Nous terminons la nuit dans les bras l'un de l'autre, refusant de nous séparer après des moments si intenses. Plane également au-dessus de nos têtes l'échéance des vacances, moment où nous devrons être éloignés, car je dois aller voir ma famille à Bordeaux pour les fêtes, alors qu'Icare restera à Pau.
Le lendemain de notre nuit, Icare décide finalement de sécher ses cours exceptionnellement, pour prolonger un peu plus nos derniers moments ensemble, avant ce qui nous paraît être une éternité insurmontable. En effet, le soir même il doit se rendre à une soirée étudiante avec Eustache et d'autres amis, et le lendemain soir je serai déjà partie pour Bordeaux. Ce sont donc nos tous derniers instants à deux avant un bon moment. Alors lorsque nous nous quittons quand je le dépose en bas de chez lui, je suis incapable de parler tellement la boule que j'ai dans la gorge prend de place.
Quand je reviens à mon appartement, l'âme en peine, j'aperçois immédiatement une enveloppe laissée sur mon lit, calée sous mon portable. Je l'attrape en soulevant mon téléphone, dont le signal de réception d'un message se déclenche au même moment.
> Tu me manques déjà...
Je suis bien trop curieuse et impatiente de savoir ce que referme l'enveloppe que je déchire rapidement, alors je ne réponds pas à Icare tout de suite, même si son petit message me touche sincèrement. Je concentre mon attention sur la feuille à petits carreaux que je trouve à l'intérieur et reconnais sur le champ le papier dont il se servait à l'époque de nos petits mots. Il a donc dû laisser tout ça ce matin sans que je m'en aperçoive, au moment où nous partions.
« Ma petite Aux,
Tout d'abord : je t'aime... Tu ne cesses de me charmer, tu as envoûté mon esprit et mon cœur, tu me rends heureux, je suis amoureux et je t'aime, je t'aime, je t'aime ! JE T'AIME !!!!! Ça faisait longtemps que j'attendais ce moment. Je voulais une fille qui soit intelligente, sincère, fidèle, jolie, gentille, rigolote, passionnante, une fille parfaite ! Et devine quoi ?! Je l'ai trouvée ! Même si j'ai mis du temps à la faire craquer...
On se quitte un jour ou même une heure et tu me manques déjà. Je me suis jamais senti aussi bien avec qui que ce soit. En fait, le seul problème dans notre relation c'est que je ne peux plus me passer de toi... Ces vacances loin de toi vont être horribles. J'espère que mon cœur ne va pas finir par exploser...
Je te fais des milliers de gros bisous, et comme je ne te l'ai pas assez dit, je t'aime !
Ah ! Et au cas où tu te poserais la question, j'ai vérifié toutes mes conjugaisons tout seul comme un grand...
Ton petit démon »
Sa lettre me bouleverse. Tous ces mots magnifiques me touchent profondément, et entre la fatigue cumulée de ces dernières heures et l'euphorie provoquée par notre première fois, je ne peux retenir plus longtemps mes larmes et les laisse couler abondamment. Je réfléchis sur-le-champ à une raison à invoquer à mes parents, qui pourrait justifier que je ne rentre pas à Bordeaux malgré les fêtes de fin d'année. Il est hors de question que je sois éloignée de lui pour autant de jours et de nuits. Et alors que divers stratagèmes s'échafaudent dans ma tête, Icare m'offre la solution sur un plateau, moins d'une heure plus tard.
> Tu crois qu'il pourrait y avoir une petite place pour moi dans ta voiture demain ?
> Pour rentrer à Bordeaux ???
> Oui, j'ai très envie de voir ma famille d'un seul coup...!
> Je passe te prendre quand tu veux !
> Quand ça t'arrange mon ange, ne change pas l'horaire que tu avais prévu pour moi, je m'adapte.
> 18h chez toi, on roulera de nuit.
> Parfait !
Mes larmes se tarissent instantanément et mon visage se fend d'un sourire impossible à réprimer. Je suis à nouveau sur un petit nuage.
Lorsque nous nous retrouvons le lendemain soir, Icare m'attend sur le trottoir avec son sac, qu'il fourre rapidement dans le coffre de ma voiture avant de s'engouffrer à la place passager. Il prend ensuite mon visage entre ses grandes mains et nous nous embrassons avidement avant que je ne redémarre.
— Ça fait longtemps que tu m'attends ?
— Non, t'inquiète pas.
Il place sa main sur ma nuque et joue avec mes cheveux en poursuivant.
— Eustache était là, alors pour échapper à son interrogatoire je me suis barré en douce.
— Son interrogatoire ? Tu veux dire que tu l'as pas prévenu que tu partais ?
— Si, je lui en ai parlé hier et il m'a dit que c'était une connerie. Qu'on avait prévu plein de soirées pendant les vacances et que je serais mieux ici à m'éclater. Il a une conception bien à lui du couple...
— C'est-à-dire ?
— Ben pour lui, la vie à deux, c'est bon pour les vieux. Il change de copine à chaque soirée. Sa philosophie c'est "on vit qu'une fois !".
— Je vois... Peut-être que quand il aura trouvé la bonne personne il changera d'avis.
— Je crois pas, honnêtement. Mais assez parlé de lui ! On pourra se voir, j'espère, sur Bordeaux ?
— Dès que possible oui !
— T'as prévu quoi comme planning ?
— Rien du tout, juste la journée du réveillon et de Noël en famille, et le réveillon du premier de l'An avec Théo.
— À Bordeaux ou à Pau ?
— À Bordeaux théoriquement. Il doit rentrer avec Théodora en fin de semaine prochaine. Et toi, t'as prévu quoi ?
— De... faire la surprise à mes parents ce soir !
— Tu veux dire que tu les as pas prévenus ?
Je secoue la tête en souriant et Icare déplace sa main sur ma cuisse.
— Non ! Avec un peu de chance ils seront pas là demain soir, ils sont rarement à la maison le week-end.
— Reste ta sœur...
— Pas de risque, elle sort tout le temps le samedi.
— Croisons les doigts alors ! Parce que même si mes parents sont cool, je me vois pas trop te ramener à la maison et faire les présentations officielles...
— Moi non plus, rassure-toi !
Nous passons le reste du trajet à discuter de tout et de rien, en musique, et quand nous arrivons à Bordeaux, je fais semblant de le laisser me guider jusqu'à chez lui, sans lui avouer que je sais très bien où il habite. Il me demande de me garer le long de leur clôture et d'éteindre les phares pour ne pas attirer l'attention, et nous profitons de nos lèvres respectives pendant une dizaine de minutes supplémentaires et indispensables avant de nous séparer.
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Je croi(s) qu'en fait je t'aime...
RomanceAuxane et Icare se rencontrent en 1996 alors qu'ils sont encore jeunes. Rapidement, ils se tournent autour et tous les prétextes sont bons pour multiplier les contacts, jusqu'à ne plus pouvoir se passer l'un de l'autre. Mais les années passent sans...