Chapitre 25 : L'histoire

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Il me regarda, les yeux écarquillés. Il devait me croire sans cœur, avec mon comportement envers lui. Mais ce n'était en réalité qu'une carapace, qui venait de se briser juste devant lui. Il s'assied à côté de moi, gêné. Il devait être ce genre de personnes désarmées face aux larmes. Ce que je comprenais parfaitement.

- Que se passe-t-il ?

- Rien, répondis-je en rangeant ma lettre dans ma poche.

Mais il avait eu le temps de la lire, et, sans savoir pourquoi, je décidai de lui dire la vérité. Ça ne servait à rien de lui cacher, étant donné qu'il avait sans doute déjà deviné.

- Quand j'avais six ans, ma voisine a été retrouvée morte. Quelques jours plus tard, une famille a emménagé, et je suis devenue amie avec le fils. Danny. Nous étions inséparables... Le problème, c'est que quand je suis entrée à Poudlard, je ne le voyais plus. C'est un moldu. On continuait à s'envoyer des lettres, et, quand on a eu quinze ans, on a commencé à sortir ensemble. Nous étions très amoureux. Nous ne nous voyions que pendant les vacances, mais ça nous suffisait. Quand j'ai quitté l'école, je suis partie vivre en France, et il m'a suivie. Il a trouvé un emploi, un appartement, et nous avions des projets. On allait s'installer ensemble quand... Ma grand-mère est morte. Bien sur, il ne voulait pas me bousculer, alors il a attendu. Et puis... Le jour de son enterrement, toute ma famille était là. C'est là qu'il a rencontré ma cousine, Diana. Quand leurs regards se sont croisés, j'ai compris tout de suite, dis-je avec un petit rire. Je n'avais jamais cru au coup de foudre, mais là je venais d'y assister en direct. On dirait une histoire de roman sentimental... J'ai bien vu qu'il essayait de lutter, mais je sentais bien que les choses avaient changé. J'ai fini par le quitter, et il est resté en France. Je suis revenue vivre en Angleterre, quand j'ai appris qu'ils sortaient ensemble. C'était la veille de la rentrée...

C'était la première fois depuis des mois que je parlais autant d'un coup. Tout le long de mon récit, Viktor avait gardé ses yeux rivés sur les miens. Il ne dit rien pendant quelques temps, semblant réfléchir à quoi dire. 

- Donc... C'est pourrr ça que tu as décidé de revenirrr étudier ici ?

- Oui... Je suis partie précipitamment, sans prévenir mes parents. Et je pense qu'ils vont avoir du mal à me le pardonner.

- Ils ont torrrd. Ils ne devrrraient pas t'en vouloir à toi, ce n'est pas ta faute. Ils devrrraient comprendre que t'éloigner était le seul moyen d'aller mieux, de passer à autre chose.

Je le fixai, abasourdie. J'eus soudain l'impression qu'il m'avait mieux comprise que mes parents eux-même, et je lui en fus très reconnaissante. Il me sourit, avant de relever la tête. Ethan se tenait devant nous, le regard vrillé sur Krum. Je me raclai bruyamment la gorge, gênée.

- Hum... Salut Ethan, comment vas-tu ?

- Bien. Je voulais juste te dire que... Nous ferons un entraînement lundi soir. On doit se préparer pour le match, dit-il en haussant légèrement la voix.

- Très bien, merci de m'avoir prévenue.

Il hocha la tête et s'éloigna d'un pas raide. Je le fixai jusqu'à ce qu'il quitte la pièce, en me demandant comment réparer les choses. Un silence gêné s'installa, comme si nous avions quelque chose à nous reprocher.

- Alorrrs... Tu voulais me montrrer quelque chose ?

- Ah, euh... Oui.

Je sortis le carnet sur la table, et il hocha les sourcils. Je l'ouvrai à la première page, et lui expliquai :

- Je l'ai trouvé dans les affaires de ma grand-mère après sa mort. Je ne sais pas pourquoi, mais il m'a tapé dans l'œil. J'ai essayé de le déchiffrer, mais disons que je ne suis pas très calée en runes anciennes.

Il le prit délicatement dans ses mains, comme s'il était fragile, et commença à le feuilleter. Je sortis la feuille que j'avais trouvé lors de ma première -et dernière découverte, et lui expliquai :

- J'ai trouvé ça par hasard, et... J'ai des raisons de penser que ce carnet appartenait à Helga Poufsouffle, l'une des fondatrices de Poudlard.

Il ne dit rien pendant plusieurs minutes, se contentant de feuilleter le carnet. J'attendais le moment où il finirait par me dire qu'il était impossible de le traduire, qu'on ne pouvait rien en tirer, mais il finit par l'ouvrir à la dernière page et fronça les sourcils.

- Je crrrois que tu as rrrraison. Elle a signé son nom en rrrunes à la fin.



Kayla Everett et le secret de PoufsouffleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant