Chapitre 32 : L'article

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De nombreuses têtes s'étaient tournées vers lui, et il fit semblant de ne pas les voir. Je me détournai, ma faim soudainement coupée. Ethan avait suivit notre échange silencieux, et regarda en direction de la table des Serpentard d'un air sombre. Il ne décrocha plus un mot du repas, et je ne le rompis pas. Moi qui commençait enfin à arrêter de penser à lui... Les battements de mon cœur s'étaient accélérés, et je tentai de les ignorer. 

Célia essaya de relancer la conversation, mais l'enthousiasme feint de Susan ne dupa personne. Nous finîmes par quitter la salle, et je sentis son regard dans mon dos. Qu'il aille se faire voir. Arrivée dans notre dortoir, Susan me lança un sourire triste, et je compris qu'elle me soutiendrait, quoiqu'il arrive. Je lui rendis, me sentant un peu mieux. Nous avions encore potion le lendemain, et je ne savais pas comment j'allais réussir à affronter ça. Puis je me dis que je n'avais pas à me mettre dans des états pareils juste pour lui. Il ne le méritait pas.

Ma nuit fut agitée, des rêves tous plus étranges et stupides les uns que les autres. A mon réveil, j'étais encore plus fatiguée que la veille. Le double cours de sortilèges passa à une vitesse alarmante, et je me retrouvai très vite dans la salle de potion, respirant des vapeurs colorées. Krum arriva peu de temps après le prof, et je l'ignorai totalement. Il ne tenta pas de m'adresser la parole, et ça m'allait très bien. Par chance, nous n'étions pas obligés de travailler en groupe aujourd'hui, mais j'avais repris ma place habituelle avant de le savoir. Je me forçai donc à respirer et me calmer, tachant de rester concentrée sur mon travail. Mais très vite, ma potion vira au rouge foncé, alors qu'elle devait prendre une teinte verte. Je commençais à avoir très chaud, et l'odeur s'échappant de mon chaudron était infecte. Pour la première fois de ma vie, j'étais entrain de rater une potion.

Je relis plusieurs fois les instructions écrites au tableau, et me rendis compte que j'avais oublié de mettre ma queue de rat pendant la deuxième étape. Je m'emparai de mon couteau pour la couper, quand Krum se tourna soudainement vers moi. Sans faire attention, ma main se crispa sur ma lame, m'entaillant la paume de la main. Une violente douleur en résultat, et je laissai échapper un gémissement en lâchant mon couteau qui tomba au sol.

- Est-ce que ça va ? me demanda Krum en s'approchant de moi.

- Ne me touche pas ! M'écriai-je.

J'avais dû parler plus fort que je ne le pensais, car de nombreux regards s'étaient tournés vers nous. Tremblante de rage, je vidai mon chaudron d'un coup de baguette, fourrai mes affaires dans mon sac et quittai le cours. Mme Pomfresh eu beaucoup de mal à refermer la plaie, très profonde, et me promis que la cicatrice disparaîtrait d'ici quelques jours. Voyant qu'il ne restait que quelques minutes de cours, je décidai de me rendre directement dans la Grande Salle, où les filles me rejoignirent quelques minutes plus tard.

- Ton cours est déjà fini ? Comment ça s'est passé ? Demanda Mary.

- Pas génial. Je me suis coupé la main et j'ai fini à l'infirmerie, répondis-je d'un ton maussade.

J'avais hâte que cette journée pourrie se termine. Célia haussa les épaules, tandis que Mary ne me quittait pas du regard. Il m'arrivait souvent de me demander si elle n'était pas une légilimens parfois...

Ethan se joignit à nous, de bonne humeur. Il passait de plus en plus de temps avec nous, et je voyais que Célia le regardait souvent. Les cours se terminaient à quinze heures, et nous décidâmes toutes les quatre d'aller faire nos devoirs pour le week-end à la bibliothèque. Krum s'y trouvait déjà, et je réussis sans mal à convaincre les autres de nous mettre le plus loin possible de lui. Le lendemain était consacré à une nouvelle sortie à Pré—au-lard, et j'étais impatiente de quitter le château, même pour quelques heures. La neige avait fondu depuis longtemps, et ça me manquait un peu. Nous n'avions jamais l'occasion d'en avoir, en France.

Le samedi, l'ambiance était joyeuse. Le déjeuner dans la Grande Salle avait des airs de banquet de fin d'année. Les beaux jours étaient enfin de retour, et tout le monde en était ravi. La dernière fois que je m'étais rendue à la volière, je m'étais demandé si Athéna ne s'ennuyait pas un peu. J'avais donc eu l'idée de m'abonner à la Gazette du Sorcier, ce qui lui donnerait un peu de travail, et me permettrait de garder un lien avec l'extérieur. L'abonnement n'était pas très cher, et j'avais beaucoup d'argent de côté grâce à l'héritage de ma grand-mère. Lorsque je vis le beau plumage d'Athena, je m'emparai du journal et commençai à le feuilleter. Il n'y avait rien de très intéressant, la Une était consacrée au mariage imminent de Harry Potter et Ginny Weasley.

C'est au moment de refermer le journal qu'un article attira mon attention.

ANELIA KRUM, LA MERE DU CELEBRE JOUEUR DE QUIDDITCH, PORTEE DISPARUE

Mon cœur rata un battement. Sa disparition remontait à quelques jours après le début des vacances de Noël. D'après l'article, sa voisine aurait donné l'alerte après être restée plusieurs jours sans signe de vie. Viktor a été interviewé, mais a refusé de faire le moindre commentaire. Plusieurs étaient abonnés à la gazette, et de nombreux regards s'étaient tournés vers lui. Pour la première fois depuis longtemps, son regard croisa le mien. Mais pour la première fois, je n'y vis aucune gentillesse.



Kayla Everett et le secret de PoufsouffleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant