Chapitre 78 : Préserver

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Je retournai dans ma chambre, fouillai dans les poches de mon manteau, puis celles du jean que je portai la veille. Sans succès. J'avais perdu mon Gallion. Je ne m'en séparais jamais, même pour dormir. Je n'avais plus aucun moyen de prévenir Gary de ce qui se préparait. Nous n'avions pas prévu que mon arrivée dans le groupe m'empêcherait d'avoir un contact avec l'extérieur. Et ce n'était pas la seule lacune du plan monté par Potter. J'étais convaincue qu'il m'avait menti sur les risques à propos de ma sécurité. Gary était sensé intervenir si il n'avait pas de nouvelles de moi au bout de douze heures. Et ça faisait presque vingt-quatre.

 Afin d'éviter tout risque, il était prévu que nous agissions dans quelques heures. Dans quelques heures, tout serait peut-être enfin terminé, dans un sens ou dans l'autre. Mais si je n'avais aucun moyen de l'empêcher, il faudrait que je trouve un autre moyen.

Je n'avais aucun moyen de sortir sans attirer les soupçons. Après la bombe qu'avait lancé la sangsue, les autres n'avaient pas eu de réaction. Ce qui me confortait donc dans mes soupçons : après avoir trouvé les mots pour convaincre de nouvelles recrues, il les entraînaient si bien qu'ils finissaient par ne plus distinguer le mal du bien. Ce qui expliquait sans doute toutes ces disparitions : il s'agissait probablement de personnes qui avaient tenté de se mettre en travers de leur chemin. J'avais passé suffisamment de temps avec eux pour être tout de même surprise par l'absence de réaction des autres. Comment Jamie, qui s'inquiétait continuellement pour moi, qui pouvait se montrer si bienveillant, pouvait-il accepter de commettre un acte aussi ignoble ? Je cherchai dans ses gestes une preuve qu'il ressentait du remord ou de la peur, mais son regard déterminé, tourné vers un plan du Ministère, ne laissait rien transparaître. Tout le monde était étrangement calme, concentré sur ce que nous avions à faire. 

Mon rôle était déjà établi, j'aiderais Andy à faire disparaître trois agents du Ministère, pour que Jamie, Viktor et Tamlin prennent leur identité pour s'introduire dans le Ministère. Andy et Malyen se feraient passer pour étrangers en visite au pays, pendant que Adeline et moi serions de garde à l'entrée, afin de s'assurer que personne ne nous découvre. Si les garçons ne revenaient pas à temps, nous avions pour ordre de partir et de les laisser derrière nous. Il ne fallait laisser aucune trace.

J'avais bien compris que c'était une façon de m'éloigner du centre de l'action, et de me faire comprendre que je ne faisais pas encore complètement partie de ce groupe. Mais je n'allais pas rester plantée à l'entrée en espérant que le plan ne fonctionne pas. Il fallait que je trouve un moyen d'agir. Et d'empêcher la mort de centaines de personnes.

N'ayant rien de mieux à faire, je rangeai mes affaires dans mon sac. Quoi qu'il arriverait, nous ne reviendrons jamais ici. Je fermai la fermeture de mon sac quand Viktor entra dans la chambre.

- Tu ne devrais pas y aller. C'est bien trop risqué.

- Alors maintenant, tu te préoccupes de ma sécurité ? Laisse-moi rire...

- Tu sais très bien que je m'en suis toujours préoccupé.

Je soupirai. Quoi que je puisse lui dire, il arriverait toujours à retourner la situation à son avantage.

- Tu ne pourras pas empêcher ça, et tu le sais.

- J'essaierai, au moins !

Je repris, moins fort pour éviter que les autres nous entendent :

- Je n'arrive même pas à comprendre comment tu peux accepter de participer à une horreur pareille. Le Viktor que j'ai connu aurait tout fait pour empêcher ça.

- Le Viktor que tu as connu est mort depuis longtemps, répliqua-t-il d'un ton sec.

- C'est bon à savoir, répliquai-je en m'emparant de mon sac pour quitter la pièce.

Kayla Everett et le secret de PoufsouffleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant