret. La porte latérale est fermée, et nous nous mettons en route.
Durant tout le trajet, Icare est tourné vers moi et nous parlons musique. Guillaume finit par s'endormir contre la vitre. Lorsque Cléophée, qui conduit, annonce que nous sommes à destination, je réalise que je n'ai pas vu le long trajet passer. Et dès que nous sommes tous descendus, elle poursuit :
— Chacun décharge ses affaires et s'installe dans une chambre. Comme d'habitude, les jeunes, mettez-vous dans la pièce la plus éloignée de nous, histoire que vous ne nous empêchiez pas de dormir. Ensuite, on mange tous ensemble et on ira sur le chantier cet après-midi. Nous aurons besoin des véhicules. Allez, c'est parti !
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Je croi(s) qu'en fait je t'aime...
RomanceAuxane et Icare se rencontrent en 1996 alors qu'ils sont encore jeunes. Rapidement, ils se tournent autour et tous les prétextes sont bons pour multiplier les contacts, jusqu'à ne plus pouvoir se passer l'un de l'autre. Mais les années passent sans...