Chapitre 47 : Le secret

394 37 4
                                    

Je dépliai la deuxième feuille, touchée par son message. Je n'avais pas été très sympa avec elle au mariage, je me promis alors de lui envoyer une boîte de chocolats pour la remercier. Mes mains tremblaient d'excitation.

Cher journal,

J'ai annoncé la nouvelle à Salazar ce matin, et je ne m'attendais pas à sa réaction. Il est entré dans une colère froide. Il n'a jamais voulu avoir d'enfant, et surtout pas avec sa maîtresse. La construction de Poudlard n'est pas encore achevée, et je ne sais pas si j'arriverai à faire comme si de rien n'était. Il s'isole de plus en plus, et il lui arrive même parfois de disparaître dans les couloirs pendant des heures. Les autres se demandent ce qui ne va pas, mais bien sur, je n'ose pas leur dire. Je ne me vois pas élever cet enfant toute seule... Je vais donc devoir mentir à Henry, mais je ne suis pas sure d'en avoir la force. Comment garder un tel secret jusqu'à la fin de mes jours ? Il y a encore quelques semaines, j'aurais dit qu'il en vaut la peine, mais aujourd'hui je n'en suis plus aussi sure. J'ai toujours su que Salazar était un homme cruel et froid -Godric ne pourra que le confirmer-, mais c'est aussi cela qui m'a fait tomber amoureuse de lui. Mon besoin de liberté s'est heurté à sa recherche de pouvoir, et je regrette tout cela aujourd'hui.

J'ai longuement réfléchi, et je n'ai pas beaucoup de solutions. J'aime Henry, moins que ne le pourrai, mais je m'imagine aisément passer le reste de ma vie avec lui. Je dois penser avant tout au bonheur de mon futur enfant, et si je dois sacrrifier mon amour pour Salazar pour y parvenir, je n'hésiterai pas. J'ai toujours su qu'il ne pourrait jamais me permettre de vivre une belle vie. Il a toujours été clair là-dessus, et j'ai eu tord d'y croire tout de même. Alors nous allons aller au bout de notre projet. Nous allons construire cette école, et y insuffler des valeurs que les élèves respecteront. Nous allons créer un endroit qui sera une deuxième maison pour eux, et qui leur apprendra tout ce qu'il faut pour devenir des sorciers accomplis. Et une fois que ce sera fait, nos chemins se sépareront et j'oublierai toute cette histoire. J'oublierai jusqu'à l'existence de Salazar, et je me consacrerai entièrement à ma famille.

Je dus la relire trois fois de suite pour prendre conscience de ce qui venait de se passer. Venais-je de découvrir le plus grand secret d'Helga Poufsouffle ? Je comprenais à présent pourquoi ce passage n'était pas écrit de la même façon que le reste. Et je fus surprise que Hermione soit parvenue à tout traduire. Cette révélation incroyable changeait totalement ma vision de fondatrice de ma maison. Je l'avais toujours vu comme quelqu'un de très droit, et je m'étais bien trompée sur elle.

- Qu'est-ce qu'il y a ? Tu as vu un fantôme ? Demanda Mary.

- Non... Je... Regardez ça.

Les filles lisèrent la lettre et eurent la même réaction choquée que moi.

- Tu es sure que cette fille n'a pas tout inventé ? Demanda Susan

- Oui, j'en suis certaine. Viktor lui fait confiance, alors moi aussi.

- Tu crois qu'on devrait en parler ?

- Oui, on pourrait en parler à Chourave, proposa Célia.

- Je ne sais pas trop, soupirai-je. Je ne suis pas sure que ma grand-mère aurait voulu que tout le monde sache ce qu'il y a dans ce carnet.

- Ca risque de changer des vies. En détruire, même. Peut-être que ta grand-mère l'avait compris, et c'est pour ça qu'elle a caché ce carnet. Elle était à Poufsouffle elle aussi ?

- Non, à Gryffondor.

Nous passâmes la soirée à essayer de se mettre d'accord, mais ce fut sans succès. Au moins cela éloigna leur animosité à mon égard. Nous finîmes par aller dormir, et ma dernière pensée fut que j'étais impatiente d'être le lendemain pour en parler à Viktor. Je ne le vis pas au petit-déjeuner, mais nous avions cours de potion ensemble. C'était le dernier jour consacré au felix felicis, et la note finale comptait pour la moitié de la note des ASPICS. Ma mère m'avait envoyé un hibou pour me donner des nouvelles de mon père. Il était presque totalement rétabli, et reprendrait le travail dans quelques jours. Elle me remercia d'être venue, et me demande -pas très subtilement- des nouvelles de Viktor.

Lorsque j'arrivai dans la salle surchauffée, son grand sourire m'accueillit, et je sentis mon cœur se serrer. Il m'avait vraiment manqué, la veille. Je me dis soudain que j'aurais vraiment regretté de ne pas avoir assisté à ce fichu mariage.

Le cours de déroula dans un silence gêné. Je ne pouvais m'empêcher de lui jeter des regards, ce qu'il me surpris plusieurs fois à faire, avec un sourire. Je faisais en sorte de ne pas l'effleurer par accident, mais ce fut difficile. A la fin de l'heure, le professeur passa dans les rangs avec un carnet, et un silence pesant s'abattit parmi les élèves. Il avait déjà noté cinq groupes avant de s'arrêter près de nous, et seulement deux d'entre eux avaient obtenu une note correcte. Il mélangea la potion, testa sa consistance, et alla même jusqu'à la renifler. Surpris, il nous dévisagea longuement avec un léger sourire avant de déclarer :

- Je crois bien n'avoir jamais vu une potion aussi parfaite. Vous méritez largement un Optimal. Toutes mes félicitations !

Il se mit à applaudir, lentement imité par le reste de la classe. Je me tournai vers Viktor qui avait un sourire aussi rayonnant que le mien. A la fin du cours, je me dépêchai pour le rattraper avant notre prochain cours. Mais à ma grande surprise, il m'avait attendu. Je dus me retenir pour ne pas me jeter à son cou.

- Merrrci. Je ne pense que j'aurrrais pu avoir une si bonne note sans toi.

- Non, c'était un travail d'équipe, dis-je en lui donnant un léger coup de coude. Au faite, Hermione a réussi à traduire la page de mon carnet.

Je lui tendis la lettre qui ne me quittait plus. Il la lu très vite, et eu la même réaction que moi.

- Ouah, c'est... Incrrroyable. Mais en même temps, je me doutais bien qu'il s'agissait de quelque chose comme ça. Sa façon de parrrler de son mari... On sentait bien qu'elle ne l'aimait pas vraiment. Que comptes-tu faire maintenant ?

- Je ne sais pas trop... J'avais pensé à en parler au Professeur Chourave.

Il me regarda d'un air hésitant.

- Tu ne crrrois pas que l'on devrait en parrrler aux descendant de Poufsouffle d'abord ? Ils voudraient peut-êtrrrre être au courant.



Kayla Everett et le secret de PoufsouffleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant