Chapitre 20

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Je me rends alors compte que, petit à petit, Icare a raccourci la distance qui nous séparait. Subitement, il soulève son bras, le pose sur mes épaules et rapproche son visage en se penchant. Je suis à deux doigts de la crise cardiaque, mon cerveau s'imaginant mille choses.

En réalité, il me chuchote à l'oreille :

— Ça te dirait qu'on aille marcher un peu tous les deux tout à l'heure ?

Je regarde mes pieds et feins d'éviter des pierres en travers du chemin en essayant de faire comme si tout était normal. Qu'est-il en train de me proposer au juste ? Une simple randonnée ou un moment tous les deux, seuls ? Et dans ce cas, pourquoi ? Mon cœur s'emballe, mais il sort son bras et ajoute, percevant certainement mon malaise :

— En tout bien tout honneur, bien sûr ! C'est juste que tu nous fais découvrir ton univers, alors je voudrais te montrer le mien.

— La géologie, c'est ça ?

— C'est ça !

— Ben pourquoi pas, oui.

— Cool ! Je sais pas si tu t'y connais ou pas, mais, là, en fait, on est dans une ancienne vallée glaciaire.

— J'y connais rien, non. A quoi tu vois ça ?

— Aux blocs erratiques.

— Aux quoi ?? Tu me parles chinois là, franchement.

— Excuse-moi. C'est les gros blocs de pierre que tu vois là-bas.

Il désigne du doigt d'énormes rochers comme posés par-ci par-là, et me donne des explications.

— Avant, il devait y avoir des glaciers autour de nous, et quand ils ont fondu, ils ont entraîné des gros blocs de pierre, qui se sont déposés un peu partout.

— Ah OK, ben je me coucherai moins bête ce soir !

— Je pense pas du tout que tu sois bête.

Nous sommes interrompus par Guillaume qui est arrêté au milieu du sentier et qui nous demande :

— Ça vous dit ?

Nous écarquillons les yeux, et Icare lui répond par une nouvelle question, une pointe d'irritation dans la voix :

— De quoi tu parles putain ?

— De foot. On va faire un match quand on rentre au camping. Vous jouez aussi ? Sinon on sera que quatre, c'est pas marrant.

Icare se tourne vers moi et m'interroge du regard. Je réponds à Guillaume.

— Pourquoi pas oui, mais vous ne vous moquerez pas de mon jeu de jambes légendaire...

— Ça risque pas on jouera ensemble !

— Je me mets avec vous alors ! ajoute Icare.

— Ah ben non, désolée, mais je ne joue pas contre Théo, moi. Donc je me mets avec lui et c'est lui qui décidera qui il veut avec nous dans l'équipe.

Guillaume et Icare rejoignent immédiatement Théo en courant et lui posent chacun un bras autour du cou en l'assaillant de questions. Il s'arrête pendant qu'ils lui parlent et se retourne vers moi en souriant et secouant la tête. Je n'entends pas ce qu'ils se disent mais ils ne le lâchent pas jusqu'à ce que nous soyons de retour à côté de nos tentes.

Chacun se débarrasse de son matériel et de son sac à dos. Les températures ne sont pas très élevées, pourtant j'ai très chaud dans mes chaussures de randonnée. Je les enlève, ainsi que mes chaussettes, et profite de l'épaisseur de l'herbe bien verte pour me rafraîchir les pieds. Théo fait de même. Nous nous allongeons tous les deux côte à côte à l'ombre du chêne mais Célian demande d'un ton inquiet :

Je croi(s) qu'en fait je t'aime...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant