Chapitre 27

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Théo et moi quittons le lycée ensemble après les cours et faisons à pied les deux kilomètres qui nous séparent de la maison de ses parents. En chemin, la conversation tourne rapidement autour d'Icare.

— Tu es rassurée ?

Je fais l'innocente.

— Pourquoi ?

— Pourquoi ?? Arrête, il est venu vers toi tout de suite tout à l'heure, avec un sourire de malade, n'essaie même pas de me faire croire que tu l'as pas remarqué !

— Bien sûr que si mais je voulais te l'entendre me le confirmer !

— Bon et alors maintenant c'est quoi la prochaine étape ?

— C'est-à-dire ?

— Ben tu vas faire quoi maintenant ?

— Je sais pas trop, on va déjà attendre samedi pour voir si Hippo revient à l'asso. A la limite on pourrait commencer soft et reprendre nos échanges peut-être dans un premier temps. Qu'est-ce que tu en penses ?

— Je vois pas pourquoi Hippo reviendrait cette année puisqu'il avait déjà arrêté l'an dernier. Et ça serait pas un peu bizarre de lui faire passer des trucs pour Icare alors que si tu veux, tu peux le voir tous les jours au lycée ?

— Si, si, je suis d'accord, mais ça ferait pas encore plus bizarre de lui faire passer des vidéos ou des CDs en y glissant un mot ? Je pourrais très bien lui dire ce que j'ai écrit directement en face...

— Oui, c'est sûr. A ce compte-là, dans la semaine, tu lui fais passer un album ou une cassette de clips, et tu ne mets pas de petit mot à l'intérieur, tu lui dis juste vite fait ce que tu lui fais passer de vive voix en le lui donnant. Et quand il te le rendra, tu verras bien ce qu'il a choisi. S'il met un mot, c'est qu'il veut reprendre les échanges comme avant, s'il n'en met pas, rien ne vous empêche de continuer à vous faire passer des trucs. C'est juste qu'il n'y aura pas de petit mot.

— Ouais... Mais c'est ce que je préfère dans nos échanges !

— Je sais bien, Aux ! Mais il va falloir vous bouger tous les deux si vous voulez faire évoluer votre relation.

— Attends, on n'est même pas sûrs que je l'intéresse alors je vais pas me lancer si c'est pour me ramasser !

— On n'est pas sûrs ? Tu plaisantes j'espère ! C'est limite s'il m'a calculé tout à l'heure, il n'y avait que toi qui comptait !

Je le taquine en le poussant du coude.

— Arrête de faire ton jaloux !

— Ça ne risque pas, j'ai compris il y a bien longtemps qu'il ne me regarderait pas, Aux...

— On n'en a pas parlé d'ailleurs, il y a du potable dans ta classe ?!

— Bof, les seuls qui seraient pas mal ont l'air hétéro alors... Et dans la tienne ?

— Très honnêtement, je n'ai vraiment pas fait gaffe.

— A croire que tu as quelqu'un d'autre en tête !

Je lui fais une petite tape sur l'épaule. Nous arrivons chez lui à ce moment-là, et décidons finalement de continuer jusqu'à chez moi pour choisir un CD ou une cassette à faire passer à Icare dès le lendemain.

— Tu ne m'as pas dit au fait, sa sœur, elle est comment ? Sympa ?

— Aucune idée, je ne lui ai pas parlé.

— Ouh ! Attends, tu as parlé à quelqu'un de ta classe aujourd'hui ?

— Euh... A ton avis ?!

— Commence pas à faire la sauvage, Aux ! Fais connaissance avec certains ou certaines qui te paraissent sympa, comme ça l'année passera plus vite.

— Je sais pas... Pour le moment, j'ai pas envie, laisse-moi le temps de me faire à l'idée qu'on ne soit plus ensemble.

— Fais gaffe, tu vas vite être cataloguée dans la case asociale et personne ne viendra vers toi.

— Alors ça, franchement Théo je m'en fous ! Je suis pas en cours pour me faire des amis !

— Bon, OK, j'abandonne ! Tu es irrécupérable !

Une fois dans ma chambre, je me poste devant mon étagère à CDs la main coulissant sur mon menton.

— Je vois vraiment pas ce que je pourrais lui prêter.

— Ben s'il a accroché à Deftones, peut-être que tu pourrais tenter Korn ?

— Pas bête ! Vendu ! Je mets des clips aussi tu crois ?

— Oui, pourquoi pas, ce qu'on pourrait faire, là, c'est sélectionner les quelques clips de Deftones que t'as sur tes cassettes.

— Carrément ! Sauf que du coup je vais lui prêter plein de cassettes pour trois pauvres clips...

— Et alors ?!

— Ben j'ai pas envie de trimbaler tout un tas de trucs dans mon sac jusqu'au moment où je les lui ferai passer.

— Tu me fais penser à quelque chose en disant ça, Aux. Je crois qu'il faut que tu attendes quelques jours avant de lui donner ce que tu prépares. Imagine que tu lui donnes tout demain. Qu'est-ce qu'il va se dire ? Que tu avais l'intention de le voir absolument puisque tu avais tout amené au lycée exprès. Même peut-être qu'il se dira que tu as cherché à le voir toute la journée. Si ça se trouve vous ne vous croiserez pas tous les jours, le lycée est immense. Il faudrait déjà voir si vous vous voyez souvent ou pas.

— Excuse-moi, Théo, mais je ne comprends pas ton raisonnement.

— Tu risques de passer pour celle qui lui court après.

— J'avais pas pensé à ça. T'as raison, on va laisser passer ces quelques jours et on verra la semaine prochaine.

Le lendemain apporte une des réponses au problème soulevé par Théo. Alors que nous attendons dans le couloir tous les deux pour entrer en cours d'allemand, Icare sort de la salle. Il fait donc de l'allemand. Nous aurons donc cours chaque semaine l'un après l'autre dans la même salle et nous croiserons donc forcément. Ce pourra être notre moment d'échange officiel. Celui où nous nous ferons passer nos affaires, et surtout celui où l'espace d'une bise, nous aurons un réel contact qui me ravit d'avance, si je dois m'en contenter.    

Je croi(s) qu'en fait je t'aime...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant