65. Nouveaux échanges épistolaires

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Icare me demande de passer le prendre le soir venu, et me guide jusqu'à un petit restaurant italien adorable dans un quartier animé du centre-ville. J'y vois là un clin d'œil à notre première rencontre lors du voyage scolaire en Italie, presque sept ans plus tôt. Mais mon pessimisme y voit aussi la façon de boucler la boucle, ce soir est certainement une soirée d'adieux, un point final à notre relation. J'écarte ces pensées momentanément pour savourer l'instant, mais Icare vient confirmer mes peurs, lorsqu'on nous apporte nos desserts.

— T'es vraiment une fille exceptionnelle, Aux. Et habillée comme ça, putain... !

Il ne finit pas sa phrase mais me regarde en ouvrant les yeux en grand, comme s'il était prêt à me dévorer. Je ne peux alors plus retenir la question qui me brûle les lèvres depuis des jours.

— Alors pourquoi ne plus vouloir qu'on soit ensemble ?

Il hésite un moment, baisse les yeux dans son assiette, et sans me regarder, m'assène le coup de grâce.

— Je ne t'aime plus...

La boule qui s'était faite plus petite dans ma gorge ces derniers jours revient brutalement, m'empêchant de parler. Je retiens mes larmes et ne réponds rien. Nous restons silencieux tous les deux et finissons par quitter le restaurant, sans même avoir mangé nos douceurs sucrées.

Alors que nous marchons vers ma voiture, il passe sa main autour de mes épaules en me serrant contre lui, comme pour me réconforter. Je sens la chaleur familière parcourir mon corps mais je me force à rester impassible. Je voudrais être assez forte pour le repousser mais en suis totalement incapable. Nous nous mettons en route et arrivés devant chez lui, au moment où il doit descendre, il me regarde droit dans les yeux et me dit :

— J'ai très envie de t'embrasser.

Je souris triomphalement pour donner le change et masquer mon désarroi profond. Et je ne cède pas.

— Je n'embrasse pas le premier venu. Descends vite que je gêne la circulation !

— Un point pour toi ! A bientôt...

Et il disparaît.

Moins d'une heure plus tard, il m'envoie un message qui me redonne le sourire pour quelques instants.

> Tu jubiles, hein ?

Je suis au fond du saut mais choisis une fois de plus de ne rien laisser paraître.

> J'avoue que je suis pas mécontente de moi...

Ce sont les derniers mots que nous échangeons et je passe les semaines suivantes à me morfondre, comme happée par le fond d'un gouffre sans fin, où résonnent ses mots « Je ne t'aime plus ».

A la veille des vacances de Noël, certainement nostalgique de notre relation à la même période un an plus tôt, je lui envoie un long message lui disant qu'il me manque affreusement et lui demandant comment il va. Mais mon portable reste désespérément muet. Je suis perdue entre deux interprétations, soit il veut couper les ponts parce qu'il est déjà passé à autre chose, soit il en a assez de mes jérémiades et il ne me répondra plus.

A mon retour à Pau après pour les fêtes de fin d'année passées à Bordeaux, je trouve une lettre dans ma boîte, et je reconnais immédiatement l'écriture de la main qui a rédigé l'adresse. L'enveloppe est timbrée, cette fois il ne s'est pas déplacé pour la déposer. Je me précipite dans mon appartement et ouvre l'enveloppe sans prendre la peine de sortir mon manteau.

« Salut Aux !

Déjà désolé pour le papier, j'ai trouvé que ça dans le gîte où je suis avec les potes pour ces vacances, dans les Alpes. Désolé aussi pour le stylo.

Je croi(s) qu'en fait je t'aime...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant