Chapitre 45 : Défaut

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Ma mère ne fit aucune remarque en me voyant dans les bras de Viktor. Le médecin arriva quelques minutes plus tard pour nous annoncer que mon père était définitivement tiré d'affaire. Il ne garderait aucune séquelle de l'accident -ce qui relevait du miracle selon lui- mais aurait besoin de beaucoup de repos avant de reprendre le travail. 

Un sourire sincère éclaira le visage de Viktor et mon cœur se serra. Comment pouvait-on s'en prendre à un être aussi profondément gentil ? Si Karkaroff s'était trouvé devant moi à ce moment précis, je l'aurais tué de mes mains. Ma mère m'entraîna de force dans la chambre de mon père, qui était bien conscient, en disant qu'il fallait absolument qu'il me voie. Avaient-ils parlé de moi cette nuit ? Il était visiblement ravi de me voir, mais son état me fit peur. Il était d'une pâleur cadavérique et semblait avoir beaucoup de mal à garder les yeux ouverts. Il me prit la main, un sourire aux lèvres. Il était vraiment heureux de me savoir ici. Il semblait avoir oublié mon départ précipité, et semblait ne pas m'en vouloir.

Le médecin réapparut peu de temps après en nous disant que nous devions le laisser se reposer. Viktor nous attendait dans le couloir. C'est alors que je remarquai que le Soleil s'était levé. Et je n'avais pas prévenu mes amies de ma longue absence. Quand elles verraient que je n'étais pas en cours et Viktor non plus, qui sait ce qu'elles allaient tirer comme conclusion... Allaient-elles m'en vouloir ? Je m'en voulus de leur avoir caché, mais en même temps, je n'aurais pas supporté leurs remarques, surtout maintenant que j'avais compris mes sentiments à l'égard de Viktor. Ma mère soupira, visiblement soulagée.

- Tu devrais rentrer, ma chérie. Je ne voudrais pas que tu rates les cours, finit-elle par me dire.

- Ne t'inquiètes pas, ce n'est pas en ratant une journée que je vais rater mon année.

- Je suis très heureuse que tu sois là, mais je m'en voudrais de te faire rester. Surtout que tu as déjà raté une bonne partie de ton week-end...

- Ne t'inquiète pas, je n'ai rien raté, au contraire, ajoutai-je en évitant de regarder Viktor. Et depuis le temps qu'on ne s'est pas vues...

Elle me serra dans ses bras, mais je savais que je ne la ferai pas changer d'avis. J'étais aussi têtue qu'elle, je savais donc que c'était peine perdue.

- Nous allons d'abord devoir faire un détour au mariage, dis-je à Viktor. Nos bagages sont restés là-bas.

- Non, Her-Mion-Neuh s'en est occupée, tout est à l'école.

J'espérais trouver une excuse pour rester un peu plus, mais il ne l'avait pas compris. Mais j'étais tout de même surprise qu'il ait pensé à ça. Ce type avait-il un seul défaut ?

- Je t'enverrai des lettres pour te tenir au courant, c'est promis. Tu viendras passer les prochaine vacances à la maison ?

- Oui, avec plaisir.

Elle me serra encore une fois dans ses bras -je crois qu'elle l'avait fait plus souvent en une journée que depuis ma naissance- avant de me murmurer à l'oreille :

- Ne le repousse pas. Il est trop parfait pour que tu le laisses t'échapper.

Elle se détacha ensuite en me laissant sous le choc et sans me donner le temps de répondre pour se tourner vers Viktor :

- Merci d'avoir accompagné Kayla. Prenez bien soin d'elle, d'accord ?

- Maman...

- Ne vous en faites pas, je ne la lâcherrrai pas, répondit-il avec un clin d'œil, ce qui fit rire ma mère.

A ma grande surprise, elle le prit également dans ses bras. Je crus entendre ma mère lui chuchoter quelque chose, et j'espérais que ce n'était pas un truc trop gênant. Je finis par sortir à contre-cœur. Je n'avais pas réalisé jusque là à quel point mes parents m'avaient manqué. Nous marchâmes plusieurs minutes dans les rues, sans dire un mot, et je me dis qu'il aurait été bien agréable de rester un peu plus longtemps ici pour en profiter. Une fois à l'abri des regards, nous transplanâmes pour atterrir directement à Pré-au-lard.

- J'ai demandé à Her-mio-neûh de prrrévenirr Mcgonagall de notrrre retarrd.

- Tu as vraiment tout prévu.

Il me sourit timidement mais ne répondit rien. Il était étrange d'être retour ici, en voyant à quel point les choses avaient pu changer depuis que nous étions partis. Mes parents m'avaient pardonné, et j'avais enfin pris conscience de mes sentiments pour Viktor. Mais je ne savais pas encore à quel point tout cela allait changer ma vie.

Kayla Everett et le secret de PoufsouffleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant