Chapitre 56

2.3K 306 11
                                    


Quelques heures plus tard, Icare se réveille en sursaut et j'ouvre les yeux immédiatement. Il fait déjà jour, preuve que nous avons dû dormir profondément. Il tire son portable de sa poche et regarde l'écran.

— Putain huit heures moins vingt !

Il m'embrasse en vitesse sur le front et se lève d'un bond.

— Je file !

— Attends, je vais te déposer en voiture, tu gagneras du temps.

— Euh... Ouais, là je veux bien merci, t'es un ange ! J'appelle Eustache pour qu'il prenne mon sac avec mes affaires comme ça t'as juste à me poser à la fac, si ça te dérange pas.

— Ça marche, en route !

Nous nous précipitons jusqu'à ma voiture garée dans la rue, vêtus de nos habits de la veille et le visage encore plein de sommeil. Moins d'un quart d'heure plus tard, il descend presque en marche lorsque j'arrive devant l'université, claque la porte, et part en courant avant de faire demi-tour. Il revient à hauteur de la vitre conducteur, que j'ouvre, prend mon visage dans ses mains et m'embrasse tendrement.

— Merci petit ange ! Passe une bonne journée, je t'appelle.

Il part ensuite comme un dératé vers l'entrée du premier bâtiment et disparaît derrière la porte. 

Je rentre chez moi et lorsque j'arrive dans ma rue, je vois Théo qui attend devant le portail qui mène à mon appartement. Il m'aperçoit et me rejoint à ma voiture le temps que je me gare.

— Salut Aux ! Et d'où est-ce qu'on arrive à cette heure-ci, s'il te plaît ?!

Nous nous faisons la bise dès que je pose un pied sur le trottoir.

— Toi et tes sous-entendus allez être déçus, j'ai juste déposé Icare à la fac. On s'est endormis sur mon canap', comme deux loques, et il allait être à la bourre. C'est tout !

— Mouais, ouais... C'est ce qu'on dit !

Je le pousse de l'épaule et nous nous dirigeons ensemble vers mon appartement. Quand nous y pénétrons, je lui fais remarquer que le canapé-lit n'est pas défait, pour arrêter là ses suspicions.

— Je te taquinais, Aux ! Je sais bien que tu n'es pas comme ça...

J'ouvre les volets et aère malgré le froid de la saison.

— Bon, alors, qu'est-ce qui t'amène de si bonne heure mon Théo ?

— J'ai un service à te demander.

— Tout ce que tu veux !

— Théophane m'a proposé de partir avec lui ce week-end.

— Waouh ! Où ça ?

— Pas bien loin, en Espagne.

— Et quel est le problème ?

— On partirait de vendredi à midi jusqu'à lundi dans la journée. Sauf qu'il a un chien.

— Tu veux que je passe le nourrir, c'est ça ?

— Pas tout à fait. En fait, c'est un petit chien, et il ne le laisse jamais tout seul la nuit.

Je le taquine.

— Donc vous dormez avec le chien quand il vient chez toi ?

— Patate ! Il est très mignon, il est propre et il ne bouge pas. Tu pourrais le garder chez toi pendant qu'on sera là-bas s'il te plaît ?

Il accompagne sa question d'une position de prière théâtrale.

— Mais bien sûr, Théo, pas de problème !

— Il pensait l'amener mais il s'est rendu compte que son vaccin antirabique n'était plus à jour, et c'est normalement obligatoire.

— Pas de souci, je t'assure, ça me fait plaisir, tu sais combien j'aime les chiens. Vous me l'amenez quand vous voulez, je m'en occuperai.

— Merci Aux !

Nous prenons notre petit déjeuner ensemble et partons ensuite en cours.

Dans l'après-midi, mon téléphone vibre, sur l'écran, le prénom d'Icare.

« JE PASSE PAS CE SOIR JE SUIS TROP FATIGUÉ. »

L'euphorie qui ne m'avait pas quittée depuis plusieurs heures retombe brutalement. Je suis terriblement déçue, mais après quelques minutes de réflexion, j'en arrive à me convaincre que cela me permettra aussi de me reposer.

« OK. ON SE VOIT DEMAIN ? »

« BIEN SÛR ! »

Je profite donc de ma soirée libre pour aller au lit très tôt et m'endors immédiatement jusqu'au lendemain matin, rêvant d'avance de la soirée à venir. Malheureusement, dans l'après-midi, Icare m'envoie un nouveau texto pour visiblement à nouveau repousser notre rendez-vous.

« TU PRÉFÈRES QUE JE VIENNE CE SOIR OU DEMAIN ? »

Je ne comprends pas qu'il ne veuille pas être avec moi pour toutes ses soirées. Je suis totalement accro à lui et je donnerais tout pour passer même mes journées auprès de lui. Je meurs d'envie de lui répondre « les deux », mais me contente d'un :

« COMME TU VEUX. »

« JE PASSERAI DEMAIN ALORS, J'AI DU BOULOT. BISOUS. »

Je ne lui envoie volontairement pas de réponse, espérant qu'il percevra ma déception. Je suis totalement sous son charme et il me manque déjà beaucoup. J'aurais préféré qu'il vienne le soir même et le lendemain soir pour que l'on passe plus de temps ensemble.

Et comme pour bousculer mes plans jusqu'au bout, Théo m'appelle dans la soirée pour me demander si je ne pourrais finalement pas plutôt garder le chien de Théophane dès le lendemain et jusqu'au dimanche, car ils souhaitent partir plus tôt que prévu en Espagne.


C'est donc en compagnie d'un petit chien qu'Icare me retrouve le lendemain, pour sa plus grande surprise. Nous passons une soirée aussi délicieuse que les précédentes, et cette fois nous nous séparons peu avant minuit, car nous avons tous les deux cours tôt le jeudi matin. 

A la première heure, je reçois un message de lui.

« BIEN DORMI ? »

« PAS VRAIMENT LE CHIEN A VOMI SUR MON LIT... »

« OOOOUUUH EFFECTIVEMENT ! MAIS IL ÉTAIT PAS CENSÉ DORMIR DANS UN PANIER ? »

« SI, MAIS J'AI CRAQUÉ IL EST TROP MIGNON. POURTANT THEOPHANE M'AVAIT DIT DE PAS LE LAISSER DORMIR AVEC MOI... »

« ET VOILÀ, IL FAUT ÉCOUTER CE QU'ON TE DIT !! NE JAMAIS LAISSER DORMIR QUELQU'UN AVEC TOI JUSTE PARCE QU'IL EST TROP MIGNON. ELLE TE L'A JAMAIS DIT TA MAMAN ?! »

« SI, ET DE PAS PARLER AUX ÉTRANGERS AUSSI ! »

Son message suivant me parvient un peu plus tard.

« JE PENSAI : ELLE T'A PAS INTERDIT QUE JE DORME AVEC TOI AU MOINS ?! »

Je comprends alors pourquoi il a mis plus de temps pour m'envoyer ce texto : il a probablement hésité. Sa question innocente me fait sourire.

« PETIT MALIN... »    

Je croi(s) qu'en fait je t'aime...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant