Chapitre 40 : Promesse

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- Je suis sincèrement navré. Il a lutté jusqu'au bout, mais il était trop... Fort. Le sortilège l'a atteint de plein fouet, il ne l'a pas vu venir.

- Est-ce qu'il a souffert ? Dites-nous la vérité.

- Ils... Ils l'ont torturé, avant ça. Nous pensons qu'ils cherchaient des informations....

- Ne dites pas n'importe quoi ! s'exclama Viktor d'une voix forte dans sa langue natale.

Il se tourna vers sa mère, secouée de sanglots. Puis regarda l'homme aux cheveux grisonnants.

- Nous savons tous ici ce qui s'est passé. Combien de temps allez-vous continuer à faire comme si de rien n'était ? Combien de personnes doivent encore mourir avant que vous ne réagissiez ?

- Viktor, s'il te plaît...

Il se tourna vers sa mère et se força à se calmer. Ce n'était pas le bon moment pour laisser éclater sa colère. Même si il se rendait compte qu'il aurait du le faire plus tôt... Il passa un bras autour des épaules de sa mère et la serra contre lui. Il ne voulait pas se laisser aller au chagrin. Il devait être fort pour eux deux.

- Je vais vous laisser un moment.

L'homme s'éclipsa, gêné, ce qu'il ne devrait pas être. Ce n'était pas la première fois qu'il devait faire face au chagrin d'une famille. Mais les Krum, c'était une autre histoire. Il les connaissait depuis longtemps, et il n'aurait jamais pu imaginer qu'un tel malheur puisse les frapper.

Viktor décida de laisser sa mère seule. Il n'avait pas le courage de fixer le visage froid de son père, en se disant qu'il ne sourirait plus jamais. Qu'il ne lui dirait plus jamais à quel point il était fier de lui. Qu'il ne le serrerait plus jamais dans ses bras. Il prit l'ascenseur, qui l'emmena au dernier étage. Il se rendit dans le petit salon d'attente et s'assied à une table. Et là, loin de sa mère, loin du regard des autres, il laissa sortir tout son chagrin. Il ne sut pas combien de temps il resta là, mais quand il repris ses esprits, la nuit était déjà tombée. Il se releva, s'essuya les yeux, et se promit que ce serait la dernière fois qu'il se laisserait aller. Il trouva sa mère à l'accueil, inquiète de l'avoir vu disparaître pendant autant de temps. Ils rentrèrent dans leur appartement -Viktor était revenu habité chez elle quelques jours plus tôt- qui paraissait désormais bien vide sans le rire de son père. Deux agents du ministère les suivirent et restèrent plantés devant la porte.

Alors qu'il s'apprêtait à aller s'enfermer dans sa chambre, sa mère le retint :

- Je pense que nous devrions parler de ce que nous allons faire maintenant.

Il aurait tout donné pour ne pas avoir cette conversation maintenant, mais elle ne pleurait plus, et elle semblait plus lucide que ces dernières heures. Il soupira et s'installa en face d'elle sur la vieille table en bois.

- Maman... Je n'ai pas changé d'avis.

- Je n'ai plus que toi, tu comprends ? Je ne peux pas te perdre aussi...

- On en a déjà parlé hier : Je n'ai pas l'intention de te laisser seule maintenant !

- Il ne s'agit pas de me laisser seule... Il s'agit de te sauver la vie. C'est toi qu'ils veulent, et ils n'auront de cesse de nous faire du mal tant que ce ne sera pas fait.

- Et bien sur, tu ne te doutes pas une seconde qu'ils te feront du mal à toi aussi, si je pars ?

Elle se recula sur sa chaise, et prit un air coupable qui fit peur à Viktor.

- J'en ai parlé avec Henry... Il pense que je pourrais faire une demande de mise en sécurité auprès du ministère, en attendant que les choses se tassent...

- Que les choses se tassent ?! En attendant qu'ils te tuent, toi aussi, tu veux dire !

- Viktor...

- Il n'est pas question que je quitte le pays sans toi. Alors si tu veux que je parte, je veux que tu viennes avec moi.

- Tu sais que je ne peux pas. Ma vie est ici, tu le sais. C'est ici que j'ai... Connu ton père. Ici que j'ai grandi.

Cette fois-ci, Viktor ne parvint pas à réprimer sa colère.

- Nous ne pouvons plus nous permettre de penser comme ça maintenant et tu le sais ! Moi aussi je n'ai plus que toi, qu'est-ce que tu crois ?!

Sa mère se remit à pleurer, ce qui ne fit qu'accentuer sa colère. Mais cette fois pas contre elle,  contre lui. Ayant peur de la blesser d'avantage, il s'enferma dans sa chambre en claquant la porte. La vérité, c'était qu'il ne voulait pas fuir, pas comme ça. Et il savait que quitter la pays l'empêcherait de faire ce qu'il voulait vraiment. Il s'allongea, se forçant à ravaler ses larmes. Il revit encore le visage froid et pâle de son père, et se fit une promesse. Quoi qu'il lui en coûterait, il se vengerait.

Kayla Everett et le secret de PoufsouffleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant