Chapitre 18 : La feinte

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Je n'eus pas besoin de chercher Krum très longtemps. Il était entrain de quitter la Grande Salle lorsque je le croisai. Je me ruai sur lui, l'attrapai par le bras et le traînai dans le couloir. Il ne parut pas surpris, comme s'il savait à quoi s'attendre.

- Je sais ce que tu vas me dirrre... Mais ils n'avaient personne d'autrrre.

Il avait pris un ton presque suppliant, ce qui le rendais d'autant plus insupportable.

- Tu te moques de moi ?! Tu sais très bien que si tu joues à ce match, nous sommes fichus !

- Ce n'est pas moi qui peux garrrantirrr la victoirrre, tu sais...

- Mais c'est de la triche ! Josh n'est même pas blessé ! Tu ne peux quand même pas accepter ça...

J'avais parlé un peu trop fort, et de nombreux visages s'étaient tournés vers nous.

- Slughorrrn me l'a demandé. Et de toute façon, comme je te l'ai dit, ce n'est pas ma simple prrrrésence qui va les fairrre gagner.

- Oh, je t'en prie. Tu n'as pas été élu meilleur joueur du monde pour rien !

Cette fois-ci, il paraissait vraiment énervé. Comme si il avait de quoi...

- C'était avant. Les choses ont changé, dit-il d'un air sombre avant de me planter là.

Furieuse, je remontai à mon dortoir, où les filles m'attendaient déjà. Je n'avais plus aucun espoir de le faire changer d'avis, et nous allions être ridiculisés devant l'école toute entière. Le lendemain, je me levai très tôt. Je n'avais presque pas dormi de la nuit, trop préoccupée par le match qui s'annonçait être un véritable fiasco. Je me forçai à prendre un petit déjeuner, et Ethan me rejoignis.

- J'ai parlé à Chourave. Elle m'a dit avoir essayé de convaincre Slughorn de changer d'avis, mais il a refusé.

Je soupirai, en jetant un regard à la table des Serpentard, où plusieurs d'entre eux nous regardaient en ricanant, dont Josh, qui paraissait en parfaite santé. Je sortis de la Grande Salle, et sortis me balader dans le parc. J'essayais de me détendre, mais le stress ne cessait de monter. Nous allions nous ridiculiser devant toute l'école... Je finis par retourner dans mon dortoir pour me changer. Les filles m'y attendaient, et semblaient anxieuses, ce qui me toucha. Je les embrassai et elles me souhaitèrent bonne chance avant de rejoindre les autres sur le terrain de Quidditch. Dans les vestiaires ,Ethan semblait au bord des larmes. Incapable de parler, il restait dans un coin et fixait le sol. Je me levai alors et me plaçai face à mon équipe, rougissante et ne sachant pas trop où j'avais trouvé le courage de la faire :

- Nous nous sommes battus pour en arriver là aujourd'hui. Nous avons fait des séances d'entrainement de nuit, sous la pluie, le froid, la fatigue. Nous pouvons être surs que ce n'est pas le cas de nos adversaires. Ils se reposent sur leur star, si bien que les autres ne sont pas assez entraînés. Il se peut que nous perdions, mais si ça doit arriver, nous pourrons quitter le terrain la tête haute. Nous ne pourrons pas en dire autant d'eux.

Un silence de mort s'était abattu, et j'eus soudain l'impression d'être une parfaite idiote. Mais il fut rompu par les applaudissements et les cris de mon équipe. Ethan me serra dans ses bras, et souhaita bonne chance à tout le monde, tandis que nous nous préparions à nous envoler. Les cris et les applaudissement des élèves des gradins étaient assourdissants. Mais dès lors que mes pieds avaient quitté le sol, tout mon stress s'était envolé. Lorsque Krum fit son apparition, les cris redoublèrent, et je ne pus m'empêcher de lever les yeux au ciel. Et moi qui commençais à l'apprécier. Enfin, les balles furent lancées, et je partis directement à la recherche du Vif d'or. Je n'avais aucune chance de le trouver avant Krum -qui était sur son fidèle éclair de feu- mais je me devais d'essayer tout de même.


Ethan parvint à arrêter deux buts avant que les Poufsouffles marquent les premiers points. Les Serpentard ne tardèrent pas à égaliser, puis à nous dépasser. Je commençais sérieusement à paniquer, mais je continuais à décrire des cercles tout autour du terrain, sans succès. Je cherchai Krum, et le trouvai non loin des buts adverses, lui aussi à la recherche de la balle dorée. Les Poufsouffle marquèrent à nouveau, et Ethan bloqua un nouveau but. Alors que les Serpentard approchaient de nouveau des buts d'Ethan, un Cognard le heurta de plein fouet, et ils'écroula au sol, inconscient. Le match fut interrompu quelques minutes, le temps qu'il soit évacué. Nous n'avions plus de gardien, et les Serpentard s'en donnèrent à cœur joie. Un Cognard me rasa de près, mais je parvins à l'éviter. Les Serpentard menaient désormais de cent points, et il était grand temps que je trouve le Vif d'or.

Alors que je commençai à désespérer, je vis Krum arriver à toute allure vers ma droite. Je me retournai, et vis de loin le reflet d'ailes dorées. Mon vieux Nimbus 2000 n'avait aucune chance face à un éclair de feu, mais je fonçai tout de même. Juste avant de me percuter, Krum plongea en piqué. La Feinte de Wronski était sa figure préférée, tout le monde le savait. Et tout le monde savait qu'il n'échouait jamais. Je plongeai à mon tour, et me retrouvai juste derrière lui. Il aurait été top que Batteur envoie un Cognard dans sa direction à ce moment précis... Étrangement, je me retrouvai à côté de lui. Avait-il ralenti à mon approche ? Nous étions au coude à coude, et le sol continuait de se rapprocher dangereusement... Mais ce que Krum ignorait, c'est que je n'avais pas peur de m'écraser au sol. Contrairement à lui. Environ un mètre avant de le percuter, Krum remonta, et je crus qu'il avait attraper la balle. Je m'apprêtai à remonter moi aussi, quand je vis de nouveau un reflet doré... Je tendis la main, et attrapai la balle, avant de remonter juste à temps pour ne pas percuter le sol. Je levai le poing, et un tonnerre de cris et d'applaudissements retentirent dans le stade. Les élèves pénétrèrent sur le terrain, tandis que je me posais. Je fus encerclée par la foule, et tout le monde semblait vouloir m'approcher. Après de longues minutes, je parvins à m'écarter, tandis que les Serpentard, dépités, retournaient à leurs vestiaires.

La foule était déchaînée, mais je parvins à croiser le regard de Krum, qui me sourit. Je ne lui rendis pas. J'étais si furieuse que mes mains tremblaient. Krum ne ratait jamais cette feinte, tout le monde le savait. Il avait donc triché pour que je gagne. Je passais devant lui en le bousculant, et entrai dans le vestiaire tandis que les cris de joie continuaient de retentir sur le terrain.




Kayla Everett et le secret de PoufsouffleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant