Alors que j'ai à peine posé un pied dans le lit, me demandant encore comment m'installer, Icare m'attire à lui pour à nouveau me couvrir de baisers. Nous nous faisons face même si nous ne nous voyons pas, obscurité oblige.
— Je suis dans le lit d'Auxane. Avec Auxane. Qui est en sous-vêtements. OK... Tout va bien, je maîtrise !
— Oh ben c'est flagrant, oui ! Nerveux ?
— Je crois oui. Ou impatient, je sais pas trop. Et toi ?
— Au bord du malaise... Tant d'émotions à la fois, je crois que c'est trop pour mon petit cœur...
— Oh Aux, si tu savais combien je t'aime...
— Moi aussi, je t'aime.
— Tu viens sur moi ?
— Si t'as pas peur de finir écrasé... A tes risques et périls.
— Arrête avec tes allusions pourries, toujours. On dirait que je sors avec un éléphant. Alors que t'es parfaite, petit ange.
Il termine sa phrase en m'embrassant à nouveau pendant que je me positionne sur lui, jambes écartées dans une position tout à fait équivoque, surtout si l'on considère le peu de tissu qui nous sépare. Tout en faisant danser nos langues, Icare s'attelle à décrocher l'attache de mon soutien-gorge. Ses gestes sont maladroits et au bout de ce qui me semble être plus d'une minute, je l'interroge :
— Besoin d'aide, peut-être ?!
— Mais non, arrête, c'est la honte ! C'est quoi ton truc, un soutif blindé ?? Je vais y arriver !
Même s'il ne peut voir mes yeux, je hausse les sourcils, dans l'attente, sourire aux lèvres.
— Non mais sans déconner !! Tourne-toi s'il te plaît !
Je descends de mon perchoir, m'assois en tailleur en lui tournant le dos. Il s'assoit à son tour et finit par réussir à défaire l'attache.
— T'as vu l'expert un peu ?! Icare ou la terreur des soutiens-gorge... La prochaine fois, je te le sors avec les dents, sans les mains !
Il jette mon sous-vêtement dans la pièce à l'aveuglette et se rapproche de mon dos. Il pose ses mains sur ma taille et les remonte lentement en direction de ma poitrine, tout en déposant des baisers sur mon épaule. Lorsqu'il couvre mes seins de ses paumes, je me laisse tomber contre lui. Je voudrais moi aussi le toucher mais je suis incapable de faire un geste, trop concentrée sur ses mains à lui qui découvrent mon corps.
— T'es tellement belle, Aux...
— Tu me vois pas !
— Pas besoin, tes seins sont parfaits. Pile-poil à la taille de mes mains. Et ta peau, qu'est-ce qu'elle est douce...
Tout en me disant ces belles choses, il passe ses pouces sur mes mamelons, et son geste m'envoie une incontrôlable décharge électrique dans le bas-ventre. J'ai l'impression d'être dans un état second, jamais je n'avais vécu pareilles sensations. Icare se décale et m'allonge doucement sur le dos, puis se place au-dessus de moi. Il m'embrasse inlassablement tout en me caressant la poitrine. Je ressens un besoin irrépressible de le toucher moi aussi, mais ne sais comment m'y prendre, de peur de paraître gauche. Je sens clairement son sexe dressé contre ma cuisse mais décide d'y aller à petits pas et remonte timidement mes mains tout le long de ses bras pour finir par redescendre le long de son torse.
Même si je n'ai évidemment pas de points de comparaison, je le trouve parfait, ni trop musclé, ni pas assez. Et sa peau ferme me ferait presque complexer. Mais je n'ai pas le temps de m'arrêter sur ces considérations car sa main part à l'assaut de ma culotte. Il me caresse à travers le tissu de coton basique et l'idée qu'il en sente l'humidité qui la transperce m'aurait fait mourir de honte si la lumière avait été allumée. J'ai brusquement très chaud, et retenir les gémissements qui me viennent naturellement ne m'aide pas à faire descendre la température. J'essaie de me concentrer sur lui et réalise que mes mains sont désormais immobiles sur son ventre, comme suspendues en plein vol. Je parviens à les remettre en mouvement difficilement, trop accaparée par la succession de sensations nouvelles qui me tétanisent. Je remarque alors qu'Icare a lui aussi le souffle court, et que nous n'avons plus échangé un seul trait d'humour depuis plusieurs minutes. Il passe à la vitesse supérieure et finit par faufiler ses doigts sous le tissu de ma culotte dont l'élastique me saucissonne alors les hanches. Très gênée par cette intrusion qui m'envoie pourtant dans une autre dimension, je déplace mes mains jusqu'à ses fesses, que je palpe maladroitement, pour tenter de détourner son attention. Je suis absolument incapable de le toucher comme il me touche pour cette première fois. Il semble percevoir mes hésitations et se redresse pour se mettre à genoux et me retirer mon dernier rempart textile. Puis il cherche à tâtons son pantalon posé par terre à côté du lit pour en fouiller les poches. Je devine qu'il cherche un préservatif. Je me demanderai plus tard s'il avait prévu d'en avoir besoin ce soir expressément ou si cela fait plusieurs jours ou semaines qu'il en trimballe avec lui dans l'espoir que nous passions à l'acte. Je l'entends déchirer l'emballage et comprends à sa respiration saccadée et aux bruits que je perçois qu'il est en train de l'enfiler. Il se repositionne au-dessus de moi, m'écarte les cuisses de son genou et me couvre à nouveau de son corps.
— Je t'aime, Aux. Je veux que tout soit parfait. Si jamais tu as trop mal, ou que tu trouves la position inconfortable, ou quoi que ce soit qui te convient pas, tu me le dis. Surtout tu ne te forces pas.
Je me relève légèrement pour déposer mes lèvres sur les siennes pour seule réponse et il place son sexe à l'entrée du mien dans un lent mouvement sensuel de simple caresse. Et à ma grande surprise, il se met soudain à rire.
— L'avantage, c'est que même si t'as mal, je pense tenir à peu près dix secondes tellement j'ai envie de toi, petit ange. T'auras pas le temps de réaliser ce qu'on fait que ça sera fini !
— Y a vraiment que toi pour me sortir un truc comme ça !
Je ne peux nier que sa remarque allège la pression du moment.
— Prête ? Top chrono, dix secondes, compte à rebours lancé !
Sur ces mots, il tente une première poussée, sans succès. J'ai pour réflexe de resserrer mes cuisses très fort contre ses hanches, empêchant son avancée.
— Essaie de te détendre, petit ange.
Il m'embrasse alors sans s'arrêter et je décide de me concentrer sur ce baiser. Il parvient cette fois à effectuer une deuxième poussée, tout en douceur malgré son essoufflement manifeste, et poursuit sa pénétration, centimètre par centimètre tout en me caressant la joue. Lorsqu'il est enfin tout entier en moi, il ne bouge plus et me couvre toujours plus de baisers. Je suis incapable de dire si la sensation a été douloureuse ou juste désagréable. Il reste ainsi immobile plusieurs secondes et finit par souffler violemment par la bouche et s'écrouler sur moi.
— Admirez l'artiste ! Alors, t'as compté ?!
Je suis partagée entre le soulagement que notre première fois soit enfin passée, sans trop de douleurs et rapidement, et l'incrédulité de notre piètre prestation, car je n'ai finalement pas senti grand chose. Je n'en veux absolument pas à Icare pour cette contre-performance, mon inexpérience ne l'a certainement pas beaucoup aidé.
— Banane !
— Je t'avais prévenue ! Non, sérieusement, comment tu te sens ?
— Je sais pas trop... Je te dirai ça quand tu auras repris ce qui t'appartient !
En effet, bien que désormais sans plus aucune vigueur, Icare est toujours fiché en moi. Il se retire avec mille précautions et cette fois la sensation est franchement incommodante. Je ressens l'envie de me cacher sous les couvertures alors que mon studio est toujours plongé dans l'obscurité. Je sens mon canapé-lit bouger, puis j'entends la porte de ma salle de bains s'ouvrir et se refermer. J'imagine qu'Icare est allé jeter l'objet du délit. Lorsqu'il revient moins d'une minute après, je n'ai pas bougé d'un centimètre. Il se glisse sous les draps et me prend dans ses bras amoureusement. Il dépose un baiser sur ma tempe.
— Pas trop mal ?
— Non, ça va. C'est juste bizarre de se dire qu'on l'a fait, en fait.
— Bizarre ?? J'aurais plutôt dit magique...
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Je croi(s) qu'en fait je t'aime...
RomanceAuxane et Icare se rencontrent en 1996 alors qu'ils sont encore jeunes. Rapidement, ils se tournent autour et tous les prétextes sont bons pour multiplier les contacts, jusqu'à ne plus pouvoir se passer l'un de l'autre. Mais les années passent sans...