40. Rendez-vous pris

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Je trouve mon meilleur ami en train de faire connaissance avec sa voisine, étudiante elle-aussi. Ses cartons encombrent encore son petit appartement mais nous nous y engouffrons car il comprend immédiatement à ma tête que j'ai quelque chose d'important à lui raconter.

— T'as vu Icare ou quoi ?!

— Presque ! Il m'a laissé un courrier dans ma boîte aux lettres hier.

Je lui tends l'enveloppe. Dès qu'il commence à lire, un large sourire éclaire ses traits. Il commente.

— J'adore le « jeune fille » ! C'est à la fois plein d'humour et protecteur. Par contre, c'est un détail et à vrai dire on s'en fout, mais je comprends pas trop pourquoi le fils des proprios irait prendre un appart payant alors qu'il pourrait occuper un des nombreux apparts de ses parents. C'est bizarre, non ?

— Oui, effectivement. J'en sais rien...

— Bref ! Je suppose qu'on va au concert d'Aqmé la semaine prochaine ?

— Tu supposes bien, oui !

— Et je suppose aussi que tu vas passer ta fin de semaine à briquer ton appart du sol au plafond, en prévision de sa venue ?

— Moque-toi !

— Mais non, Aux, je ne me moque pas, je te connais par cœur, c'est tout !

Il replie la lettre, la remet dans l'enveloppe et me la rend avant de poursuivre.

— En tout cas, il n'aura pas perdu de temps. Tu n'es pas arrivée qu'il te saute déjà dessus. Et à mon avis, c'est très bon signe.

— J'espère que oui. Bon, je vais rentrer chez moi parce que j'ai laissé toutes mes affaires en plan. On se retrouve demain, comme prévu ?

— Yes ! Rendez-vous chez toi à dix heures pour notre mission téléphone portable !

— Ça marche, à demain.

Nous nous sommes en effet fixé un objectif pour le lendemain, nous acheter chacun un portable pour pouvoir communiquer plus facilement. Cela fait plusieurs mois que ces appareils sont en plein boom, mais nous n'en voyions jusqu'alors pas l'utilité. Maintenant que nous prenons notre indépendance, ils nous paraissent indispensables.

Plus de deux heures après y être entrés, nous sortons du magasin de téléphones équipés, mais un peu perdus quant au fonctionnement de nos appareils. Nous profitons d'être en centre ville pour aller acheter nos places pour Aqmé, puis Théo rentre avec moi à mon appartement pour finir de l'aménager à mon goût en accrochant des posters et en ajoutant quelques petites touches de décoration. Même si j'aurais préféré que l'odeur d'Icare imprègne les murs indéfiniment, nous nous lançons ensuite dans un véritable nettoyage de printemps, du sol au plafond. Ma répulsion pour les microbes ˗ même si ce sont ceux d'Icare ! ˗ nous oblige à y passer la journée et nous finissons par nous endormir l'un contre l'autre, devant la télé, en fin de soirée.

Nous passons le week-end ensemble entre son studio et le mien et convenons qu'il reste chez moi lundi et mercredi pour être là lorsqu'Icare viendra, afin d'éviter des blancs qui provoqueraient des malaises dans la conversation. Mais la journée de lundi se termine sans que nous ne le voyions. Et, contre toute attente, celle de mercredi aussi. Je suis partagée entre la déception qu'Icare n'ait pas honoré sa visite, et le soulagement d'avoir évité une situation qui m'aurait mise mal à l'aise. Théo rentre chez lui juste avant le repas et je vais au lit tôt car je tiens à être en pleine forme le lendemain soir au concert.

Théo ayant étudié en amont le trajet à emprunter jusqu'à la salle de concert, nous connaissons le numéro des lignes de bus à prendre. Malheureusement, lorsque nous arrivons à l'arrêt de bus près de chez moi, un message d'alerte est affiché : grève des transports urbains à durée indéterminée.

Je croi(s) qu'en fait je t'aime...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant