Chapitre 41

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L'appartement est situé au fond du jardin de la maison des propriétaires. Il s'agit en réalité d'un petit trois pièces avec une minuscule cuisine, une pièce à vivre qui comprend un coin bureau et un coin salon avec un canapé dépliable qui sert aussi de lit, et une salle d'eau. Le tout est meublé très simplement mais avec goût, et les nombreuses fenêtres rendent l'espace très lumineux. Cela me convient parfaitement. Et, ce qui ne gâche rien, c'est que bien qu'Icare l'ait déjà vidé, son odeur emplit encore les lieux. Le paradis, donc !

Celui de Théo est tout aussi agréable, et il se trouve à moins de cinq cents mètres du mien. Nous signons tous les deux notre premier bail sur le champ, et repartons pour Bordeaux dans la journée, ravis. Le montant des loyers étant très bas, il nous sera aisé de convaincre nos parents du bien-fondé de deux appartements séparés.

Même si les miens et les siens nous ont toujours laissés autonomes et libres de faire ce que nous voulions depuis notre plus jeune âge, nous souhaitons profiter rapidement de notre nouvelle vie. Bien que notre rentrée universitaire n'ait lieu qu'à la mi-octobre, nous emménageons donc tous les deux dès le début du mois de septembre. Et comme nos appartements sont des meublés, nous n'avons que peu d'affaires à apporter et voulons en profiter au plus vite.

Le jour de mon arrivée, je trouve une enveloppe dans ma boîte aux lettres, elle n'est pas oblitérée, c'est donc quelqu'un qui est venu directement la déposer. Elle est datée de la veille.

« Bienvenue dans mon ancienne modeste demeure jeune fille ! J'ai emménagé avec Eustache, le fils du propriétaire de ton appart, qui m'a appris que tu arrivais cette semaine. Je ne sais pas si tu sais, mais il y a un concert d'Aqmé jeudi prochain, ici. Ça serait sympa qu'on s'y voit. Parce que certes j'ai acheté 2 ou 3 singles de techno il y a quelques années, mais je me rachète en allant à des concerts ! Je viens de penser (si, si, il m'arrive de penser) que je vais pas pouvoir te passer de CDs tout de suite car je les ai encore dans des cartons chez oim. Sinon, je suis encore en train de penser (décidément, je pense beaucoup...) qu'à la limite je crois savoir où est ton appart et que donc 1 de ces 4 (style lundi ou mercredi prochain) je vais sans doute passer chez oit t'apporter des trucs. »

Même si elle n'est pas signée, je sais bien évidement qui en est l'auteur. Je suis aux anges. L'année n'a pas commencé que non seulement nos échanges vont reprendre, mais en plus Icare me propose de le retrouver à un concert, et pense carrément passer me voir avant ! Je ne sais plus où donner de la tête. Je largue mes sacs et affaires dans mon studio et cours jusqu'à chez Théo, l'enveloppe à la main.

Je le trouve en train de faire connaissance avec sa voisine, étudiante elle-aussi. Ses cartons encombrent encore son petit appartement mais nous nous y engouffrons car il comprend immédiatement à ma tête que j'ai quelque chose d'important à lui raconter.

— T'as vu Icare ou quoi ?!

— Presque ! Il m'a laissé un courrier dans ma boîte aux lettres hier.

Je lui tends l'enveloppe. Dès qu'il commence à lire, un large sourire se dessine sur ses lèvres. Il commente.

— J'adore le « jeune fille » ! C'est à la fois plein d'humour et protecteur. Par contre, c'est un détail et à vrai dire on s'en fout, mais je comprends pas trop pourquoi le fils des proprios irait prendre un appart payant alors qu'il pourrait occuper un des nombreux apparts de ses parents. C'est bizarre, non ?

— Oui, effectivement. J'en sais rien...

— Bref ! Je suppose qu'on va au concert d'Aqmé la semaine prochaine ?

— Tu supposes bien, oui !

— Et je suppose aussi que tu vas passer ta fin de semaine à briquer ton appart du sol au plafond, en prévision de sa venue ?

— Moque-toi !

— Mais non, Aux, je ne me moque pas, je te connais par cœur, c'est tout !

Il replie la lettre, la remet dans l'enveloppe et me la rend avant de poursuivre.

— En tout cas, il n'aura pas perdu de temps. Tu n'es pas arrivée qu'il te saute déjà dessus. Et à mon avis, c'est très bon signe...

— J'espère que oui. Bon, je vais rentrer chez moi parce que j'ai laissé toutes mes affaires en plan. On se retrouve demain, comme prévu ?

— Yes ! Rendez-vous chez toi à dix heures pour notre mission téléphone portable !

— Ça marche, à demain.

Nous nous sommes en effet fixé un objectif pour le lendemain, nous acheter chacun un portable pour pouvoir communiquer plus facilement. Cela fait plusieurs mois que ces appareils sont en plein boom, mais nous n'en voyions jusqu'alors pas l'utilité. Maintenant que nous prenons notre indépendance, ils nous paraissent indispensables. 

Je croi(s) qu'en fait je t'aime...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant