Chapitre 11 : Felix Felicis

562 47 2
                                    

Il continua de nous fixer, et je me demandai vaguement si ce n'était pas un peu malpoli. Je reportai mon attention sur Ethan, qui semblait vraiment dépité.

- Bon... Je vais y réfléchir, d'accord ? Mais je ne te promets rien. J'aurais sans doute besoin de... Décompresser un peu, après le stress des cours.

Je n'avais aucunement l'intention d'y réfléchir, mais au moins, le sourire d'Ethan revint. Je ne supportais plus d'avoir toute l'attention sur moi, et retourner sur le terrain n'était pas la meilleure solution pour y échapper. Je m'arrangerais pour trouver un remplaçant correct à mon ancien poste, et le problème serait réglé. Tandis que Ethan quittait la bibliothèque, je me remis à ma place. Krum recommençait à me fixer, et je décidai d'en faire autant, mais il fut le premier à baisser le regard. Je n'avais sans doute jamais rencontré quelqu'un d'aussi étrange. Pas étonnant qu'il ait du mal à se faire des amis...

Je quittai la bibliothèque très tard, ce soir-là, mais j'avais au moins réussi à prendre un peu d'avance dans mes devoirs. Le lendemain, en me levant, je me préparai et descendis prendre mon petit déjeuner avec les filles. Nous avions prévu de passer le week-end ensemble à traîner dans le parc. Krum était déjà là, avec son air toujours aussi maussade. Je croisai brièvement son regard, ce qui mit Susan dans tous ses états. Après avoir terminé, nous nous séparâmes, et je me rendis en cours de potion. Je m'installai au deuxième rang, derrière deux garçons de ma maison, dont j'étais à peu près sure qu'ils s'appelaient Kevin et Erwan. Slughorn arriva quelques minutes plus tard.

- Bonjour à tous, asseyez vous. Aujourd'hui, nous allons travailler sur la potion de chance liquide, également appelée Felix Felicis. Elle constituera un projet que nous tiendrons pour les six prochains mois, étant donné sa difficulté de réalisation. Elle est extrêmement difficile à préparer, c'est pourquoi vous...

Il fut interrompu par des coups frappés à la porte. Krum entra alors, l'air plus renfrogné que jamais. Il s'installa à une table dans le fond de la salle, seul. Je ne pus m'empêcher de lever les yeux au ciel. Visiblement, il aimait se faire remarquer...

- Non, M. Krum, il y a une place de libre devant. Comme je le disais, vous allez travailler par deux. Vous trouverez la recette dans votre manuel à la page trois-cent-quatre-quatre-vingt-quatorze. N'oubliez pas que les binômes constitués aujourd'hui devront rester les même jusqu'à la fin de ce projet. Avec un peu de chance, nous aurons peut-être l'occasion d'en goûter une...

Et merde... Je sortis mes affaires un peu brusquement, tandis que Krum s'installait à côté de moi. J'ouvrai mon manuel et le plaçai entre nous deux, sans lui décrocher un mot. Il me regarda, comme s'il hésitait à me parler.

- Tu n'as qu'à commencer par faire bouillir l'eau, soupirai-je.

Il hocha la tête, et se mit au travail. A mon grand étonnement, notre association fonctionna très bien. Nous nous répartîmes les tâches sans avoir besoin de nous concerter, et il me parut évident qu'il était très doué dans cette matière. Nous n'échangeâmes que quelques mots, mais nous n'avions pas besoin de parler. Les garçons devant nous se disputaient, et semblaient à deux doigts d'en venir aux mains. Au moment crucial de la recette (il fallait transférer la moitié du liquide dans un autre chaudron, en calculant le volume exact), il me laissa faire tout en veillant à ne pas me gêner. Il alluma ensuite le feu sous le premier chaudron, et nous dûmes attendre que le mélange vire au violet.

Devant nous, les garçons étaient désormais couverts d'une substance verdâtre dégoûtante, et se hurlaient dessus. Je croisai le regard de Krum, et nous échangeâmes malgré nous un sourire. A la fin de l'heure, nous laissâmes reposer notre préparation dans le chaudron, pour la reprendre dans quelques semaines. Elle devait reposer afin de prendre une teinte orangée. Nous rangeâmes nos affaires, et au moment de quitter la salle, il me lança :

- A plus tarrrd.

Je n'eus pas le temps de répondre qu'il s'éclipsa en direction de son prochain cours. Arrivée en cours de botanique, je dus essuyer de nombreux regards mauvais d'autres filles. Je pensais qu'elles avaient déjà eu assez de temps pour avoir chacune un autographe du joueur de Quidditch. Si elles étaient assez stupides pour m'en vouloir du retard de Krum en cours de potions, c'est qu'elles ne valaient pas la peine que je leur prête attention. Je ne l'avais pas supplié de se mettre à côté de moi.

Le reste de la journée s'écoula lentement, et je dus supporter plusieurs fois des regards mauvais de filles que je ne connaissais même pas. Susan me semblait plus froide que d'habitude, elle aussi. Lors du dîner, elle me dit la phrase de trop, qui me fit sortir de mes gonds :

- On pourrait voir ça ce week-end. Enfin, si d'autres rendez-vous avec des stars de Quidditch ne sont pas déjà organisés...

Ce n'était pas bien méchant, je le savais, mais son comportement avait vraiment le don de m'énerver.

- Ce n'est quand même pas de ma faute si tu es incapable d'aligner deux mots quand il est près de toi ! Et puis, si ça ne te plaît pas, tu n'as qu'à reprendre les cours de potion, tu arriveras peut-être enfin à attirer son attention !

 Je quittai la salle sans même terminer mon repas, et me dirigeai directement vers la bibliothèque, mon nouveau refuge.

Kayla Everett et le secret de PoufsouffleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant