21. Mise en selle

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Lorsque nous revenons au camping, il est deux heures du matin passées. Le silence est total. Il ne reste qu'une petite lueur au niveau de nos tentes pour éclairer l'obscurité ambiante. Cléophée nous souhaite bonne nuit et s'éclipse, tandis que Théo m'aide à me déplacer. Nous commençons à traverser l'immense pelouse clopin-clopant.

— Essaie de ne pas mettre tes béquilles dans un trou, faudrait pas qu'en plus des orteils tu te casses un bras ou le nez !

Je suis exténuée et n'ai même plus la force de rire. Voyant que je ne réagis pas à son trait d'humour, il ajoute, soucieux :

— Eh Aux, je plaisante !

— Je sais, ne t'inquiète pas.

Je m'arrête de marcher et vide mon sac.

— C'est juste que je n'en peux plus, j'ai l'impression qu'on est restés une éternité aux urgences, j'ai mal, je n'arrive pas à marcher avec ces béquilles de merde, et mon week-end de fouilles est foutu. Demain quand vous partirez tous sur le chantier je vais faire quoi moi ? Rester toute seule comme une conne !

Je lui parle sèchement, comme si c'était lui le responsable de mon malheur, puis je me ravise.

— Excuse-moi mon Théo, je sais que tu n'y es pour rien, tu es adorable avec moi comme toujours. Merci de m'avoir accompagnée à l'hôpital.

Malgré la nuit, je parviens à distinguer son visage qui se fend d'un large sourire.

— Tu veux que je te porte ?

— Tu es dingue !

Nous nous remettons en marche et il ajoute :

— Je resterai avec toi demain.

— Non, tu ne vas pas te priver pour moi. Ne t'inquiète pas, je trouverai bien de quoi m'occuper.

Nous arrivons aux tentes et j'ai l'impression d'avoir participé à un marathon tellement je suis exténuée par notre petite marche. La lueur qu'on avait distinguée correspond à une lampe allumée sous la tente d'Icare. Seule la sienne est encore ouverte. Je ne peux m'empêcher de jeter un œil à l'intérieur. Il est immobile, il semble s'être endormi, les bras croisés derrière la tête. Lorsque Théo dézippe notre ouverture pour enfin aller nous coucher, le bruit de la fermeture-éclair le réveille. Je me détourne lorsqu'il bondit quasiment hors de sa tente, en chaussettes. Il voit immédiatement mes béquilles.

— Merde, c'est pété alors ?

— Oui. Je suis dégoûtée.

— Vois le bon côté des choses, tu vas être dispensée de sport jusqu'à la fin de l'année !

— Tu parles, il reste moins d'un mois de cours, c'est qu'une maigre consolation.

— C'est mieux que rien.

— Vous allez discuter longtemps ? nous coupe Théo en se déchaussant.

— Non, je n'en peux plus. Pourquoi ?

— Juste pour savoir si je t'attends ou si je sombre tout de suite, je suis mort...

Il entre dans notre tente.

— J'arrive tout de suite.

S'adressant à Icare, il ajoute :

— Désolé, la journée a été longue, bonne nuit !

— Merci ! Je te l'emprunte juste cinq minutes et je te la rends, promis.

Comme pour nous laisser un peu d'intimité, Théo referme la tente. Icare est face à moi mais j'ai du mal à distinguer ses traits.

Je croi(s) qu'en fait je t'aime...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant