52. Dimanche de vérité

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Quatre heures plus tard seulement, je suis déjà réveillée, malgré ma courte nuit. Et je réalise qu'Icare l'est aussi car je reçois un message de lui au moment où je me lève, comme si nous étions connectés l'un à l'autre.

> Bien dormi ?

> Très bien oui, mais pas beaucoup.

> Merde, j'espère que c'est pas moi qui t'est réveillée !

> Non pas du tout t'inquiète. Je crois que je vais te donner des cours de conjugaison...

> Pas de problème, on peut commencer aujourd'hui, disons vers 20h ?!

> Avec plaisir...

Je passe la matinée dans un état semi-comateux et finis par m'endormir dans l'après-midi. Cette fois, Icare me réveille.

> Je serai un petit peu en retard.

Je ne peux m'empêcher de me demander ce qui va le retenir un dimanche après-midi et il arrive finalement à presque vingt-et-une heures. Nous nous embrassons avidement sur le pas de ma porte, comme en état de manque, puis nous nous installons, comme la veille, sur mon canapé.

— Il faut qu'on fasse gaffe à l'heure ce soir, parce que j'ai cours à huit heures demain matin.

Je me vexe sans le vouloir.

— Tu peux repartir directement si tu veux, comme ça tu pourras avoir ton quota d'heures de sommeil. Je voudrais pas mettre en péril ta scolarité.

Il me prend immédiatement dans ses bras.

— Eh Aux ! Je voulais pas te froisser ! Je m'en fous carrément d'aller en cours au radar, je préférerais carrément pas dormir, mais te voir !

Il dépose un baiser chaste sur mon front en me serrant un peu plus fort. J'écarte mes bras pour l'étreindre à mon tour et me blottir contre lui.

— Excuse-moi, je suis crevée je crois en fait.

— Pas de souci. Je sais de quoi t'as besoin !

Il se lève et se dirige vers ma chaîne-hifi, puis place un CD dans le lecteur. Il revient vers moi tout sourire.

— Rien de tel qu'un petit Deftones pour se remettre d'aplomb !

Mes lèvres s'élargissent. Nous restons allongés l'un contre l'autre à écouter la voix de Chino Moreno et à nous embrasser.

Au bout d'un moment, Icare rompt le silence, hésitant.

— Je me demandais...

Je relève la tête vers lui.

— Oui ?

— Si t'as pas envie de me répondre tu me réponds pas, hein.

Je m'assois en tailleur et il en fait autant.

— Je t'écoute.

— C'était vrai... que t'avais pas entendu ton portable quand je t'ai envoyé... mon premier texto ?

Je lui souris en le poussant dans ses retranchements.

— Ton premier texto ? Je vois pas à quoi tu fais allusion, c'était lequel déjà ?!

Il me renvoie mon sourire.

— Tu le sais très bien...

Je choisis de ne pas le mettre plus mal à l'aise qu'il ne l'est déjà, et lui mens pour ne pas paraître puérile.

— Oui c'était vrai, pourquoi ?

— Je sais pas, ça m'a énormément travaillé, j'ai passé une nuit horrible parce que tu me répondais rien. J'ai fumé jusqu'à être complètement défoncé et j'ai tout imaginé.

Mon sourire disparaît.

— J'aime pas t'entendre dire ça. Je comprends pas que tu prennes du plaisir à te détruire.

— C'est que de la fumette Aux, c'est pas comme si je me piquais non plus !

— C'est exactement la même chose, pour moi.

— Mais j'ai vachement diminué de toute façon, je fume que quand je suis bien, en soirée.

Je le regarde sans commenter, le regard empreint de déception.

— Bon, changeons de sujet ! J'ai une dernière question à te poser, après j'arrête de faire le re-lou, promis !

— Vas-y.

— Pourquoi t'as retiré ta main la première fois qu'on est allés ensemble au ciné ?

— Ben, on en a déjà parlé, non ?

— Euh... J'étais pas trop en état en fait...

— J'ai paniqué, je sais pas, ça devenait concret et ça m'a fait flipper. L'idée d'un couple Icare-Auxane, c'était très bizarre.

— C'est sûr c'est juste ça ?

— Oui, tu croyais que c'était quoi ?

— Je sais pas, je pensais que j'avais fait une connerie sur le coup. Mais je suis d'accord avec toi, qui aurait pu croire qu'on finisse ensemble !

— À mon tour maintenant ! Pourquoi tu m'as proposé un deuxième ciné ?

— Parce que je voulais vraiment sortir avec toi et qu'il me semblait que la pénombre et la proximité permises par le ciné étaient une bonne option. Je suis timide, moi, tu sais !

Nous nous sourions, et je me penche pour l'embrasser, comme pour le rassurer avant de poursuivre.

— Mais le soir même t'étais pas super agréable franchement...

— En fait, j'étais vraiment en stress, et j'avais pas fumé, ce que j'aurais certainement dû faire pour me détendre un peu !

— Je préfère pas te répondre là-dessus... Tu m'as balancé que c'était pas ton idée ce ciné, et honnêtement ça m'a vexée, j'ai pas compris si tu voulais dire qu'à la base c'était moi la première qui avais parlé de ciné, ou si quelqu'un d'autre t'avait suggéré de revenir au ciné avec moi.

— C'est ça en fait. J'avais parlé à Eustache à quel point je galérais pour tenter de te faire craquer, et c'est lui qui m'a convaincu de te re-proposer un ciné. Autre chose, Mademoiselle ?!

— Oui, juste une dernière chose. Pourquoi dans tes premiers petits mots il n'y avait pas de fautes, et brusquement, tu t'es mis à en faire ? Quelqu'un te corrigeait au début ?

— Ah non pas du tout ! Au début, je ne voulais pas que tu voies à quel point je suis minable en orthographe, du coup je relisais cinquante fois en vérifiant dans le dictionnaire et le Bescherelle. Et puis ça m'a gonflé parce que c'est super long, en fait, de faire tout ça ! Alors des fois je prenais le temps, des fois pas. Une dernière question, pour la route ?!

— Non, c'est bon pour moi !

— Viens là alors.

Icare m'attire à lui et je me pelotonne contre son torse en fermant les yeux, savourant l'instant. Nous nous décalons pour nous allonger à nouveau et finissons par nous endormir, tendrement enlacés.

Je croi(s) qu'en fait je t'aime...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant