Chapitre 20 : Explications

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Par chance, le cours de potion n'était pas consacré au Felix Felicis, qui avait besoin de reposer pendant plusieurs semaines. J'en avais donc profité pour m'installer le plus loin possible de ma table habituelle. Le cours était consacré à la préparation d'une potion de rétrécissement, que je parvins à faire sans trop de mal. Le niveau de la classe me semblait plutôt médiocre. Il était vrai que j'avais toujours eu des prédispositions pour cette matière, ce qui aidait sans doute. A la  fin de l'heure, je fis exprès de prendre mon temps pour ranger mes affaires. Je comptais jusqu'à cinquante après le départ de Krum avant de quitter la salle à mon tour. En sortant, Josh me percuta d'un grand coup dans l'épaule, ce qui renversa mon sac dans le couloir.

Ce crétin n'était pas assez en forme pour disputer un match, mais il l'était assez pour jouer les imbéciles. Décidément, les Serpentard étaient tous les même, et ne changeraient jamais. Tandis que je me penchai pour ramasser mes livres éparpillés sur le sol, deux mains me tendirent mon chaudron, tombé lui aussi de mon sac. Je le pris sans un mot, fourrai le tout dans mon sac et m'éloignai d'un pas pressé vers mon cours de métamorphose.

- Attends, s'il te plaît.

- Laisse-moi tranquille, Krum. Je n'ai plus rien à te dire.

Il me rattrapa et se planta juste devant moi, me bloquant le passage.

- Pousse toi.

- Non. Il faut d'aborrrd que je te parrrle.

- Ne m'obliges pas à te jeter un sort, répliquai-je en sortant ma baguette.

Il haussa un sourcil en souriant, guère effrayé par mes menaces.

- Je ne comprends pas ce que je t'ai fait de mal.

Je tentai de le repousser, ma baguette toujours dans la main, mais il m'en empêcha. Je finis par soupirer, résignée, et lui asséna en tentant de contrôler ma colère :

- Tu te moques de moi ou quoi ? Tu avais gagné ! Pourquoi m'avoir laissé ce fichu vif d'or ?

- Donc, si je comprrrends bien... Tu m'en veux d'avoirrr perdu ?

- Non, je t'en veux d'avoir triché. Tu as toujours réussi cette feinte à la perfection, c'est même ta marque de fabrique. Et là, face à un malheureux Nimbus 2000, ton éclair de feu ne serait pas assez rapide ? Non mais sérieusement...

Il croisa les bras, semblant réfléchir à ce qu'il comptait me dire. Il était inutile qu'il se donne cette peine, je me fichais éperdument de ses excuses. Je voulais surtout ne pas arriver en retard à mon prochain cours.

- Laisse tomber. De toute façon, tes excuses ne m'intéressent pas.

Je le contournai, mais il me rattrapa par le bras. Je me dégageai d'un geste brusque, et faillis le gifler. Ce qu'il aurait bien mérité.

- C'est vrrrai, je l'ai fait exprrrès. Je... Je voulais que tu gagnes. Et je voulais perrrdre.

Je ne m'attendais pas à des aveux aussi rapidement.

- Pourquoi ? Il ne s'agissait pas de toi, mais de ton équipe, et...

- Le capitaine est... Il laissait tous ses espoirrrs de victoire reposer surrr moi. Je n'ai pas accepté de jouer pourrr ça. Et... Je n'ai pas vrrraiment réfléchi. Quand je t'ai vu arriver, je me suis dit que je ne voulais pas les voirrr gagner. Je voulais qu'ils voient tous que je ne suis plus le champion qu'il crrroient. Que je ne suis pas seulement... Ça.

Je n'en croyais pas mes oreilles ! Je croisai les bras et le fusillai du regard. Je n'aurais jamais dû le laisser s'expliquer, ça ne pouvait que faire empirer les choses. Pourtant, je décernai une pointe de regret dans sa confession, qui n'avait aucun rapport avec cette histoire. Je me demandai soudain ce qui l'avait poussé à arrêter de jouer au Quidditch. Mais plutôt que de le questionner sur le sujet, je laissai ma colère l'emporter :

- Tu t'es servi de moi ?! Tu t'es servi de moi pour que les gens arrêtent de te prendre pour une star, que tu n'es visiblement plus ?! Est-ce que tu te rends compte des conséquences ? Est-ce que tu as réfléchi au fait que des membres de mon équipe se soient retrouvés à l'infirmerie parce que les Serpentard sont mauvais perdants ?

Il s'apprêta à répliquer, mais je l'en empêchai :

- Ne t'approches plus de moi. Je ne veux plus rien à voir à faire avec toi. Tu me dégoûtes.

J'aurais tout aussi bien pu le gifler qu'il aurait eu la même expression. Il hocha la tête et détourna le regard. Je le contournai, et cette fois, il ne me retint pas. Mon cœur battait la chamade, et je savais que c'était à cause de ce que je venais de lui dire. Pendant un instant, j'avais pensé qu'il pouvait être un ami. Mais je m'étais trompée. Et étrangement, ça me faisait beaucoup de mal.

Je me forçai à penser à autre chose, et me rendis en direction de mon cours de métamorphose. Arrivée au cinquième étage, les escaliers se mirent à bouger. C'était la première fois que ça m'arrivait, et ce n'était vraiment pas le moment. J'étais déjà très en retard pour mon prochain cours. L'escalier s'arrêta enfin, et au moment où je posai le pied sur la prochaine marche, je sentis une intense douleur dans ma jambe droite. Je compris, quand celle-ci se bloqua, que l'on venait de me jeter un sort. Sans pouvoir contrôler mes mouvements, mes jambes s'effondrèrent sous moi, tandis que je dévalai les escaliers.



Kayla Everett et le secret de PoufsouffleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant