Chapitre 52 : Hepzibah Smith

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Exténuée et au bord de la crise de nerfs, je vidai de nouveau mon sac pour la troisième fois. Je ne partais qu'une journée, mais mon sac était rempli pour tenir trois jours... J'avais l'impression d'oublier quelque chose, mais je ne savais pas quoi... Je scrutai mon lit du regard -qui était dans un bazar monstre- et trouvai enfin ce que je cherchais : mon carnet. Si je l'oubliais, ce voyage ne servirait à rien.

Nous étions en vacances depuis la veille. Nous planifiions notre week-end avec Viktor depuis des jours. Cet après-midi, nous irions à Londres pour rencontrer Hepzibah Smith, la grande-tante de Susan, et descendante directe de Poufsouffle. Susan avait fini par accepter de nous donner son adresse, même si elle n'approuvait toujours pas. Je lui avais pardonné le vol de mon carnet, mais nos relations restaient tendues, et notre amitié certainement terminée. Elle refusait de comprendre mes motivations, et moi son comportement.

Ce soir, Viktor voulait que je rencontre sa mère, ce qui me stressait énormément. Mais ça comptait pour lui, alors j'avais décidé de prendre sur moi. C'était la preuve que notre relation comptait pour lui, non ? Même si ça faisait déjà quelques semaines, les sensations que je ressentais en sa présence étaient toujours aussi fortes. Mary me fit un signe de la main lorsque je quittais le dortoir – Susan et Célia étaient rentrées chez elle. Viktor m'attendait déjà, et le voyant aussi crispé, je lui sautai au cou, ce qui le fit rire. Il déposa un baiser sur mon front et me pris par la main. Nous nous rendîmes à pied à Pré-au-lard, avant de transplaner dans une ruelle de Londres. A cette heure matinale, elle était déjà bondée, ce qui nous permit de passer inaperçus. Nous nous arrêtâmes à une terrasse de café, pour profiter des premiers rayons du Soleil.

Assise ici, à la vue des passants, en plein cœur de Londres, je n'eus aucun mal à imaginer à quoi pourrait ressembler ma vie dans quelques années. Je m'imaginai vivre ici, dans un petit appartement pas trop loin de la Tamise, avec Viktor. Je rendrais visite à mes parents tous les week-ends, et la mère de Viktor nous inviterait à dîner chaque semaine. La menace de Karkaroff ne planerait plus au-dessus de nos têtes, et Viktor serait de nouveau un grand joueur de Quidditch. Ça nous pousserait à voyager souvent, ce qui serait parfait pour découvrir de nouveaux matériaux pour créer des baguettes magiques...

Ce rêve était à portée de main, après tout. Il me fallait juste être un peu patiente. Nous finîmes par nous remettre en route. Suivre les indications de Susan fut assez facile, et nous nous retrouvâmes devant une maison sombre, bordée de grands arbres. Je respirai un grand coup, pris la main de Viktor pour me donner du courage, et frappai à la porte. Au bout d'une bonne minute interminable, une dame âgée entrouvrit la porte. Ses cheveux blancs étaient serrés en un chignon étroit, et ses yeux gris me scrutèrent comme si elle voulait me transpercer. Elle jetta un vague coup d'œil à Viktor avant de demander d'une voix rauque dépourvue de toute sympathie :

- Qui êtes-vous ? Que me voulez-vous ?

- Bonjour, Mrs Smith. Je suis navrée de vous déranger, je suis une amie de Susan. J'aurais aimé...

- Ah, c'est vous. Oui, elle m'a parlé de vous. Qu'est-ce que vous voulez ?

- Je... J'ai appris que vous êtes une descendante de Poufsouffle et... J'aimerais discuter avec vous d'une découverte que nous avons faite à son sujet.

Elle jeta de nouveau un coup d'œil vers Viktor, poussa un soupir, puis consentit à ouvrir la porte pour nous laisser entrer. Elle nous précéda dans un petit salon faiblement éclairé par la petite fenêtre qui donnait sur le jardin. Une odeur de pain grillé flottait dans la maison, et donnait un aspect chaleureux au salon faiblement décoré. Le papier peint datait certainement des années 80, et les meubles du siècle précédent. La vieille dame nous invita à nous asseoir sur un vieux canapé miteux, mais qui se révéla confortable. Il était très étrange de se tenir ici. Je n'avais pratiquement pas quitté Poudlard depuis septembre. Je me raclai la gorge, soudainement mal à l'aise. Le silence pesant ne me motivait pas vraiment à prendre la parole. Je sortis mon carnet de mon sac et décidai de rentrer dans le vif du sujet.

- Alors, voilà... A la mort de ma grand-mère, j'ai découvert ce carnet dans mes affaires. Nous avons toutes les raisons de penser qu'il s'agissait de celui de Helga Poufsouffle, votre ancêtre. Il est écrit en runes, et nous avons réussi à le traduire presque en totalité...

Elle s'empara du carnet que je lui tendais, et le scruta avec un air indéchiffrable sur le visage. Après de longues minutes de silence, elle releva la tête.

- Nous avons découvert que...

J'étais incapable de le dire... Viktor perçut mon hésitation et me serra la main, avant de prendre la parole.

- Nous avons fait une découverrrte qui risque de vous choquer. Il semblerait que la fille de Helga soit en réalité la fille de Salazarrr Serpentard. Ils avaient une liaison tous les deux.

La vieille dame resta impassible, et vrilla son regard sur Viktor.

- Vous ne m'avez pas dit qui vous êtes, lui dit-elle d'un ton glacial.

- Toutes mes excuses. Je m'appelle Viktor Krum. Je suis...

- Une célébrité. Oui, je sais.

Elle poussa un profond soupir et s'adossa au canapé, le regard perdu dans le vague. Viktor me regarda, un air énigmatique sur le visage. La trouvait-elle aussi déagréable que moi ?

- Que voulez-vous que je fasse de tout ça ? Ça s'est passé il y a des siècles. Ça ne va pas changer la face du monde.

- Attendez... Ça change tout. Tout ce que l'on vous a toujours dit... Ce n'était rien de plus qu'un mensonge !

- Et qu'est-ce que cela doit changer dans ma vie ? Mon ancêtre a commis une erreur. Et ?

- Ce n'était pas une simple erreur ! C'était...

- Laisse, murmura Viktor. On ferait mieux d'y aller.

Il me traîna presque jusqu'à la sortie, avant de récupérer mon carnet des mains de la vieille dame, qui semblait enfin surprise.

- Merci pour votre accueil, lui dit-il d'un ton froid que je ne lui connaissais pas.

Alors que nous nous retrouvions de nouveau dans la rue, un horrible constat s'imposa à moi : tout ce temps à déchiffrer ce carnet n'avait servi à rien.




Kayla Everett et le secret de PoufsouffleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant