Chapitre 38 : La lueur

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Alors que j'entamais mon deuxième verre, l'amie de Viktor et son compagnon firent leur apparition. Cette dernière avait les joues roses, et elle s'empressa de retirer une de ses chaussures. Voyant que je me trouvais à côté d'elle, son sourire s'atténua un peu. Ron partit chercher un verre, et nous laissa toutes les deux. Ce n'était peut-être pas le meilleur moment, mais c'était peut-être le seul que j'aurais. Avec un peu de chance, je n'aurais pas à rester le dimanche.

- Viktor m'a dit que tu te débrouillais bien en runes anciennes.

- Ah, c'est bien de toi dont il m'a parlé.

Viktor lui avait parlé de moi ?! Ah non, de mon carnet... Je le sortis de ma petite pochette et lui tendis à la page correspondante. Elle le scruta et ne dis rien pendant plusieurs minutes. Elle fronça les sourcils, avant de déclarer :

- Oui, je vois. Je crois qu'elle a utilisé un genre de runes qui n'est plus utilisé depuis des siècles. Ce n'était sans doute déjà plus parlé à son époque. Ça ne devrait pas être trop difficile de le déchiffrer. Je vais voir ce que je peux faire. Je peux te le rendre plus tard ?

- Oh, oui, bien sur. Ce serait super. Merci beaucoup.

Elle me rendit mon sourire, et prit une profonde inspiration avant de déclarer :

- Viktor et moi, c'est du passé. On est sortis ensemble, c'est vrai, mais c'était il y a longtemps. Et puis, je suis avec Ron, maintenant.

- Je euh... D'accord... Mais pourquoi me dis-tu ça ?

- J'ai bien vu ton regard, tout à l'heure. Je ne l'avais pas vu depuis des années, mais c'est tout. Il n'y a rien de plus. Je n'ai pas l'intention de m'immiscer entre vous, loin de là.

Je me raclai nerveusement la gorge, et hochai la tête. Était-ce si évident ? Tous ces détails auxquels je ne voulais pas penser étaient-ils si voyants ? C'est le moment que Ron choisit pour revenir avec trois verres, ce qui me coupa dans mon flot de pensées, ce qui n'était pas plus mal. Il m'en offrit un, et je le remerciai. La tête commençait à me tourner un peu, et je me dis qu'il était peut-être temps de me calmer un peu sur la boisson. Et où était Viktor, bon sang ? N'étais-je pas censée être sa cavalière ? Je balayai la piste de danse du regard mais sans succès. C'est en me tournant vers Ron et Hermione  que je le vis.

Il était sur la piste de danse, et la fille blonde que j'avais vu tout à l'heure se trouvait dans ses bras. Elle rejeta ses cheveux en arrière avec un grand rire, et je compris que c'était une vélane. Et je compris en même temps que je n'avais plus rien à faire ici. Ce fut comme si je sentais littéralement mon cœur se briser. Viktor n'était vraiment pas celui que je croyais. Pourquoi avais-je accepté de l'accompagner ? J'étais stupide, il avait clairement exprimé l'idée que c'était uniquement pour mon carnet et rien d'autre. Et moi j'avais été assez idiote pour penser qu'il y avait plus. Je reposai brusquement mon verre, et repartis vers la maison en ignorant les protestations de Ron et Hermione. Il me fallut plusieurs minutes pour y arriver, la foule étant très compacte. Je me rendis dans ma tente, m'emparai de ma valise, et commençai à remettre toutes mes affaires dedans. Mon cœur battait à tout rompre et la tête me tournait. 

Je finis par sortir de la tente et tirai tant bien que mal ma valise sur l'herbe. Je transplanerai une fois que j'aurai franchi le portail, loin des regards. Une fois arrivée derrière la maison, j'entendis quelqu'un m'appeler, mais je l'ignorais. Je continuai à marcher d'un pas rapide, voulant mettre le plus de distance possible entre Viktor et moi. J'étais vraiment trop faible, trop stupide. Il suffisait qu'un garçon me prête attention pour que je me mette à éprouver des sentiments pour lui. C'était ridicule. Après avoir perdu Danny, je m'étais promis de ne plus me laisser avoir de cette façon. Et je venais de recommencer.

J'entendis ses pas se rapprocher, et je pressai le mien. Il ne me restait qu'un mètre avant de franchir le portail, mais il fut soudainement juste devant moi.

- Tu t'en vas ?

- Ça se voit pas ?

J'entrepris de tirer de nouveau ma valise pour le contourner, mais celle-ci venait de se bloquer dans l'herbe. Je commençai à m'énerver dessus, et songeai à transplaner directement, mais Krum m'agrippa le bras. Je me dégageai d'un coup sec.

- Tu as accepté de m'accompagner jusqu'à la fin du mariage.

Son accent commençait à disparaître sur certains mots. Je secouai la tête, me sentant stupide d'avoir pensé à ça à ce moment là.

- Je ne peux pas. C'est au-dessus de mes forces.

- Mais pourrrquoi ?

- Je ne suis pas venue ici pour te voir te pavaner avec tes exs pendant tout le week-end ! J'ai accepté uniquement pour être avec toi, mais tu ne l'as visiblement pas compris. C'est de ma faute. Je n'aurais pas dû accepter de venir.

Des larmes de fureur commencèrent à couler sur mes joues, et je les essuyai d'un geste rageur. Pas question de montrer mes faiblesses à ce type.

- Je suis désolé. (Il s'avança et posa une main sur mon épaule, que je n'eus pas la force de repousser). J'étais entrrrain de te chercher quand Fleurrr est arrivée. Elle a participé au tournoi avec moi, et on peut difficilement lui dire non...

- Laisse moi partir, s'il te plaît.

Un voile de tristesse passa dans son regard, vite remplacé par... De la colère ?

- S'il te plaît... Rrrreste. Je... Croyais que nous étions amis ?

- Et moi je croyais sottement que nous pourrions être plus que ça.

Mince ! Je n'arrivais pas à croire que j'ai pu dire ça tout haut... Je compris à son regard troublé que l'idée ne l'avait même effleuré. Mes larmes redoublèrent, et Viktor s'approcha de moi, l'air de vouloir me prendre dans ses bras. Mais soudainement, une lueur apparut au loin, se transformant en une forme lumineuse, et se planta juste devant moi. Par réflexe, Viktor se plaça devant moi, comme s'il voulait me protéger. La lumière se transforma alors en loup, un patronus, qui prit la voix d'une personne que je connaissais bien.




Kayla Everett et le secret de PoufsouffleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant