Chapitre 24

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   Une semaine plus tard, Théo revient bredouille chez moi après la séance. Je réalise que je m'étais ridiculement bien trop attachée à l'espoir qu'Icare poursuive nos échanges. Maintenant que nous avons fait plus amplement connaissance, il semble que je ne l'intéresse plus vraiment. J'essaie de ne pas ennuyer Théo avec mes questionnements interminables et tente de me concentrer sur ce qu'il me raconte de l'après-midi passé à l'association. Voyant que je ne l'écoute visiblement qu'à moitié, et sachant sans m'interroger ce qui occupe mes pensées, Théo me tire de mes rêveries.

— Toi non plus tu ne lui as rien fait passer.

— Pardon ?

— Si ça se trouve, il attendait que ce soit toi qui lui fasses passer quelque chose. C'était au tour de qui de vous deux d'écrire ?

— Logiquement à lui...

Tentant de me rassurer, Théo poursuit :

— Peut-être qu'il n'a tout simplement pas eu le temps de préparer un truc pour toi.

— Dis plutôt qu'il n'en a pas eu envie maintenant qu'il me connaît un peu mieux.

Théo ne répond pas et j'ai du mal à admettre qu'il va falloir que j'accepte de m'être trompée sur les sentiments d'Icare.

Le samedi suivant, lorsqu'il entre dans ma chambre, je remarque immédiatement ce que Théo tient dans sa main droite. Si je n'avais pas été handicapée par cette insupportable attelle, je lui aurais probablement sauté dessus pour le lui arracher des mains.

— J'ai l'explication pour la semaine dernière. Hippo avait oublié chez lui ce qu'Icare lui avait fait passer pour toi...

— Trop bien ! Tu as lu ?

— Non, c'est pour toi, Aux.

Il me fait passer le range-CDs et je parcours chaque pochette à la recherche de l'habituel petit mot. Je le découvre dans la toute dernière et le lis pour moi avant de le montrer à Théo.

« Salut ! Comme t'as de la chance et que c'est certainement la dernière fois que je te passe des CD avant 3 mois, t'as droit au dernier album de tes dieux qui est sorti mardi, et celui-là il est pfiou ! Oh là là ! Des albums comme ça, il y en a grand maximum 2 par an. En plus, ce qui est génial, c'est que plus tu l'écoutes, plus tu le trouves divin. Sinon, je crois pas te l'avoir dit, merci pour les clips, et si t'en as d'autres, même moins bien, passe-les moi s'il te plaît !

P.S. : Je voulais te dire autre chose mais je sais plus ce que c'est... »

Je suis aux anges. Et je ne peux empêcher mon cerveau de se mettre en marche. Pourquoi me faire passer l'album de Deftones alors qu'il doit bien se douter que je l'ai forcément déjà acheté moi aussi ? Il a l'air de l'avoir trouvé énorme et pourtant il fait le choix de s'en séparer plus de trois mois, pour... moi ? Sa phrase ne laisse aucun doute sur ses intentions de poursuivre nos échanges après les vacances d'été et me ravit. Et son post scriptum... Il va me rendre tout simplement folle ! Que voulait-il me dire, bon sang ?? Je trouve sa phrase presque cruelle. Je sais déjà qu'elle va me torturer l'esprit pendant des semaines...

— Bien joué le coup du P.S. T'as pas fini d'y réfléchir ! Je me trompe ?!

— M'en parle pas, ça me travaille déjà !

— Il est très fort...

— Tu m'aides à préparer une réponse ?

— A mon avis, il n'en attend pas une dans l'immédiat puisqu'en gros il te dit que tu peux garder son CD trois mois.

— Je l'ai déjà, je ne vais pas l'en priver toutes les vacances pour rien ! Tu pourrais refaire passer tout ça samedi prochain à Hippo.

— OK, cherchons quoi lui répondre alors. Mais pense que ce sera la dernière chose que tu lui feras passer toi aussi avant bien longtemps. Ce serait bien de trouver une phrase dans le style de la sienne qui lui prenne un peu la tête !

Au bout de presque une heure, nous tombons d'accord sur la réponse suivante :

« Salut, je te rends ton album, je ne voudrais pas être la coupable qui t'en priverait plusieurs mois, surtout que je l'ai moi aussi acheté, tu penses bien ! Je suis entièrement d'accord avec ta critique. D'ailleurs j'ai déjà dû l'écouter une bonne centaine de fois.

P.S. : Tu as une mémoire de poisson rouge, si j'avais eu quelque chose à te dire, moi je n'aurais pas oublié... »

— Ça laisse quand même sous-entendre que tu n'as rien de vraiment important à lui dire Aux.

— C'est pas grave, ça le fera mariner un peu. Du moins j'espère...

Je croi(s) qu'en fait je t'aime...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant