Chapitre 76 : Un choix

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Il était totalement éreinté. Ces derniers jours, la situation avait été plus tendue que jamais. Les journaux étaient désormais certains que quelque chose se préparait, et il fallait donc redoubler de vigilance dans chacun de leurs déplacements. Adeline semblait enfin avoir lâché l'affaire avec lui, mais il savait qu'elle ne perdrait pas l'occasion de retenter sa chance à nouveau.

Lorsqu'il avait vu Aleksandre deux jours plus tôt, il l'avait trouvé très préoccupé. Il était convaincu d'être surveillé par le Ministère, ce qui empêcherait Igor de sortir de sa cachette.
Depuis qu'il travaillait pour eux, il ne l'avait vu que deux fois. La première, il l'avait félicité d'avoir fait le bon choix. Il n'avait pas été facile de le convaincre de sa bonne foi, au départ, mais il avait finit par réussir à gagner sa confiance. La deuxième fois, c'était en Angleterre, quelques mois plus tôt. Il avait prévu que ce serait le jour où il vengerait enfin son père. Mais au moment où il s'apprêtait à lui jeter un sort fatal, Karkaroff lui avait annoncé qu'il n'était pas responsable de la mort de son père. Et il avait eu les preuves suffisantes pour le convaincre. Avec le temps, il avait clairement vu qu'il s'était trompé : le seul but de Karkaroff était de rendre le monde meilleur. Il avait les mêmes idéaux que Grindelwald, mais il n'usait pas de la violence pour l'obtenir. Viktor avait alors songé à rentrer chez lui, mais plus rien de l'attendait, en dehors de sa mère. Qui ne voyait en lui guère plus qu'un étranger, désormais.

Il avait donc décidé de rester et de servir la cause. Mais il ne s'était pas attendu à ce que ce soit avec sa célébrité qu'il y parviendrait.

Lorsqu'il rentra dans l'appartement exigu, Jamie lui avait annoncé qu'il avait envoyé Ruby réceptionner un colis que Karkaroff souhaitait leur faire parvenir. Il n'avait pas osé se risquer à passer par Aleksandre, pour le cas où il était vraiment surveillé. D'après lui, cet objet risquait bel et bien de changer les choses. Et leur permettrait de gagner, dans tous les cas. Alors quand il avait su que Jamie avait envoyé cette fille, en qui il n'avait pas du tout confiance, il s'était mis en colère. Comment cet imbécile pouvait-il tout faire reposer sur les épaules d'une fille qu'ils connaissaient à peine ? Cette fille avait un contrôle étrange sur lui, et cela énervait Viktor de constater qu'il était le seul à s'en rendre compte. Lorsqu'il en avait parlé à Andy, ce dernier s'était moqué de lui en lui demandant si il était jaloux. Ce qui n'avait rien à voir. Cette fille ne l'intéressait pas le moins du monde. Malgré les étranges émotions contradictoires qu'ils ressentait en sa présence.

Se fiant donc à son instinct, il avait profité de son absence, et de l'inquiétude des autres, pour se glisser discrètement dans sa chambre. Il s'était dit qu'en fouillant dans ses affaires, il aurait peut-être l'occasion de découvrir ce qu'elle cachait. Parce qu'il était convaincu qu'elle avait des choses à cacher. Il avait donc vidé son sac, sans trouver d'objets personnels. Seulement des vêtements. Aucune photo, aucun souvenir. Étrange. Puis en tâtant une des pochettes latérales, il avait senti une forme sous sa main. Ce qu'il en avait alors sorti l'avait laissé bouche bée. Il s'était retrouvé soudainement des mois en arrière, au bord du lac.

Comment pouvait-elle être en possession de ce pendentif ? Alors qu'il s'imaginait utiliser des techniques pour la faire parler, elle entra dans la pièce. Il songea à ne rien dire, mais se dit plutôt qu'il valait mieux la confronter directement. Il avait besoin d'explications.

- Qu'est-ce que tu fais dans ma chambre ? s'écria-t-elle, la voix vibrante de colère.

- Où est-ce que tu as eu ça ?

Elle ne prit même pas un air surpris, mais plutôt résigné.

- C'est un cadeau.

- Un cadeau ?!

Elle recula soudainement, un peu effrayée par sa colère subite. Elle semblait ne pas comprendre où était le problème, ce qui le mettait encore plus en colère.

- Tu n'es qu'une sale menteuse. Où as-tu eu ce collier ?

- Je viens de te le dire. On me l'a offert. Mais ça ne te regarde pas. Maintenant, sors de ma chambre.

Elle s'approcha de lui, voulant le forcer à lâcher le collier, mais il tint bon. Son expression de colère lui semblait familière.

- Est-ce que tu lui as fait du mal ? Où est-elle ?

Il avait posé ces questions sans élever la voix, ce qui sembla la surprendre. Elle soutint son regard, avec un air lucide sur le visage, mais ne répondit pas. Il l'attrapa par le poignet, et elle tenta de se dégager.

- Nous savons tous les deux à qui il appartient. Maintenant, dis moi la vérité.

Elle tira d'un coup sec sur son poignet, et, à bout de patience, il brandit sa baguette vers elle. Elle écarquilla les yeux, puis poussa un soupir, résignée. Elle se recula légèrement vers sa commode, où, il s'en rendit compte trop tard, se trouvait sa baguette. Mais au lieu de la diriger vers lui, elle la dirigea vers elle-même.

- Revelio.

C'est alors que sous ses yeux, abasourdi, apparut un visage qu'il ne pensait jamais revoir.

- Qu'est-ce que...

Elle garda sa baguette à la main, guettant sa réaction. Il s'approcha d'elle, n'en croyant pas ses yeux. Elle recula, toujours effrayée par sa colère.

- C'est impossible...

- Ne t'inquiète pas. Je ne suis pas ici pour toi, Viktor.

- Que fais tu ici ? Et comment je peux être sur que c'est toi ?

- Tu me l'a offert juste après le match de Quidditch. La couleur t'a fait penser à Poufsouffle. Tu m'ai aidée à décrypter son carnet. Quant à la raison de ma présence ici... Je travaille pour Potter.

Le voyant complètement perdu, elle soupira :

- Tu t'es vraiment dit que toutes ces disparitions et ces meurtres allaient restés impunis ? Ne t'inquiète pas, je ne suis pas là pour empêcher ta vengeance.

- Je ne suis pas là pour ça. Karkaroff n'a rien à voir avec la mort de mon père. Ni avec ces meurtres dont tu parles.

Elle partit soudain d'un grand éclat de rire.

- Tu as eu le droit à un petit lavage de cerveau, toi aussi ? Formidable. Ça ne fait rien. Je ne suis pas là pour te sauver, il est visiblement trop tard pour ça. Mais juste une chose : ne te mets pas en travers de mon chemin.

Elle dirigea de nouveau sa baguette sur son visage en marmonnant des formules, et celui-ci repris sa précédente forme. Elle le regarda, l'invitant à sortir de sa chambre. Il restait pourtant bêtement à la regarder. Elle avait tellement changé... Il n'avait fait qu'apercevoir cette force qu'il l'animait, mais maintenant il en avait pleinement conscience. Il n'arrivait pas à croire qu'elle était vraiment là, juste sous ses yeux. 

- Je... Tu dois me croire. Ils ne sont pas responsables. Tu l'as bien vu par toi-même : ils ne feraient jamais de mal à qui que ce soit.

- Si c'était vraiment le cas, ils ne se baladeraient pas avec un retourneur de temps. Maintenant tu as un choix qui s'offre à toi : ou tu me dénonces maintenant, et tu auras la preuve qu'ils ne sont pas les personnes formidables qu'ils font semblant d'être, ou tu me laisses tranquille jusqu'à ce que je termine ce pourquoi je suis ici. Et après ça, je disparaîtrai une bonne fois pour toutes.



Kayla Everett et le secret de PoufsouffleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant