Chapitre 62

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Le lendemain matin, Icare, visiblement énervé, m'envoie un texto à la première heure.

« PUTAIN MA SOEUR BOUGE PAS CE SOIR ! »

« EN REVANCHE MES PARENTS SI...! »

Il semble se radoucir instantanément.

« AAAH ! VOILÀ UNE BONNE NOUVELLE ! JE POURRAI PEUT-ÊTRE PASSER ALORS ? »

« OUI ! »

« QUELLE HEURE MON ANGE ? »

« JE TE PRÉVIENS DÈS QU'ILS PARTENT ET JE T'EXPLIQUE OÙ J'HABITE. »

« LE PLUS TÔT SERA LE MIEUX... »

Je donne finalement rendez-vous à Icare au coin de ma rue, et nous profitons de l'obscurité du soir pour nous embrasser comme si nous ne nous étions pas vus depuis très longtemps. Je le guide ensuite jusqu'à la maison de mes parents et nous montons ensemble dans ma chambre.

— Ça me fait super bizarre de recevoir un garçon autre que Théo ici.

Icare me sourit en s'asseyant sur mon lit, le dos calé par mon oreiller et la tête de lit. Il me tend la main et m'invite à le rejoindre.

— J'espère bien que je serai le premier et le dernier. Je me demandais d'ailleurs en parlant de lui...

Il s'interrompt.

— Oui ?

— Vous... Vous n'êtes jamais sortis... ensemble ?

Je me relève brusquement.

— Non quelle idée ! C'est mon meilleur ami, c'est comme mon frère !

Icare m'attire à nouveau contre lui.

— Eh du calme ! C'était juste une question que je me posais ! J'ai pas d'amie fille moi, alors d'un œil extérieur ça fait bizarre, tu te dis que forcément, une fille et un garçon, à un moment ou à un autre...

— Ben non pas forcément justement ! Et puis pas d'amie fille je trouve ça triste.

— Enfin disons qu'à chaque fois qu'il y a eu une fille dans notre bande, il y en a toujours un qui a fini par sortir avec.

— Je préfère rien savoir !

Je sens son sourire contre mes cheveux, il me force à me retourner et se laisse glisser sous moi. Nous passons des heures à nous embrasser mais ni lui ni moi ne souhaitons aller plus loin dans la maison de mes parents. Nous nous séparons vers vingt-trois heures, au cas où ces derniers rentreraient tôt, et passons une bonne partie de la nuit à nous envoyer des messages.

La journée du lendemain me paraît interminable. Ma chambre sans Théo pour discuter n'est pas tout à fait la même, elle est d'un ennui mortel et je commence à redouter les prochains jours. Heureusement, en milieu d'après-midi, Icare me sort de ma torpeur.

« T'ES PAS TOUTE SEULE CHEZ TOI PAR HASARD ? »

« NON MALHEUREUSEMENT... »

« MERDE. TU PEUX ME REJOINDRE DANS LA RUE DERRIÈRE CHEZ TOI ? »

« BIEN SÛR TU VEUX FAIRE QUOI ? »

« JE SAIS PAS, JE VEUX TE VOIR, C'EST TOUT... »

« J'ARRIVE ! »

Nous passons le reste de l'après-midi dans le parc non loin de chez mes parents, absolument désert en cette période, et profitons d'un coin retiré pour nous embrasser. Ni lui ni moi n'avons envie de nous faire surprendre par qui que ce soit, pour que notre histoire n'appartienne qu'à nous. Même si nous aimerions passer plus de temps ensemble, le froid commence à nous engourdir et la nuit ne tarde pas à tomber en cette saison. Icare me raccompagne jusqu'au coin de ma rue et rentre ensuite chez lui. Nous ne nous revoyons pas durant trois jours à cause des festivités de Noël et devons nous contenter de simples messages durant tout ce temps.

Le jeudi, n'y tenant plus, je lui envoie un SMS dès le matin.

« JE PENSE RACCOURCIR SÉRIEUSEMENT MON SÉJOUR EN TERRE BORDELAISE, TU RENTRERAIS À PAU AVEC MOI ? »

« NON C'EST MORT JE SUIS BLOQUÉ JUSQU'À DIMANCHE AU MOINS, MES PARENTS ORGANISENT PLEINS DE TRUCS POUR UNE FOIS QUE JE RENTRE... »

« SNIF ! »

« MAIS T'ES PAS CENSÉE PASSER LE RÉVEILLON DE LUNDI AVEC THÉO ET THÉOPHANE ICI ? »

« SI, MAIS J'ÉTAIS PRÊTE À ANNULER POUR RESTER AVEC TOI, TANT PIS. »

« J'AURAIS PAS PU DE TOUTE FAÇON DÉSOLÉ J'AI AUSSI UNE SOIRÉE DE PRÉVUE. »

Je suis vexée qu'il ne m'en ait pas parlé et surtout qu'il ne me propose pas, une fois de plus, de l'accompagner, mais je prends sur moi.

« JE SUIS DONC CONDAMNÉE À RESTER ICI SANS QU'ON PUISSE SE VOIR, SUPER... »

« C'EST VRAI QUE ÇA FAIT LONG. ON POURRAIT TENTER UN CINÉ CE SOIR POUR AVOIR PLUS DE TEMPS À NOUS ? »

« PLUTÔT VENDREDI, THÉO RENTRE ET IL ME SERVIRA D'ALIBI. ON PEUT SE RETROUVER AU PARC CET APREM PAR CONTRE PUISQUE JE SUIS CENSÉE ALLER FAIRE TROIS COURSES. »

« OK C'EST MIEUX QUE RIEN, TU ME DIS L'HEURE ET J'Y SERAI. TU ME MANQUES TROP, VIVEMENT QU'ON PUISSE REPASSER UNE NUIT ENSEMBLE... »

Je ne peux m'empêcher de m'interroger sur son dernier message. Et si c'était seulement ça qui l'intéressait ? Maintenant qu'il a eu ce qu'il voulait, est-ce que notre relation va changer ? Il n'a fait que repousser nos rendez-vous pendant un mois, jusqu'à ce que nous couchions ensemble. Fera-t-il désormais des efforts pour que nous nous voyions plus souvent, juste pour obtenir ce qu'il souhaite ? Est-ce que, sous couvert de vouloir préserver notre histoire en la gardant secrète, il n'a pas juste honte d'être avec moi et ne veut pas que ça s'ébruite ? Après tout, nous sommes toujours restés cachés dans mon appartement ou le sien, et uniquement à la condition que son colocataire soit absent... Et si, aveuglée par mon amour pour lui, je ne me rendais pas compte qu'il est en train de me manipuler et de faire de moi ce qu'il veut...

Je croi(s) qu'en fait je t'aime...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant